L’empire Adani a perdu plus de 100 milliards de dollars
Le conglomérat du magnat indien Gautam Adani a perdu plus de 100 milliards de dollars en valeur depuis les accusations de fraude comptable portées la semaine dernière et le cours de plusieurs de ses titres ont encore dévissé jeudi.
Le titre d’Adani Enterprises, fleuron du conglomérat, a terminé la séance jeudi en recul de -26,50%, à 1.564,70 roupies (19,12 USD). Mercredi, le titre de Adani Enterprises avait fini les échanges sur une chute de 28,45% à 2.128,70 roupies (26 dollars).
Selon l’agence Bloomberg, ce plongeon serait lié à une information selon laquelle le groupe bancaire Credit Suisse avait cessé d’accepter les obligations du conglomérat Adani comme garantie collatérale pour les prêts sur marge accordés à ses clients de la banque privée. Interrogé par l’AFP, Credit Suisse n’a pas souhaité faire de commentaires. Depuis d’autres groupes bancaires comme Citigroup aux États-Unis ont fait de même, toujours selon Bloomberg.
Adani Total Gas dont le géant français TotalEnergies détient 37,4%, a quant à lui encore lâché 10% à 1711,50 roupies à la clôture. La déroute de ses titres fait suite aux accusations de fraude comptable portées par la société d’investissements américaine Hindenburg Research la semaine dernière. Selon l’agence Bloomberg, cette affaire a fait perdre 104 milliards de dollars de la valeur des entreprises cotées du conglomérat, et la fortune personnelle d’Adani a fondu de plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Au 16e rang du classement Forbes
M. Adani a en conséquence perdu son titre d’homme le plus riche d’Asie et se place à présent au 16e rang du classement des grandes fortunes mondiales établi par Forbes en temps réel.
Le groupe a annulé mercredi soir son offre publique de suivi (FPO) de 2,5 milliards de dollars d’actions d’Adani Enterprises qui avait été sursouscrite la veille, le magnat en difficulté ayant considéré qu’il ne serait pas “moralement correct” de poursuivre l’opération. Cette vente était censée contribuer à en élargissant sa base réduire les niveaux d’endettement préoccupants de l’entreprise et à restaurer la confiance d’actionnaires.
M. Adani a insisté en personne dans une vidéo diffusée jeudi sur le fait que les “fondamentaux de notre entreprise sont très solides, notre bilan est sain et nos actifs robustes”. “Une fois que le marché se sera stabilisé, nous réexaminerons notre stratégie sur le marché des capitaux”, a-t-il déclaré, soulignant que son bilan en matière de remboursement de la dette était “impeccable”. Le conseil d’administration du groupe avait auparavant expliqué dans un communiqué avoir “décidé, dans l’intérêt des souscripteurs, de ne pas procéder” au FPO, annonçant que les souscripteurs seraient remboursés.
Le conglomérat de M. Adani subit durement les accusations d’Hindenburg Research faisant état d’une “manipulation éhontée des actions et d’un système de fraude comptable sur plusieurs décennies”. Le conglomérat y avait réagi dimanche en se disant victime d’une attaque “malveillante” visant à salir sa réputation. “Ce n’est pas seulement une attaque injustifiée contre une entreprise spécifique, mais une attaque calculée contre l’Inde, l’indépendance, l’intégrité et la qualité des institutions indiennes, ainsi que l’histoire de la croissance et l’ambition de l’Inde”, a-t-il répliqué dans une longue déclaration qui semble ne pas avoir convaincu les investisseurs.
“Céder les joyaux de la couronne”
M. Adani, 60 ans, a vu son empire se développer à vitesse grand V, le cours d’Adani Enterprises s’étant envolé de plus de 1.000% ces cinq dernières années. Le magnat a fait fortune dans les ports et le commerce des matières premières. Il dirige aujourd’hui le troisième plus grand conglomérat de l’Inde avec des intérêts allant de l’exploitation du charbon et des huiles comestibles, aux aéroports et aux médias.
La Banque centrale indienne a demandé aux prêteurs des détails sur leur exposition au groupe Adani, a rapporté Bloomberg. “Reste à savoir maintenant s’ils seront obligés de céder les joyaux de la couronne à des investisseurs stratégiques. Je pense que c’est ce que Adani va devoir faire en fin de compte”, a déclaré à l’AFP Tim Buckley, un analyste australien spécialiste du marché de l’énergie indien.
Le Parlement a dû être ajourné jeudi matin après des éclats répétés de députés exigeant du gouvernement un débat sur Adani et le niveau d’exposition des banques du secteur public et des institutions financières.
Le marché boursier indien est resté stable depuis la débâcle Adani et le ministre indien de la Technologie, Ashwini Vaishnaw, a affirmé sur Bloomberg TV qu’il ne craignait pas d’effet systémique. “L’Inde possède un très large éventail de sociétés”, a-t-il déclaré, “quel que soit le soubresaut sur le marché boursier, il ne va pas affecter l’ensemble de l’économie, j’en suis tout à fait certain”.
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