Le spectre de Caterpillar et le mirage Thunder Power planent sur l’avenir d’Audi Brussels

Trop grand, trop peu rentable, le site de Gosselies n'avait plus beaucoup d'atouts pour les dirigeants américains. © FRÉDÉRIC SIERAKOWSKI/ISOPIX

Alors que l’avenir du site d’Audi Brussels reste en suspens, la comparaison avec l’échec de la reprise du site de Caterpillar à Charleroi par Thunder Power ressurgit. Les promesses de milliers d’emplois et de projets ambitieux, portés par des acteurs peu expérimentés, ont laissé place à la désillusion. Le défi pour Audi Brussels est désormais de trouver un repreneur solide, capable de concrétiser les promesses industrielles, sans suivre le funeste destin du site carolo.  

Bien qu’une visite ait été organisée et que plusieurs rumeurs circulaient concernant la reprise d’Audi Brussels par Nio, le constructeur chinois a démenti son intérêt pour le site. C’est un nouveau revers pour l’usine qui emploie près 2900 travailleurs, alors que les offres des acheteurs potentiels doivent être soumises cette semaine.  

Cette situation en rappelle tristement une autre, celle du site de Caterpillar à Charleroi. En 2016, l’annonce de la fermeture avait fait l’effet d’une bombe dans la région. Elle avait entrainé la perte de 2.200 emplois et laissé un site industriel en friches. Là aussi, les candidats repreneurs se sont fait connaître, certains plus sérieux que d’autres. Parmi eux, l’entreprise chinoise Thunder Power avait été présentée comme le sauveur. Elle promettait de transformer une partie des installations de Caterpillar en usine d’assemblage d’automobiles électriques, en occupant 50 des 93 hectares du site. 

Le mirage Thunder Power 

Le monde politique wallon avait à l’époque salué l’annonce prometteuse de créer à court terme 350 emplois (équivalents temps plein) pour lancer la production d’une petite voiture, la Chloé, d’ici la fin 2020, avec la sortie de 10.000 puis 30.000 véhicules par an. L’entreprise aurait ainsi pu ensuite générer jusqu’à 4000 emplois. De quoi faire oublier les pertes d’emploi de Caterpillar.

Mais, dès l’annonce, un brouillard épais a entouré le constructeur que la Région wallonne était prête à financer à hauteur de 50 millions d’euros, via la Sogepa, sur les 175 millions d’euros que nécessitait la production de la Chloé. Des doutes avaient rapidement émergé concernant la solidité de Thunder Power, une jeune entreprise sans expérience. Elle n’avait, en effet, jamais produit aucune voiture électrique, dans un secteur ultra-concurrentiel dominé par des marques automobiles comme BYD, SAIC, Geely ou Chery.

De plus, la clause fiscale douteuse de l’accord, prévoyant l’ouverture d’un compte aux îles Vierges britanniques, un paradis fiscal où le taux d’imposition s’élève à 0 % avait soulevé des critiques, bien que les promesses d’emplois aient fini par les étouffer. 

Malgré les grandes promesses et ambitions, le projet sur le site carolo n’a jamais vu le jour. Les retards se sont multipliés, jusqu’à ce que le projet soit officiellement abandonné en 2020, en partie à cause de la pandémie de Covid-19. Depuis, le site de Caterpillar reste vide et la société Thunder Power a disparu, ne laissant aucune trace.  

Pierre-Yves Jeholet, ministre wallon de l’Economie, Shen Wei, président de Thunder Power Holdings, et Paul Magnette, bourgmestre de Charleroi, lors de la présentation du prototype du véhicule électrique Chloé qui devait être produit à Gosselies. © belga image

Le nouvel espoir Legoland  

Eté 2022. Un nouvel espoir de réhabilitation du site industriel de Caterpillar ressurgit avec l’annonce de la construction d’un nouveau parc d’attractions Legoland. Le gouvernement wallon signe une déclaration d’intention non contraignante avec le propriétaire du parc, Merlin Entertainments.

Le parc devait ouvrir d’ici 2027 et créer plus de 1 000 nouveaux emplois. Il visait à attirer entre 1,5 et 2 millions de visiteurs par an, générant un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros. La construction représentait un investissement d’environ 400 millions d’euros. Mais là aussi, le projet était trop beau pour être vrai, les ambitions avaient été douchées. A peine sept mois plus tard, Merlin est revenu sur sa déclaration d’intention: il n’y aura pas de Legoland à Charleroi.  

Ces différents scénarios illustrent bien les dangers des espoirs industriels mal fondés, alors que le site d’Audi Brussels attend toujours un repreneur capable de tenir ses promesses afin de ne pas suivre le même funeste destin de Caterpillar.

Audi Brussels, un fort potentiel immobilier  

Si Audi Brussels venait à fermer, le site de l’usine à Forest présenterait un fort potentiel immobilier, expliquait dernièrement à Trends Tendances Sophie Lambrighs, CEO de la société de promotion immobilière Eaglestone, ce site pourrait accueillir diverses fonctions urbaines comme des espaces verts, des équipements publics (crèches, écoles, etc.) et des activités économiques génératrices d’emplois, plutôt que de trop se concentrer sur le résidentiel. En effet, l’ajout de logements pourrait créer des tensions avec les activités industrielles locales. 

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