Le futur radieux de l’aérospatiale en Belgique

Stéphane Burton, CEO d’Orizio
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

L’aviation, la défense et le spatial, c’est le futur pour l’économie belge, soutient Stéphane Burton, CEO d’Orizio, à la veille du Salon du Bourget. Surtout si la Belgique participe à l’avion de combat du futur SCAF…

Peut-on encore développer une activité industrielle aéronautique au départ de la Belgique ? Stéphane Burton, le CEO d’un des groupes les plus importants dans le secteur dans le pays, Orizio, né de la fusion de Sabena Aerospace et de Sabca, a voulu répondre à cette question. « Le secteur représente près de 2% du PIB, avec 9 milliards d’euros de ventes, occupe plus de 60.000 personnes dans le pays». Il a le vent en poupe notamment, car l’activité de Défense est devenue plus attractive. La guerre en Ukraine a relancé la demande pour les investissements de défense. « C’est un secteur qui propose des emplois très correctement rémunérés, avec des formations sur le long terme. »

Les propos sont tenus juste avant le Salon du Bourget, qui se tiendra du 19 au 25 juin, où Orizio et ses confrères belges seront présents.

L’espoir du SCAF pour relancer le secteur

La Belgique pourrait entrer dans le programme SCAF (Système de combat aérien du futur) d’avions de défense du futur, c’est du moins le souhait de la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder. Et l’espoir du secteur.  Il sera au coeur du salon du Bourget. Le SCAF réunit la France, l’Espagne et l’Allemagne, et les partenaires industriels Dassault et Airbus, et porte sur l’après F35/Rafale.

« Le contrat d’achats des avions F16 a eu un impact énorme sur le secteur pendant plusieurs de dizaines d’années » relève Stéphane Burton. « Dans notre groupe, il nous a permis de développer des technologies qui sont aujourd’hui utilisées dans le spatial et l’aéronautique civile. Des entreprises comme la Sonaca ou Safran Aero Booster ont connu un développement impulsé par le F16. » La Belgique avait commandé des F16 en 1976, en commun avec le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège.

Un impact comparable au F16

Si la Belgique participe au programme SCAF, « il pourrait avoir un impact aussi important pour le tissu économique que le F16 en son temps. »

Ces perspectives sont plutôt positives après des années bien difficiles. Le groupe Orizio est à la fois actif dans la fabrication de pièces d’avions civils et militaires, de fusées – les actuateurs des fusées Ariane-, et dans la maintenance d’avions civils et militaires. Et aussi dans le recyclage d’avions en fin de vie. Orizio a commencé à expérimenter cette activité qu’elle va lancer sur le site de l’aéroport de Gosselies.

Le retour des revenus de la maintenance

Il a souffert de la chute du trafic aérien pendant la période de confinement. « Nos revenus de maintenance reviennent à des niveaux d’avant covid » dit Stéphane Burton. Ils suivent la reprise du trafic aérien commercial. Le regain d’intérêt pour le militaire ouvre de nouvelles perspectives d’activité. « L’état d’esprit a changé, en Belgique on ne comprenait plus très bien le rôle de la défense. » Cela explique le grand retard pris pour l’achat de nouveaux avions pour remplacer les F16, ce qui a réduit les retombées économiques. Stéphane Burton espère bien que les choses seront très différentes avec le projet d’avion militaire de 6e génération, le SCAF, si la Belgique y adhère très tôt.  «Le premier projet est un avion-démonstrateur, mais on parle d’un avion qui sortira d’ici environ 20 ans. »

Un financement plus aisé

La Belgique est aussi compétitive pour la participation à des programmes civils, comme Airbus ou Ariane. « On peut être compétitifs par les coûts ou par la différenciation. La Belgique s’inscrit plutôt dans la seconde voie. » L’accès au financement s’est  amélioré. « C’est clair pour nous, le financement est plus aisé dans le cadre d’Orizio, dont le chiffre d’affaires est de plus de 200 millions d’euros, par rapport à ce que j’ai connu à la tête de Sabena Aerospace, quand nous avions 45 millions d’euros de ventes », relève-t-il. Le nouveau groupe mène des activités diversifiées qui peuvent un peu compenser dans les mauvaises années. Depuis que l’industrie de la défense est à la mode, « mon téléphone n’arrête plus de sonner. »

Le rôle du fonds fédéral SFPI, gros actionnaire d’Orizio, est aussi stimulant pour le secteur. L’industrie aérospatiale fait partie de ses axes stratégiques. Le fédéral a ainsi remis le pied dans une stratégie industrielle qui avait été laissée aux Régions.

Le handicap de l’infrastructure

Les soucis qui subsistent concernent l’infrastructure, « là il n’y a pas de politique industrielle » déplore Stéphane Burton. « Si l’on additionne l’impact de l’indexation des salaires et des loyers qui ont augmenté de 50% », c’est dur à avaler. « Alors que dans des pays voisins la situation est très différente. » Orizio utilise 300.000 mètres carrés de bâtiment et loue les deux tiers. « Nous allons davantage devenir propriétaires. »

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