Cinq jeunes étudiants qui ont déjà créé leur business viennent de recevoir un prix de la FEB pour les encourager à envisager un développement à l’international. Leur enthousiasme est grand. Ils cherchent des conseils et des réseaux, et leur ambition est réelle. Leur rêve ? Avoir un impact sur le monde.
C’est un appel du cœur que lance Pieter Timmermans, administrateur délégué de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) : “Nous voulons que la nouvelle génération d’étudiants et d’entrepreneurs sauve notre pays.” Confronté à des défis sans précédent, notre pays doit compter sur les énergies de jeunes porteurs de projets susceptibles de créer de la prospérité, tout en répondant à des besoins concrets.
L’initiative XPlorer, initiée par l’organisation dans le cadre de sa plateforme “Young Talent in Action” (YTiA) précisément pour objectif de braquer les projecteurs sur ceux qui osent prendre des risques. Cette année, cinq projets ont été retenus par un jury de CEO. Les heureux élus, quatre néerlandophones et un francophone, reçoivent des conseils concrets pour faire grandir leur entreprise à l’international et visiteront l’expo universelle d’Osaka en septembre.
“Aujourd’hui, 80% de notre croissance provient des exportations, souligne le patron des patrons. C’est la raison pour laquelle il faut encourager les jeunes à réfléchir à intégrer cela d’emblée dans le développement de leur business.”
Cinq projets très concrets
Les cinq jeunes choisis pour contribuer à “sauver notre pays” ont entre 22 et 23 ans. Ils n’ont pas froid aux yeux et ont déjà minutieusement préparé leur plan d’action. Leur aplomb laisse augurer des lendemains qui chantent, par-delà les aléas, en utilisant les nouvelles technologies pour révolutionner les pratiques.
Étudiant à la KULeuven, Jeroen Gui a fondé JustGuard, une plateforme de cybersécurité en ligne. Grâce à des algorithmes intelligents, celle-ci détecte les URL malveillantes et les tentatives de phishing en temps réel, parfois même avant que les sites web malveillants ne deviennent actifs. Une fois la menace détectée, elle est immédiatement neutralisée. “Cette détection réalisée avec des technologies innovantes nous distingue”, sourit-il.
Avec son entreprise EquTrade, la Gantoise Laure De Schoenmacker entend simplifier la vente de chevaux de saut d’obstacles de haute qualité. “Actuellement, le marché est fragmenté, fermé et fonctionne par le bais de multiples intermédiaires et de commissions élevées, explique-t-elle. Nous révolutionnons ce secteur avec une application exclusive et fermée, qui présente une offre globale afin de mieux toucher les clients.”
Francophone de la bande, originaire de Spa et étudiant à l’UCLouvain, Basile Midrez a cofondé Instructo, une plateforme d’assistance éducative basée sur l’IA générative, conçue par et pour les étudiants. “Il s’agit d’aider les étudiants à réviser de façon optimale, explique-t-il. Les réponses sont davantage appropriées que celles des plateformes généralistes comme ChatGPT. L’objectif consiste également à leur apprendre à mieux utiliser l’IA.” La première utilisation a eu lieu avec quelque 1.500 utilisateurs lors de la cession de juin, précise-t-il. Nous proposerons une deuxième version lors de celle d’août.” Le cap, dans sa tête, est déjà international.
Avec NoLobster, Jade Daems, étudiante à Hasselt, a créé le premier et unique brumisateur de crème solaire. “Cette technologie révolutionnaire permet de vaporiser la crème solaire si finement qu’il n’est même pas nécessaire de l’étaler, souligne-t-elle. Lors de festivals, d’événements sportifs et à la côte, les équipes d’animation se déplacent avec un homard sur le dos et un brumisateur de crème solaire. En quinze secondes, on peut être parfaitement protégé.” Une soixantaine d’événements ont été utilisés comme des laboratoires cet été.
Enfin, Ruben Van Geenberghe a fondé JustSayInnovate afin de développer des solutions pour vélo innovantes et fonctionnelles qui améliorent la sécurité et le confort des jeunes cyclistes. Un de leurs produits phares, le KidReach Adjustable Lever, est un levier de frein réglable conçu spécialement pour les enfants de 5 à 10 ans. “C’est un apport décisif pour la sécurité, raconte-t-il. Nous travaillons surtout avec des BMX et l’attrait est déjà international.”
Une approche déjà internationale
De la Corée du Sud aux États-Unis, ces cinq jeunes ont déjà parcouru le monde, étudié en partie à l’étranger et n’éprouvent aucune difficulté à imaginer leur développement par-delà les frontières. “La cybersécurité est un enjeu forcément international, souligne Jeroen Gui. Nous devrons évidemment tenir compte des réglementations nationales très différentes d’un lieu à un autre, mais des collaborations sont possibles. Ce n’est pas un obstacle.”
“Le marché des chevaux de compétition est clairement global, enchaîne Laure De Schoenmacker. Nous parlons d’opérations qui peuvent valoir plusieurs centaines de milliers d’euros et qui se font à cette échelle, avec des clients venant de Chine ou d’ailleurs. Nous développons des opportunités dans de nombreux pays, récemment encore au Japon. En tant qu’entrepreneur, le plus important consiste à se connecter avec les bonnes personnes qui vous mettront en contact de la façon la plus optimale. Penser global, c’est naturel pour moi.”
“J’ai fait un échange Erasmus en Corée du Sud. Ils utilisent ChatGPT comme nous et ils ont besoin des mêmes codes pour l’éducation, approuve Basile Midrez. Si l’on parvient à créer un outil susceptible d’être reproduit partout, il n’y a pas de raison que notre solution reste cantonnée à l’UCLouvain. Nous voulons rapidement aller en France. Les États-Unis et la Chine, cela viendra dans un deuxième temps.”
“Le soleil brille dans le monde entier, sourit Jade Daems. Ce serait en effet idéal d’aller là où le soleil brille davantage encore qu’en Belgique. L’avantage d’une initiative comme XPlorer, c’est qu’elle peut nous aider à voir où et comment commencer.”
“La Belgique est un pays de vélo. Et nous avons de belles entreprises actives dans le secteur, complète Ruben Van Geenberghe. Mais la dimension internationale est importante. Nous sommes jeunes et ambitieux. Nous manquons en effet de connaissances et de connexions. Mais nous sommes désireux d’élargir notre empreinte et cette initiative de la FEB peut nous y aider.”
Une génération avec des valeurs
Ces cinq lauréats sont-ils uniques en leur genre ? “Les jeunes de notre génération pensent forcément de façon globale grâce à internet, soulignent-ils en chœur. Les interactions peuvent être quasi instantanées d’un pays à l’autre.
L’ambition est bien présente. Mais il subsiste encore trop souvent un doute au moment de franchir le pas parce que cela semble trop compliqué ou trop risqué. Mais en partant d’un projet, les barrières tombent.”
“La Belgique pousse de plus en plus à prendre de telles initiatives, notamment grâce au statut d’étudiant-entrepreneur, enchaîne Basile Midrez. La formation que je suis à l’UCLouvain ou cette récompense permettent de démythifier et nous incitent à nous lancer.”
Lorsqu’on leur demande quel est leur rêve à moyen terme, tous espèrent un business international. Mais leur préoccupation première consiste à avoir un impact concret sur le monde. Une génération sans limites, mais avec des valeurs.
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