L’Allemagne aura assez de gaz cet hiver

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L’Allemagne aura assez de gaz cet hiver. C’est ce qu’a déclaré Klaus Müller, le plus haut responsable de l’opérateur de réseau Bundesnetzagentur, dans une interview accordée au journal Bild am Sonntag.

Klaus Müller, le plus haut responsable de l’opérateur de réseau Bundesnetzagentur (L’Agence fédérale des réseaux), a une bonne nouvelle pour ce début d’année. Il estime en effet dans une interview accordée au journal Bild am Sonntag que la probabilité de fortes fluctuations de prix du gaz au cours des prochains mois va diminuer de jour en jour. Les prix du gaz devraient se stabiliser au cours des deux prochaines années. Au début de l’année dernière, plus de la moitié du gaz allemand provenait encore de Russie. Aujourd’hui, il est proche de zéro.

Les stocks de gaz en Allemagne étaient remplis à 91 % à la fin de la semaine dernière. C’est un niveau exceptionnellement élevé pour cette période de l’année. En hiver, les stocks de gaz sont généralement en baisse car davantage de gaz est consommé quand il fait froid.

Pendant des mois, le haut responsable de l’opérateur de réseau allemand Bundesnetzagentur a mis en garde contre une pénurie de gaz cet hiver. L’été dernier, pendant les jours les plus chauds de juillet et d’août, on a pu lire de nombreux rapports apocalyptiques évoquant un pays privé de gaz cet hiver avec des citoyens frissonnants. Klaus Müller a toujours insisté sur le fait que les Allemands devaient économiser s’ils voulaient éviter une crise énergétique.

Ce week-end, Klaus Müller a abandonné son discours alarmiste. Dans une interview accordée au journal allemand Bild am Sonntag, il a indiqué que les réserves de gaz étaient remplies à 91 %. Même si des jours froids sont encore prévus, ces stocks ne descendront pas en dessous de 50 % avant le printemps. “Je ne pense pas que quelque chose puisse mal tourner cet hiver”, a-t-il déclaré.

Prudence

Müller ne s’attend pas non plus à de fortes fluctuations de prix pour le moment. Le prix du gaz culminait à plus de 340 euros par mégawattheure à la fin de l’été. La semaine dernière, son prix se situait autour de 70 euros, atteignant le niveau de décembre 2021. Müller attribue la baisse des prix aux stocks de gaz bien remplis dans de nombreux pays européens. Cela permet d’éviter la spéculation sur le marché. Müller s’attend à ce que les prix du gaz restent à leur niveau actuel pendant un à deux ans.

Pourtant, le responsable de l’opérateur de réseau allemand reste prudent. Si l’hiver 2023-2024 s’avère rigoureux, l’approvisionnement en gaz pourrait redevenir un problème. En outre, la demande croissante de la Chine pourrait entraîner une hausse des prix. Le sabotage des infrastructures pourrait également les faire grimper. Fin septembre 2022, un pipeline situé dans la mer entre la Russie et l’Allemagne, Nord Stream, a d’ailleurs été saboté.

Klaus Müller continue également à souligner l’importance de l’efficacité énergétique. L’année dernière, les Allemands ont consommé 14 % de gaz de moins qu’en 2021. “C’est une belle réussite. Mais économiser reste le message principal. Par solidarité aussi avec l’industrie à forte intensité énergétique, qui consomme beaucoup de gaz. Si la consommation de gaz augmente à nouveau, cela entraînera une hausse des prix. Et ce sera désastreux pour l’industrie”. De plus, ce qui est économisé aujourd’hui ne doit pas être acheté plus cher à partir de l’été 2023, lorsque les stocks de gaz seront remplis à nouveau.

Ces perspectives optimistes sont évidemment liées au temps relativement doux de ces dernières semaines. Au cours de la dernière semaine de 2022, la consommation de gaz a diminué de 30 % par rapport à la moyenne des quatre dernières années. La température moyenne était également supérieure de près de 4 degrés. Mais même sans cette différence de température, la consommation était encore inférieure d’un cinquième.

Fini le gaz russe

L’Allemagne a mené une course contre la montre au cours des six derniers mois. Au début de l’année dernière, plus de la moitié de son gaz naturel provenait encore de Russie. Aujourd’hui, l’approvisionnement russe est proche de zéro. Depuis la mi-juin, le président russe Vladimir Poutine a fermé le robinet qui permettait au gaz d’arriver en Allemagne via le gazoduc en mer Nord Stream.

Depuis le 23 juin, l’Allemagne a déclenché la deuxième phase d’alerte la plus élevée en matière d’approvisionnement en gaz. Le pays a modifié ses flux de gaz à une vitesse vertigineuse. Aujourd’hui, ceux-ci proviennent principalement de Norvège, de Belgique et des Pays-Bas. Le gouvernement allemand a fait reconstituer ses réserves de gaz pour une valeur de 15 milliards d’euros.

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