La rentrée de tous les dangers: Omicron ou la crainte d’un “mur” de contaminations
Les entreprises débutent l’année dans un grand stress. La reprise est abîmée par la poursuite de la crise sanitaire et l’explosion des coûts. Leurs représentants confient à “Trends-Tendances” leurs angoisses et leurs appels à l’actions. Le variant Omicron.
“Nous allons traverser une période avec énormément d’infections omicron. Sur bien des lieux de travail (et dans les hôpitaux), des employés seront absents simultanément ces prochaines semaines et cela occasionnera des problèmes.” Voilà ce que l’épidémiologiste Marc Van Ranst (KULeuven), devenu l’un des baromètres de la crise sanitaire, exprimait le 3 janvier. Le nouveau variant du covid serait plus contagieux, bien que moins dangereux. Selon certains modèles, le pic pourrait générer, fin janvier, jusqu’à 125.000 contaminations par jour. Un “mur”, avec tout ce qu’il pourrait induire en terme d’absentéisme. Le chaos est-il annoncé?
“En septembre, nous pensions que l’on sortirait enfin de la crise sanitaire, mais nous y sommes toujours, sans savoir où l’on va, soupire Olivier de Wasseige. Déjà maintenant, omicron pose de sérieux problèmes dans certaines lignes de production. La crainte, c’est que la reprise ne génère davantage de soucis encore avec l’explosion des cas, la conséquence des fêtes, la rentrée des classes… Dans certaines entreprises, on va se compter pour poursuivre l’activité. Heureusement que l’on a modifié les règles de quarantaine! Mais cela risque de ne pas suffire. Certaines activités pourraient être à l’arrêt. Même si on a l’impression, à entendre certains scientifiques, que cette vague d’omicron pourrait générer ensuite une période plus calme.”
Les règles de quarantaine ont effectivement changé sous la pression de fédérations patronales inquiètes du “mur” à venir, mais aussi d’un secteur des soins de santé à bout de souffle. Désormais, une personne positive devra s’isoler durant sept jours, et non plus 10 jours ; il n’y aura plus de test ni de quarantaine pour les personnes ayant déjà reçu leur boost vaccinal après un contact à haut risque… entre autres règles plus complexes.
Trouver le bon équilibre
“A part retenir le fait que l’on passe de 10 jours à sept jours, je vous invite à voir les détails: il faut pratiquement un diplôme universitaire, ironise Pierre-Frédéric Nyst. On pèche par excès de complexité. C’est à nouveau un bel exemple de ce choix politique à faire entre les impératifs sanitaires – la lutte contre le variant omicron est importante, bien évidemment – et les impératifs de société et économiques. Le politique doit faire de l’équilibrisme. Nous revendiquions cinq jours de quarantaine alors que nous étions à 10, et nous en obtenons sept: c’est un compromis. Sept, c’est mieux que 10, mais c’est moins bien que cinq. Or, nous avons tiré la sonnette d’alarme. Dans des métiers essentiels, notamment les franchisés de l’alimentaire, on commence à avoir un absentéisme important: le personnel tombe comme des mouches. Dans des villes ou des villages, on risque de se retrouver avec des franchisés contraints de fermer leurs portes, faute de personnel.”
Plus globalement, le président de l’Union des classes moyennes appelle à un sursaut rapide car l’adhésion aux mesures sanitaires devient un vrai problème. “Dans la nuit du 13 au 14 mars 2020, mon GSM n’avait pas arrêté de sonné, se souvient Pierre-Frédéric Nyst. J’avais des indépendants inquiets, me disant qu’ils ne savaient pas vers quoi nous allions, mais conscients de l’importance de respecter les règles sanitaires. Je les admire d’avoir tenu le coup. Aujourd’hui, je n’ai plus de tels messages, je reçois des appels à l’aide de la part de gens qui n’en peuvent plus.”
Il poursuit: “Il y a un déficit démocratique au niveau des décisions du Comité de concertation, qui engendre un déficit d’adhésion et une lassitude. La population est capable d’entendre des choses à condition que l’on prévienne et que l’on soit cohérent dans les mesures que l’on annonce. Au début de la crise, nous ne nous étions jamais prononcés contre les mesures sanitaires. Aujourd’hui, c’est compliqué. La rupture est peut-être survenue avec la fermeture des métiers de contact. Je me souviens être allé sur des plateaux de télévision pour réclamer des études scientifiques démontrant qu’il y a un problème spécifique dans ce secteur. Frank Vandenbroucke (ministre fédéral de la Santé, Vooruit, Ndlr) ne les a jamais données. Nous sommes restés sur notre faim: cela a été le premier dérapage. Le cafouillage des trois derniers Codeco de la fin de l’année 2021 n’a pas aidé.”
Une première réunion visant à panser les plaies, le 5 janvier, n’a pas eu les effets escomptés. Et le futur baromètre, censé donner une visibilité dans la gestion de la crise, ne convainc pas.
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