Télétravail, non au cinq jours sur cinq!

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les entreprises débutent l’année dans un grand stress. La reprise est abîmée par la poursuite de la crise sanitaire et l’explosion des coûts. Leurs représentants confient à “Trends-Tendances” leurs angoisses et leurs appels à l’actions. Télétravail, non au cinq jours sur cinq!

S’il s’est imposé comme une solution rapide et efficace à la crise sanitaire et s’il a permis une continuité de l’activité tout en accélérant la transition numérique, le télétravail ne fait plus l’unanimité. “Nous avons des demandes de tous côtés pour dire stop au télétravail”, souligne Pierre-Frédéric Nyst.

“La lassitude s’installe parce que la crise s’éternise: plus de 20 mois, c’est long, appuie Caroline Cleppert, directrice du service d’études de l’UCM et chargée de cours à l’UCLouvain. Mais nous vivons aussi les effets négatifs de certaines décisions. On a vanté les effets positifs du télétravail, notamment sur la productivité. Aujourd’hui, on a l’effet inverse. La santé mentale devient un sujet très prégnant. On en parlait très peu au niveau des indépendants, du moins avant cette crise. Maintenant, cela devient un souci pour les accompagner, on parle de suicides, d’envies d’arrêter… La cohésion des équipes devient très difficile à maintenir. Certains ont commencé un boulot sans jamais avoir vu un collègue: c’est juste impossible.”

Ce sentiment prévaut désormais dans bien des entreprises. Les experts du Gems, qui conseillent le gouvernement De Croo dans la crise sanitaire, préconisaient un retour au télétravail obligatoire à 100%. Jusqu’ici, la mesure n’a pas été adoptée en Comité de concertation. Mais qu’en sera-t-il si le variant omicron explose? “Passer en télétravail cinq jours sur cinq? Non, s’il vous plaît! implore Olivier de Wasseige. Quatre jours sur cinq, c’est déjà beaucoup. Il ne faut pas oublier les impacts négatifs du télétravail dans une trop grande proportion. C’est quand même une forme de désengagement, d’isolement, de difficulté à s’insérer dans un travail d’équipe… La crise a bien sûr mis en évidence le fait que l’on peut davantage télétravailler qu’on ne le faisait. Mais trop de télétravail tue le télétravail! Le symbole de la machine à café où l’on échange de façon informelle, cela reste vrai. Le télétravail nuit aussi à la créativité.”

Des négociations interprofessionnelles sont, en outre, annoncées pour en intégrer à l’avenir le coût. Le patron des patrons wallons se cabre: “Ce n’est pas une discussion marginale. Dans le cas du télétravail rendu obligatoire à durée limitée, comme c’est le cas pour le covid actuellement, les partenaires sociaux ont réglé le problème en disant qu’il n’y a pas d’obligation pour les entreprises d’intervenir. Cela doit se gérer au niveau de l’entreprise elle-même. Hors covid, en cas de télétravail structurel, l’employeur doit rembourser les frais de matériel et de connexion. Cela ne va pas plus loin que ça. Quand les syndicats évoquent la nécessité de payer le chauffage, c’est exagéré. Il faut rappeler que l’on ne peut pas forcer le télétravail: le travailleur peut refuser…”

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