La participation, moteur de la renaissance de Cameleon
“Ce projet, c’était de la folie intelligente”. Dans le Trends Talk de cette semaine, la CEO de Cameleon Pascale Switten revient sur les dix-huit derniers mois de l’entreprise textile belge, qui propose des vêtements de mode à prix réduits. Elle existait depuis une trentaine d’années et n’avait pas résisté aux périodes de confinement et avait été déclaré en faillite en novembre 2020.
Pascale Switten, alors directrice des achats, et quelques autres restaient toutefois convaincus du potentiel de Cameleon. Avec le support de Hub Brussels, elle a alors imaginé une formule originale permettant au personnel de monter dans le capital de la société, sans sortir d’argent de leur livret d’épargne mais en transformant en actions de Cameleon (ou plus exactement de Rengo -“Uni”, en japonais- la société qui exploite l’enseigne Cameleon).
Finalement, 46 employés sur la soixantaine que compte Cameleon ont choisi de tenter l’aventure de l’actionnariat salarié. Ils détiennent ensemble 7,5% des parts mais cela leur donne droit à 21% des droits de vote lors de l’assemblée générale. L’intention est bien que cette participation ne soit pas un “simple” placement financier mais un véritable levier d’inflexion de toute l’entreprise. Des comités “bien-être” ou “événement” sont par exemple institués pour insuffler des idées neuves sur le fonctionnement de la société. Les statuts prévoient de toute façon qu’aucun dividende ne sera distribué aux actionnaires durant les trois premières années, afin de dégager de la trésorerie pour investir. Dès son premier exercice, le nouveau Cameleon atteint un Ebitda positif. L’entreprise réfléchit maintenant à des formules, permettant aux nouveaux collaborateurs d’entrer, eux aussi, dans le capital. Précision importante : la participation n’est pas obligatoire pour travailler chez Cameleon. En revanche, les actionnaires qui quittent l’entreprise doivent revendre leurs parts. “Vous êtes un moteur et un exemple que d’autres pourront suivre, s’est réjouie la secrétaire d’Etat bruxelloise à l’économie, Barbara Trachte (Ecolo), qui a soutenu le projet dès le départ. L’économie de demain ne sera pas celle du chacun pour soi, mais celle du partage et de l’impact sociétal.” Deux éléments que l’on retrouve effectivement chez Cameleon.
Son optique participative, l’entreprise la développe aussi pour le cheminement qui conduit à l’ouverture, début juin, d’un département de seconde main, baptisé ReLove. Tout ce projet a été géré par quatre personnes, issues de services différents et qui avaient reçu carte blanche de la direction. “C’est eux qui sont venus avec le nom de ReLove et qui ont défini le concept, dit Pascale Switten. Je suis vraiment très fière de cette équipe. C’est incroyable de voir comment les différentes compétences peuvent se matcher.” Et la CEO voit déjà l’étape suivante avec le recyclage de textiles en fin de vie, en vue de créer de nouveaux vêtements, directement depuis les ateliers de Cameleon.
Cameleon a aussi mis en place un “rengo corner”, où l’on propose des produits belges et écologiques, dans des registres très variés, du cosmétique aux boissons aromatisées en passant par la vaisselle. Les lieux devraient aussi de plus en plus s’ouvrir pour des événements.
Cameleon exploite actuellement des espaces de 8000 m2 à Woluwé-Saint-Lambert et un de 1.500 m2 à Genval. L’ouverture d’un troisième lieu, vraisemblablement en Flandre, est dans les cartons de l’entreprise.
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