La lutte contre la contrefaçon des produits sportifs passe aussi par la Belgique

© Reuters

La Belgique, avec le port d’Anvers, est une véritable porte d’entrée du marché européen pour l’industrie de la contrefaçon. A l’aube du début de la Coupe du monde de football au Brésil, la collaboration entre les autorités nationales, les douanes et l’industrie des produits sportifs est plus que jamais nécessaire, a insisté mardi Bruno Alves, président de la Fédération de l’industrie européenne des produits sportifs (FESI), à l’occasion de la publication des résultats de ‘Goals 14’, une opération anti-contrefaçon de grande envergure menée en Amérique latine au mois de mars dernier.

La FESI, dont le siège se trouve à Bruxelles, représente d’importantes marques d’équipements sportifs présentes en Europe telles que Nike, Puma, Adidas, Umbro, Rossignol, Timberland et bien d’autres encore. Son chiffre d’affaires annuel est de plus de 65 milliards d’euros. Lors de l’opération, menée durant une semaine, quelque 750.000 produits contrefaits, dont plus de 520.000 rien que pour l’industrie du sport, avaient été saisis. Un commerce qui ne bénéficie en aucun cas à l’économie locale, soit, dans le cas du prochain Mondial, à celle du Brésil, ont rappelé mardi la FESI et l’Organisation mondiale des Douanes (WCO).

Coordonnée par cette dernière organisation et avec l’appui des autorités douanières -qui ont d’ailleurs été formées à déceler et reconnaître des produits contrefaits- de sept pays d’Amérique latine dont le Brésil et l’Argentine, ‘Goals 14’ a reçu le soutien de l’Union européenne, de la FIFA, de la FESI et de la Fédération de l’industrie brésilienne des produits sportifs. Tous se sont félicités de la coopération exemplaire entre les secteurs privé et public à laquelle l’opération a donné lieu.

“La contrefaçon a des répercussions importantes sur l’emploi, notamment en Belgique”, explique Bruno Alves, par ailleurs directeur des affaires gouvernementales et publiques de Nike Europe. La marque à la virgule emploie en effet près de 2.000 personnes dans notre pays, principalement au centre de logistique et de distribution de Laakdal. “Les sociétés de sport, qui sont très dynamiques et guidées par l’innovation, rencontrent des difficultés à survivre et à investir, notamment dans des postes de travail, si elles doivent lutter contre la contrefaçon. Celle-ci est en outre de plus en plus sophistiquée et très difficile, voire impossible, à contrer sur Internet. Or il est essentiel de pouvoir protéger cette innovation”, poursuit-il.

Pour Lauro Panella, membre du cabinet du vice-président de la Commission européenne et commissaire à l’Industrie et l’Entreprenariat Antonio Tajani, l’industrie ne peut pas survivre à une telle concurrence déloyale. “Cette lutte ne concerne pas seulement les douanes mais également les différents gouvernements qui doivent légiférer en conséquence.”

“Que faire quand un consommateur belge achète par exemple une montre mesurant l’activité physique de son propriétaire et que celle-ci est défectueuse, voire contrefaite? “, s’interroge encore M. Alves. L’assistance technique fournie en Belgique risque de s’en ressentir si elle est de plus en plus confrontée à de faux produits pour lesquels elle ne peut intervenir. L’emploi de centaines de milliers de personnes travaillant pour les sociétés membres de la FESI est en jeu.

La Coupe du monde qui est sur le point de débuter, à l’instar des autres grands événements sportifs mondiaux, constitue un moment crucial dans la lutte contre ce fléau, estime, de son côté, le secrétaire général de la WCO Kunio Mikuriya. “Cet événement crée de nombreuses opportunités d’emplois, notamment au Brésil. Mais elles sont menacées par la contrefaçon, qui elle-même représente un danger pour le consommateur.”

Un constat que partage la FESI alors que la France va accueillir l’Euro de football en 2016 et l’Europe celui de 2020. “Il faut renforcer la collaboration avec les différentes autorités nationales. Avec certaines d’entre elles, elle est déjà très bonne. Mais la situation que nous rencontrons par exemple dans certains ports au sud de l’Europe est plus problématique”, déplore Bruno Alves.

Les prix des produits contrefaits sont en outre de plus en plus élevés. On retrouve même parfois des faux dans des canaux de distribution conventionnels avec un prix de vente presque identique au produit original. La WCO plaide enfin pour que les détenteurs des droits de propriété intellectuelle entament des actions judiciaires non seulement à la fin de la chaîne de la contrefaçon, mais aussi et surtout là où elle commence, c’est-à-dire principalement en Chine mais également au Pakistan. Une préoccupation partagée par l’Union européenne, dont de nombreuses sociétés ont investi massivement dans la recherche, le design et le marketing de leurs produits.

A l’échelle mondiale, le volume total du commerce des produits contrefaits dépassait 200 milliards d’euros par an en 2012.

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