La croissance prudente de Brussels Airlines

L’augmentation de l’offre de Brussels Airlines impliquera le recrutement de plus de 350 salariés, dont 50 pilotes et 190 membres d’équipage.
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Brussels Airlines va fortement augmenter son offre à l’été 2025 en Europe et en Afrique, et recruter près de 400 personnes. Tout en cherchant à maintenir sa rentabilité restaurée après le plan Reboot.

Tous les feux sont au vert pour Brussels Airlines. La compagnie, filiale belge du groupe Lufthansa, a fait une rafale d’annonces, indiquant une augmentation de son offre pour la saison d’été 2025 qui, dans le monde aérien, commence le dernier dimanche de mars. “L’offre augmentera de 18%, tant en Europe que sur le long-courrier”, nous confie Jan Derycke, head of networks and planning chez Brussels Airlines. Cela impliquera le recrutement de plus de 350 salariés, dont 50 pilotes et 190 membres d’équipage de cabine. L’effectif actuel de la compagnie aérienne compte 3.573 salariés.

En 2023 et au début de l’année 2024, Brussels Airlines avait été freinée par des problèmes de disponibilité de matériel. Cela ne l’avait pas empêchée, l’an dernier, d’afficher un premier bénéfice de 53 millions d’euros (Ebit, avant taxes et intérêts) depuis la pandémie. Un niveau similaire est attendu pour 2024.

C’est l’effet d’une restructuration entamée juste avant le covid. Appelée plan Reboot, elle a pour but de renforcer une profitabilité jugée à la fois faible et trop fragile par diverses mesures, dont des départs volontaires (fin 2018, Brussels Airlines comptait 4.175 salariés) et une plus grande synergie au sein du groupe Lufthansa. Reboot a été renforcé pour affronter la pandémie, où la flotte avait été mise en hibernation début 2020, avant un lent redémarrage avec moins d’avions et de personnel.

En 2019, Brussels Airlines avait transporté 10 millions de passagers et affichait malgré tout des pertes. Aujourd’hui, elle n’est pas encore revenue à ce niveau de trafic, mais est rentable, et croît prudemment pour le rester. La restructuration a rendu la compagnie nettement plus viable qu’à l’époque.

Plus d’Europe et plus d’Afrique

Les développements prévus pour 2025 prévoient deux axes: le loisir en Europe et l’Afrique subsaharienne, son marché historique. Pour le premier, en vue de l’été, Brussels Airlines va multiplier les destinations ensoleillées, parmi lesquelles le Portugal et l’Espagne, avec Madère (Funchal), ou Fuerteventura, dans les îles Canaries. “Nous renforçons les vols vers l’Espagne, le Portugal, mais aussi la Grèce”, poursuit Jan Derycke.

La compagnie a été historiquement fort orientée vers le voyageur d’affaires, un client stable sur quasiment toute l’année. Mais ce profil n’est revenu que partiellement dans les appareils de la compagnie depuis la pandémie. Ce qui explique que Brussels Airlines mise davantage sur le client loisir, qui exige une organisation et une offre différente, car ce trafic est marqué par de très fortes pointes en été et plus de destination vers le soleil. Il faut donc renforcer la flotte au cours de cette période. Durant l’été 2025, Brussels Airlines exploitera un accord avec Air Baltic pour utiliser quatre avions, des A220 de 148 places, pendant ces périodes de pointe.

Le réseau européen sera aussi renforcé par une opération au sein du groupe Lufthansa. La plupart des vols Bruxelles-Francfort et Bruxelles-Munich, qui relient la capitale belge aux deux principaux hubs du groupe, sera assurée par Brussels Airlines. Même chose pour Bruxelles-Zurich, une liaison assurée habituellement par Swiss, autre filiale du groupe Lufthansa. Au lieu d’un seul vol aujourd’hui, il y en aura désormais deux par jour à l’avenir.

“Nous avons l’avantage de n’avoir qu’un modèle, l’Airbus A330 pour couvrir le long-courrier, ce qui simplifie les opérations.”
Coline Everard (Brussels Airlines)

Coline Everard (Brussels Airlines)

Un seul type d’avion pour le marché africain

Le réseau africain va aussi connaître une croissance de l’ordre de 10%, avec 56 vols hebdomadaires. Il n’y aura pas de nouvelles destinations, mais une amélioration de l’offre. Ainsi, les vols vers Kinshasa seront tous sans escale à partir de mars 2025. À présent, la liaison est directe pendant cinq jours par semaine, alors qu’elle fait escale par Luanda, en Angola, pour les deux jours restants. Les vols en direction de Nairobi (Kenya) et Accra (Ghana) passent à une rotation quotidienne. Dakar (Sénégal), Abidjan (Côte d’Ivoire) sont desservis par davantage de vols directs.

“Nous augmentons l’offre grâce à l’arrivée d’un 11e avion long-courrier dans la flotte de Brussels Airlines, un A330”, indique Coline Everard, qui a géré cette évolution au poste de head of networks planning Africa pour le groupe Lufthansa (la gestion du réseau long-courrier a été centralisée au sein du groupe aérien allemand). Elle vient de passer à une fonction dans la vente, comme head of regional sales West & Central Africa.

Brussels Airlines réalise des vols longs-courriers sur l’Amérique du Nord et l’Afrique. La croissance de l’offre porte sur le second marché, dont la compagnie est la spécialiste au sein du groupe Lufthansa. Celui de l’Afrique subsaharienne connaît une bonne croissance de la demande, “de 2%, 3% à 10% l’an selon les destinations”, nous confie Coline Everard. “Nous avons l’avantage de disposer d’un seul modèle d’avion pour couvrir le long-courrier, avec un seul type de moteur, au lieu de deux auparavant, ce qui simplifie les opérations, explique-t-elle. L’Airbus A330 est un très bon avion, efficace, qui peut transporter beaucoup de fret, élément essentiel pour la rentabilité.”

Suivre la croissance du marché

L’augmentation de l’offre vise à suivre la croissance de la demande. L’amélioration de la desserte de Kinshasa consiste à améliorer la qualité d’une liaison très intéressante pour Brussels Airlines, car la plupart des passagers volent de point à point (de la Belgique vers le Congo), alors que pour d’autres vols, le trafic est en bonne partie constitué par des passagers provenant d’autres vols, en Europe ou d’Amérique du Nord. “Le marché provenant d’Amérique du Nord est très important”, note Coline Everard. Le point à point est généralement un trafic plus rentable pour une compagnie.

Toutefois, le principe du modèle d’avion unique a des limites. Les A330 de Brussels Airlines ne lui permettent pas d’aller jusqu’en Afrique du Sud, par exemple. Cela exigerait d’autres appareils, ce qui compliquerait la gestion de la flotte. C’est pourquoi les vols sont concentrés sur l’Afrique subsaharienne. Cette augmentation de l’offre est notamment le résultat d’un accroissement de la flotte. En effet, celle-ci passera, l’été prochain, à 46 avions, soit deux de plus que ceux disponibles lors de l’été 2024. Il faut aussi leur ajouter l’apport temporaire des quatre avions d’Air Baltic évoqué plus haut.

Excellente compagnie en cas de crise


Brussels Airlines est loin d’être la plus grande compagnie aérienne du continent. Mais elle se distingue pour sa réactivité en cas de problème, et figure à la première place dans le classement des World’s Best Airlines 2024 d’Air Help, une société spécialisée dans les réclamations de compensation en cas de problème avec un vol. La compagnie belge se classe juste devant Qatar Airways. Sans doute une manière de se distinguer de Ryanair, son grand concurrent, qui ne pointe qu’à la 57e place. Les dernières sont Buzz, une filiale de Ryanair, et Tunisair, qui occupent les 108e et 109e places.
“Nous avons mis l’accent sur le processus de réclamation en 2016, après les attentats”, raconte Jan Derycke. Lors des crises, les réclamations passent de quelques centaines à des milliers. Les services des compagnies ne sont pas toujours bien organisés face à ces croissances brutales et temporaires. “Nous nous sommes dits que nous devions mieux répondre à ces situations, d’autant qu’avant il y avait une crise tous les 10 ans, maintenant, c’est plutôt tous les deux ans”, indique Jan Derycke.

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