John Cockerill et sa tour solaire vont alimenter Dubaï en électricité
Cette tour de 260 mètres de haut, plantée au milieu du désert, concentre l’énergie du soleil grâce à 70.000 miroirs géants orientables. Une prouesse technologique à laquelle participe la société liégeoise John Cockerill. Visite d’un chantier pharaonique.
Le savoir-faire de John Cockerill s’exporte jusque Dubaï. Au sud-est de la ville, la société liégeoise a conçu un élément essentiel d’une tour futuriste, qui capte les rayons du soleil pour produire de l’électricité. Exceptionnellement, nous avons pu visiter cet édifice impressionnant, dont le chantier entame sa phase finale.
Pour découvrir les installations, il faut prendre la route en direction du parc solaire MBR, un gigantesque site de production d’électricité installé en plein désert. Notre guide du jour est Jean-Luc Maurange, CEO de John Cockerill. Il participe à la mission économique organisée par l’Awex (Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers), qui regroupe 60 entreprises wallonnes à la recherche d’opportunités business aux Emirats arabes unis.
Pilotée depuis Seraing
Pas question de visiter un tel site sans un équipement adéquat : casques, lunettes de protection, gilets de sécurité, chaussures de chantier et baudriers sont obligatoires. Direction l’ascenseur extérieur qui mène au sommet de cette tour de 260 mètres de haut. Mieux vaut ne pas être sujet au vertige. Du haut de l’édifice, le parc solaire se dévoile, à perte de vue. Tout autour de la construction, 70.000 miroirs géants orientables sont plantés dans le sable, en cercles concentriques. Dès que l’installation sera mise en service, ils seront chargés d’envoyer les rayons du soleil vers le sommet de la tour, et plus précisément vers son “récepteur thermo-solaire”. Créé par John Cockerill, ce dernier devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année.
Haut de 40 mètres, ce récepteur est la pièce maîtresse de l’édifice. Comme son nom l’indique, il réceptionne les rayons du soleil réfléchis par les miroirs orientables. Fabriqué dans un alliage très particulier, ce récepteur capte l’énergie solaire et chauffe un fluide composé de sels fondus. Ces sels fondus sont portés à des températures extrêmes, dépassant les 560 degrés ! Quand la tour sera en service, elle sera évidemment inoccupée, et pilotée à distance… depuis Seraing, siège de John Cockerill.
L’équivalent d’une petite centrale nucléaire
Cette construction verticale fait partie d’un immense parc de production d’électricité, le MBR Solar Park. A côté de la tour se déploie un interminable champ de panneaux photovoltaïques. Le site est également équipé d’un système de miroirs concaves qui chauffent des tuyaux remplis d’huile. Au total, ce parc solaire devrait à terme développer une puissance de 900 MW, soit à peu près l’équivalent d’une petite centrale nucléaire. “Associée aux autres équipements du MBR Solar Park, la tour solaire fournira de l’électricité à quelque 320.000 ménages et permettra d’éviter 1,6 million de tonnes de CO2 par an”, indique-t-on chez John Cockerill.
Le site bénéficie de conditions avantageuses pour la production d’électricité à partir de l’énergie solaire : un ensoleillement quasi permanent, et de l’espace, beaucoup d’espace. L’endroit n’est cependant pas exempt de défauts pour la tour solaire. Le sable, élément perturbateur pour les miroirs censés capter les rayons du soleil, risque de réduire la performance de l’ensemble. Mais la conception même de cette centrale d’un nouveau genre est ingénieuse et innovante : “Ce sont les premières centrales solaires qui fonctionnent la nuit”, explique Jean-Luc Maurange, CEO de John Cockerill. Stockés dans des cuves, les sels fondus gardent en effet pendant de nombreuses heures une température élevée. Cela permet à cet immense parc solaire de continuer à produire de l’électricité, y compris quand le soleil se couche.
Un contrat à 50 millions
C’est en 2018 que la société liégeoise a décroché ce contrat prestigieux portant sur la conception et la fourniture de ce récepteur de pointe. Le contrat porte sur un montant de 50 millions d’euros. Ce n’est pas la seule réalisation de ce type pour John Cockerill. La société équipe également des tours solaires en Afrique du Sud, en Chine et au Chili. “Nous pourrions également nous développer en Arabie Saoudite, en Inde, au Maroc, ou même aux Etats-Unis”, évoque Jean-Luc Maurange. John Cockerill revendique une position de leader mondial sur ce marché de haute technologie.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici