Inflation, taxes et coûts salariaux… “La situation est inquiétante pour le secteur alimentaire”

Les prix de nombreux produits alimentaires et non alimentaires vont encore augmenter, de même que les salaires....

Les entreprises alimentaires ont accusé en 2022 une baisse de 3% du volume de leurs ventes et une baisse de la rentabilité, a annoncé mercredi la Fédération de l’industrie alimentaire belge, Fevia. Le secteur, qui a engrangé des bénéfices record en raison de l’inflation, voit les consommateurs se détourner du marché belge au profit d’achats à l’étranger.

Inflation et augmentation des coûts de production

L’inflation et la hausse des prix de l’énergie qui ont frappé de plein fouet les consommateurs ont également plombé les entreprises du secteur de l’alimentaire belge. Fevia note que les producteurs n’ont pu répercuter que tardivement l’augmentation des coûts de production sur leur prix, en raison de la réticence des grands distributeurs. Fin mars 2022, 58% des demandes d’augmentation étaient ainsi refusées par les chaînes de distribution, déplore Fevia. Une situation en légère amélioration un an plus tard puisque les refus concernent désormais près de 25% des demandes. “Une certaine flexibilité de la part des retailers (grande distribution) s’est finalement instaurée”, note Bart Buysse, CEO de Fevia.

Autre problématique visée par la Fédération: un “handicap salarial” de 25% et une “lasagne de taxes” qui renchérissent les produits et nuisent à la compétitivité. La Fédération constate, notamment, que les producteurs belges sont confrontés à une charge financière supplémentaire jusqu’à cinq fois supérieure par rapport aux pays voisins. La taxe emballage atteint ainsi 16,5 euros par habitants contre 2,8 euros en France. Fevia craint en outre que le projet d’augmentation de 60 millions d’euros de la taxe sur les emballages et de hausse de la TVA de 6 à 9% empire un peu plus la situation.

Ne pas augmenter la TVA

L’industrie alimentaire, 1er secteur industriel du pays en termes d’investissements avec deux milliards l’an dernier, demande dès lors au gouvernement fédéral de préserver la compétitivité par une série de mesures concrètes. Elle plaide pour une réduction des coûts salariaux par une baisse structurelle des cotisations patronales de l’ONSS. Une mesure qui favoriserait, selon la Fevia, des investissements dans l’innovation plutôt que dans l’automatisation. Elle demande également aux autorités de ne pas augmenter la TVA sur l’alimentation et de ne pas élargir la cotisation emballage. Le secteur préconise un alignement des coûts des déchets sur ceux des pays voisins et demande que la taxe emballage soit modulée, “pour enfin jouer un rôle d’incitant environnemental”, plutôt qu’augmentée.

Fevia appelle également les autorités à renforcer les relations équitables dans la chaîne agroalimentaire en ajustant la loi UTP qui vise à protéger les petits producteurs des principaux acteurs du secteur. Selon elle, la protection devrait être étendue aux entreprises dont le chiffre d’affaires annuel global est supérieur à 350 millions.

Achats transfrontaliers

De façon globale, la Fédération appelle les autorités à prendre en compte la question des achats transfrontaliers avant toute nouvelle mesure touchant le secteur. En effet, si l’alimentaire a réalisé un chiffre d’affaires record de 75,9 milliards en 2022, c’est dû, avant tout, à l’augmentation des prix de vente. Un mécanisme qui pousse les consommateurs à traverser les frontières pour faire leurs courses.

“La situation actuelle est inquiétante. Il y a, notamment, un risque réel de perdre beaucoup de PME qui travaillent dur mais n’ont pas la puissance pour imposer des prix plus justes”, souligne Anthony Botelberge, président de Fevia. La crainte du secteur est que, à long terme, la Belgique ne devienne dépendante de ses voisins pour son alimentation.

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