Il y a 10 ans, la Sabena explosait en plein vol

© Image Globe / JACQUES COLLET

Il y a presque 10 ans, le 7 novembre 2001 exactement, la Belgique vivait l’un des drames sociaux les plus douloureux de son histoire. Ce jour-là, le tribunal de commerce de Bruxelles déclarait la faillite de la Sabena, mettant un terme à une saga qui aura duré un peu plus de 78 ans.

Officiellement, c’est la date du 23 mai 1923 qui marque la naissance de la Société anonyme belge d’exploitation de la navigation aérienne, mieux connue sous l’acronyme de Sabena. En réalité, la compagnie nationale, créée par l’Etat belge, pourrait avoir 4 ans de plus, si on l’associait à son ancêtre, le SNETA (Syndicat national pour l’Etude des Transports Aériens), fondé en 1919, au lendemain de la première guerre mondiale, “afin d’étudier les possibilités de développer le transport aérien en Belgique”.

En 1923, ce dernier clôture sa mission d’étude et quelques mois plus tard, en mai, la première ligne officielle voit le jour. Limitée au courrier et au fret, elle relie Bruxelles à Lympne, au Royaume-Uni.

L’année suivante, les premiers passagers embarquent à destination de Strasbourg.

En 1925, un avion de la Sabena atterrit en Afrique, au terme d’un vol de 75 heures effectives, qui aura duré… 51 jours. Il faudra ensuite attendre une décennie avant qu’une ligne régulière relie, en 5 jours et demi, la Belgique au Congo.

En 1947, alors que les hôtesses ont fait leur apparition à bord des appareils, la Sabena traverse l’Atlantique et relie, 2 fois par semaine, Bruxelles à New York.

En 1948, la compagnie voit ses comptes s’enfoncer dans le rouge. Elle obtient finalement une garantie étatique pour son financement, une protection dont elle bénéficiera les 4 décennies suivantes.

La même année, la Sabena acquiert 73 pc du capital de Sobelair, qui deviendra par la suite sa filiale charter.

En 1958, la compagnie, qui a continué à étoffer ses destinations internationales, franchit la barre des 10.000 employés. Parallèlement, sa situation financière ne cesse de se dégrader jusqu’à ce que le déficit dépasse le milliard de francs belges au milieu des années 70.

Dans la foulée, un plan d’économies est mis sur pied et plusieurs centaines d’emplois passent à la trappe. Lasse, au début des années 80, le déficit cumulé frôle les 10 milliards de francs, ce qui pousse l’Etat à injecter plus de 7 milliards dans le capital de la compagnie.

En janvier 1991, un nouveau plan d’entreprise prévoit la suppression de 2.000 emplois. Dans le même temps, les autorités injectent 35 milliards de francs belges supplémentaires. Ce sera la dernière aide publique acceptée par la Commission européenne.

L’année suivante, la Sabena s’allie avec Air France qui obtient 37,5 pc du capital mais le mariage fait long feu.

En 1995, un an après s’être finalement séparée de sa rivale française, la Sabena s’amourache de Swissair. Sur fond de vives tensions sociales, la compagnie suisse acquiert 49,5 pc du capital de la société belge et pousse à un développement – trop – rapide.

En 2000, le gouvernement fédéral et SAIr Group (Swissair) concluent un accord prévoyant que les Suisses détiennent, à terme, 85 pc du capital de la Sabena.

2001 se révèlera finalement l’année fatale, alors que les dettes de la compagnie belge sont abyssales (près de 100 milliards de francs), que ses résultats sont désastreux et que les attentats du 11 Septembre viennent plomber un secteur déjà en grande difficulté. Une nouvelle injection de capital et un plan de redressement sont envisagés, sous l’égide de la compagnie suisse, dans le cadre des accords Astoria. Mais Swissair est déclarée en faillite le 1er octobre, précipitant la Sabena vers le gouffre.

Le 7 novembre, enfin, son sort est définitivement scellé par le tribunal de commerce de Bruxelles qui déclare la faillite de la compagnie, causant la perte de quelque 7.000 emplois.

Trends.be avec Belga

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