“Hard” ou “soft” Brexit, les entreprises doivent se préparer

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Qu’il soit “hard” (dur) ou “soft” (négocié), le Brexit donnera du fil à retordre aux entreprises qui commercent directement ou indirectement avec le Royaume-Uni. “Celles-ci doivent se préparer à tous les scenarii possibles; il ne reste plus que seize semaines”, prévient le bureau de consultance PricewaterhouseCoopers (PWC).

“En cas de ‘no deal’, certains de nos clients devront supporter 13 à 15% d’impact sur leur ebitda, soit jusqu’à 37 millions d’euros par an, rien pour que pour la note ‘douane'”, a précisé mardi lors d’une conférence de presse Lionel Van Reet, partenaire PWC spécialisé dans le commerce international.

Le bureau de consultance préconise dès lors à ses clients “d’identifier les risques et d’agir en conséquence” d’ici au 30 mars 2019, date à laquelle le Brexit sera effectivement acté.

L’accord de plusieurs centaines de pages, conclu fin novembre entre Londres et l’Union européenne, qui doit permettre la conclusion d’un “soft” Brexit devait en théorie passer à la Chambre des Communes mardi soir. Les députés ont toutefois menacé de ne pas ratifier ce document en l’état, réclamant qu’il soit retravaillé, notamment la disposition très controversée du filet de sécurité (“backstop”), visant à éviter une frontière physique entre les deux Irlandes.

La Première ministre britannique Theresa May, quasiment assurée d’essuyer une humiliante défaite, a dès lors reporté le vote au mois de janvier.

En cas de Brexit négocié, une période de transition sera mise en place jusqu’au 31 décembre 2020, avec une possibilité d’extension jusqu’à deux ans. “La Commission européenne a été très claire pour certains secteurs mais d’autres n’ont pas été abordés. La situation sera dès lors très difficile en cas de ‘no deal’ sur ces sujets. S’il y a accord, il y aura encore deux ans pour tout prendre en compte mais le commerce sera tout de même compliqué durant cette période”, assure Ine Lejeune, également partenaire PWC.

“Peu importe ce qu’il se passera, on doit continuer à dire à nos clients de se préparer. Quoiqu’il arrive, ils devront compter sur des délais d’acheminement plus importants et paieront des taxes douanières qu’ils ne doivent pas débourser aujourd’hui. Ce sont les tarifs de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui seront alors d’application”, explique encore M. Van Reet, qui pointe le danger pour l’e-commerce notamment. “Dans ce secteur, il y a plus de 25% de retours de produits: un double coût pour ces entreprises. Pareil dans le secteur pharmaceutique qui envoie de nombreux tests au Royaume-Uni, à zero euro de droits de douane actuellement.”

Si PWC s’attend à ce que des accords commerciaux soient conclus à terme, “cela prendra du temps et, en sortant de l’Union européenne, le Royaume-Uni sera au même niveau que la Mauritanie ou le Soudan du Sud, les seuls pays au monde à n’avoir aucun accord de libre-échange”.

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