GreenWin: la chimie verte gagnante

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Cela n’a pas été simple, mais Alain Lesage a réussi à inscrire GreenWin, pôle dédié à l’économie verte et au développement durable, dans le club des pôles de compétitivité wallons. Les technologies environnementales ont droit de cité dans l’avenir industriel de la Wallonie. Avec des défis immenses et surtout des perspectives d’emplois à la clé et l’exportation en ligne de mire!

“C’est exactement l’homme qu’il fallait à ce poste, explique Francis Carnoy, directeur général de la Confédération de la construction wallonne (CCW) : Alain est un fin connaisseur des rapports économiques entre public et privé, et il est en train de faire un remarquable sans-faute. Cela n’a pourtant pas été simple de convaincre le gouvernement wallon, qui n’estimait pas au départ que le secteur était stratégique.”

A l’inverse des cinq secteurs forts de l’économie wallonne (mécanique, aéronautique, pharma, agroalimentaire, logistique), des pôles entre lesquels GreenWin a dû se tailler sa place sans empiéter sur le terrain des autres, en jouant la complémentarité. Avec un fil conducteur : en amont les matériaux, au centre leur application et leur mise en oeuvre, et en aval le recyclage et l’assainissement (eau, sol).

Marshall 2.vert En 2009, lorsque le gouvernement Olivier verdit son plan Marshall, Alain Lesage est contacté par la CCW et des industriels (AGC, ArcelorMittal, Carmeuse, Prayon, Solvay, etc.) pour participer à la mise en place d’un pôle dédié aux techniques environnementales. “Notre travail, explique-t-il, c’était de rassembler les industriels autour d’un projet commun, de mettre les gens en relation. C’était passionnant. L’UWE a parrainé ce projet. Puis GreenWin a été labellisé en 2011. Chimie des matériaux, gestion des effluents et des déchets, préservation des ressources en eau, écoconception, efficience énergétique, construction durable : le domaine est très large, mais nous allons peu à peu focaliser autour de socles forts que sont les biotechnologies, la chimie bio-sourcée, la filière biomasse, le traitement des eaux, la construction durable…”

“Dans la construction, poursuit-il, nous sommes à l’aube d’une révolution, on va devoir industrialiser davantage, sinon on va vers des maisons Ikea, standardisées.” Les besoins sont en effet énormes : la Wallonie comptera, d’ici 2026, environ 200.000 ménages de plus qu’en 2011, et cela ne s’arrêtera pas là.

2013, la conquête du Québec Il y a un an, le Québec pariait sur nos technologies vertes. En effet, en mars 2013, la Belgique était l’invitée d’honneur du salon Americana, le plus important rassemblement multisectoriel en environnement d’Amérique du Nord. Trente entreprises, trois centres de recherche et cinq associations professionnelles des trois Régions (Wallonie, Flandre et Bruxelles-Capitale), soit quelque 70 personnes au total, composaient la délégation belge.

Pourquoi une délégation belge aussi importante ? C’est que l’industrie de l’environnement pèse de plus en plus lourd dans notre tissu économique. Selon une étude du bureau du Bureau du Plan, le nombre d’entreprises actives dans ce secteur en Belgique a augmenté de 44 % entre 1995 et 2005 tandis que l’emploi progressait de 40 % pour représenter au total 77.000 unités.

La nécessité d’une économie verte tant d’un point de vue économique qu’environnemental s’est imposée très tôt en Belgique. Cela a favorisé le développement de technologies innovantes en s’appuyant sur un important réseau d’universités. Rien d’étonnant à ce que les cleantech soient devenues l’un des six domaines sur lequel le gouvernement wallon mise pour relancer son économie dans le cadre du Plan Marshall 2.Vert.

GreenWin couvre aussi bien les technologies environnementales que les matériaux durables et la chimie verte(1). Ainsi Alain Lesage déclarait en 2013 que ce secteur occupe à ce jour quelque 40.000 emplois en Wallonie et à Bruxelles.
“Notre présence en force à Americana donne à nos entreprises une visibilité internationale et leur permet de nouer des partenariats avec des entreprises nord-américaines comme elles font déjà à l’intérieur des frontières européennes”, expliquait-il.

“J’ai tendance à penser que les pôles wallons sont un modèle, explique-t-il. Ils aident à grandir, ils permettent des partenariats. Le projet Frensis, par exemple, soutenu par GreenWin, unit une très grande entreprise, AGC (Asahi Glass Company), leader européen du verre plat, et une PME, Pierret System, pour la conception et la fabrication de châssis super-isolants. La technique est au point. Pierret va pouvoir négocier des accords commerciaux pour accompagner AGC sur les marchés voisins. Peut-être construire une nouvelle usine ?”

2014, cap vers l’externalisation L’année 2014 sera celle de l’internationalisation. En effet, GreenWin vient de signer un accord de partenariat avec Axelera, le pôle de compétitivité spécialisé dans la chimie et l’environnement de Lyon Rhône-Alpes pour développer ensemble des projets industriels innovants, avec pour ambition de créer un pôle à l’échelle de l’Europe. Les deux pôles ont déjà travaillé sur le projet européen Scot (Smart CO2 Transformation), qu’ils coordonnent et envisagent de poursuivre en répondant à l’appel à projets du nouveau programme européen Horizon 2020, doté de 79 milliards d’euros.

“Nous avons besoin d’industries, d’entreprises. J’ai toujours travaillé à ça, mobiliser, susciter l’esprit d’entreprendre, accompagner, faire grandir l’existant. J’aime ma région, je veux l’aider à vivre mieux dans son environnement, grâce aux technologies propres” conclut Alain Lesage.

Michel Delwiche et Sandrine Vandendooren

(1) 12 points pour comprendre la chimie verte

1 – Prévenir : Limiter la pollution à la source plutôt que de devoir investir dans l’assainissement ou l’élimination des déchets.

2 – Economiser les atomes : Lors des synthèses, le produit final doit contenir le maximum de fonctionnalités pour le minimum d’atomes.

3 – Concevoir des synthèses chimiques moins dangereuses : Nouveaux procédés utilisant et créant des substances faiblement toxiques (voire non toxiques) pour les humains et sans conséquence sur l’environnement.

4 – Concevoir des produits chimiques plus sûrs : Conjuguer efficacité maximale et toxicité minimale.

5 – Réduire l’utilisation de solvants organiques et d’auxiliaires : Choisir des substances alternatives et peu volatiles.

6 – Améliorer l’efficacité énergétique : Minimiser les besoins énergétiques des procédés chimiques par la mise au point de méthodes de synthèse à température et pression ambiantes ou dans d’autres milieux réactionnels de synthèse.

7 – Utiliser des matières premières renouvelables : Privilégier les matières premières renouvelables (non fossiles).

8 – Réduire les produits dérivés : Privilégier des voies de synthèse qui ne génèrent pas de coproduits, ceux-ci pouvant notamment générer des déchets.

9 – Utiliser la catalyse : Favoriser l’utilisation de réactifs catalytiques permettant à très faible concentration d’accélérer les réactions chimiques et de limiter le nombre d’étapes dans les processus réactionnels.

10 – Concevoir des substances à dégradation finale dans des conditions naturelles : Tenir compte dès leur conception du mode de dégradation finale des produits chimiques.

11 – Mettre au point des méthodes d’analyse en temps réel : Permettre une surveillance et un contrôle en temps réel et en cours de production pour prévenir les pollutions.

12 – Développer une chimie toujours plus sûre : Choix de substances moins dangereuses pour réduire les risques d’accidents chimiques (rejets, explosions et incendies).
(source : http://www.lesmetiersdelachimie.com/)

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