Frederic Kapp, administrateur de distriboissons: “Il faut aligner les aides wallonnes et flamandes”

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Le deuxième négociant en boissons de Wallonie craint sinon d’importantes distorsions de concurrence lors de la réouverture de l’horeca.

1. Que dénoncez-vous exactement?

On n’entend pas du tout les fournisseurs de secteurs fermés se plaindre en Flandre car ils sont assistés par la Région flamande. L’équivalent d’un négociant en boissons comme nous, de plus de 50 personnes, reçoit depuis la deuxième fermeture de l’horeca 40.000 euros par mois. Il existe au nord du pays, pour les sociétés fortement impactées par la crise, un mécanisme dit de protection flamand qui n’a pas d’équivalent wallon. Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est un alignement des aides wallonnes sur ce qui se fait en Flandre. Le mécanisme mis en place en Flandre permet aux entreprises de couvrir leurs frais fixes. En Wallonie, les frais fixes ne sont pas couverts, ce qui nous oblige à puiser dans notre trésorerie.

2. Que vous disent les politiques?

Il y a une quinzaine de jours, le ministre wallon de l’Economie Willy Borsus a annoncé que des aides allaient être débloquées pour les fournisseurs B to B de secteurs fermés, mais nous ne savons pas du tout de quels montants il s’agit. Si c’est pour nous octroyer des aides à partir du 1er mars ou du 1er avril, et pour nous verser 2.000 euros par mois, cela ne sert à rien. Il faut que ces aides soient le plus possible proportionnelles aux frais fixes. Nous ne voulons pas gagner plus. Simplement qu’une partie de nos frais fixes, qui sont par définition incompressibles, soit compensée. L’annonce de Monsieur Borsus est à saluer mais nous attendons à présent les actes. Car cet argent, c’est maintenant que nous en avons besoin.

3. En l’état actuel des choses, comment envisagez-vous la reprise?

A la sortie de la crise, notre trésorerie sera exsangue. Pour autant qu’elles survivent, nos structures, essentiellement familiales, se trouveront affaiblies concurrentiellement par rapport aux distributeurs flamands, surtout près de la frontière linguistique. Par exemple, nous livrons de l’horeca dans la région de Mouscron. Un négociant flamand pourra nous prendre plus aisément des clients et aura plus de facilités à investir dans un établissement, comme cela se fait dans notre secteur. Ce que nous craignons concrètement, c’est que nos concurrents flamands qui auront passé cette crise de façon plus sereine grâce aux aides puissent proposer des prix plus bas alors que pendant ce temps, nous serons en train d’essayer de faire de la marge pour pouvoir rembourser les prêts bancaires contractés afin de payer nos frais fixes. En trop grandes difficultés financières, certains distributeurs arrêteront les frais et décideront de vendre leur business. De nouveau, par cette distorsion de concurrence, les confrères flamands seront beaucoup mieux armés que les négociants wallons pour leur faire des offres plus alléchantes.

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