Faillite de Van Hool: entre espoir, aigreur et promesse

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Pour le gouvernement flamand la faillite de l’entreprise Van Hool était “inévitable”. Il garde cependant l’espoir d’une relance rapide de l’activité. Les syndicats eux montrent du doigt la famille Van Hool. “Elle détenait la clé, mais ne l’a pas utilisée”

Van Hool, constructeur de bus installé à Koningshooikt en province d’Anvers, a annoncé lundi la faillite. Un évènement que l’on regrette, côté politique, mais qui était devenu “inévitable”, selon Jo Brouns. “Il n’y a malheureusement plus de sauvetage possible”, observe également le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA).

“Dès aujourd’hui, tous les employés peuvent compter sur l’assistance du VDAB”, l’équivalent flamand du Forem, souligne le ministre flamand de l’Emploi Jo Brouns (CD&V). Au fédéral, le ministre du Travail et de l’Economie Pierre-Yves Dermagne (PS) a tenu à exprimer sa sympathie envers les travailleurs de l’entreprise familiale, qui “ont fait face aux événements des dernières semaines avec beaucoup de sang-froid”.

L’espoir est cependant de mise

L’espoir est cependant de mise: on souligne les négociations en cours entre les curateurs et les probables repreneurs, VDL Groep et Schmitz Cargobull, qui mèneront vraisemblablement au maintien d’une partie des emplois.  Un optimisme partagé par l’un des curateurs désignés pour accompagner la faillite du constructeur de bus. L’activité sur le site de Koningshooikt (province d’Anvers), dans l’usine Van Hool tombée en faillite lundi, pourrait reprendre dans les prochains jours. Les négociations avec les repreneurs, VDL et Schmitz-Cargobull, sont en cours. Les discussions sont intenses, selon le curateur Jeroen Pinoy. “Une relance de l’activité est mieux qu’une fermeture pure et simple. Les candidats (repreneurs) veulent aller vite et il n’est pas impossible que d’autres activités de ces acteurs soient transférées ici, à Lierre.” M. Pinoy devra aussi déterminer la valeur des actifs de l’entreprise. L’accompagnement du personnel licencié lui revient également, tout comme le calcul des dettes afin de voir lesquelles peuvent être honorées.

“J’ai bon espoir que de nouvelles activités puissent rapidement être lancées. Le gouvernement flamand examinera ce qu’il peut faire pour soutenir une relance”, a affirmé Jan Jambon lundi. “VDL Groep et Schmitz Cargobull sont deux acteurs industriels forts, capables de donner un avenir au site de Koningshooikt”, souligne quant à lui le ministre Jo Brouns. “Dans les prochaines semaines, nous leur proposerons les instruments dont ils ont besoin pour permettre la relance, comme du soutien à la formation et des garanties”.

Une grande demande de travailleurs au profil technique affirmé

Le consortium envisageant de reprendre une partie des activités de Van Hool entend conserver un maximum de 950 travailleurs. Chaque collaborateur peut se présenter et l’ancienneté acquise chez Van Hool sera prise en compte.

Concrètement, jusqu’à 1.850 personnes pourraient perdre leur emploi. Les centaines de travailleurs qui ne seront pas repris chez Van Hool devront se tourner vers le VDAB. “Les circonstances sur le marché du travail font heureusement en sorte qu’il y a une grande demande de travailleurs au profil technique affirmé”, note Jan Jambon. L’accompagnement du VDAB prend surtout la forme d’aide à l'”outplacement” (reclassement), souligne Jo Brouns, mais les travailleurs licenciés “peuvent également suivre des formations gratuites”. “Avec le VDAB et ses partenaires, nous suivrons la suite de près et ferons tout ce qui est possible pour accompagner les travailleurs touchés vers un nouvel emploi”, ajoute-t-il.

Le ministre fédéral du Travail et de l’Economie, Pierre-Yves Dermagne, a indiqué via communiqué qu’il serait “particulièrement vigilant quant au respect de la législation applicable”. “J’espère qu’au cours des prochaines semaines, on accordera suffisamment d’attention à la poursuite de l’emploi durable sur le site. J’invite enfin les futurs repreneurs à se mettre au plus vite autour de la table avec les syndicats”

Actuellement, 10.000 personnes recherchent un emploi dans l’arrondissement de Malines. Bon nombre vont s’y ajouter en raison de la faillite de Van Hool. Il faut remonter à 2017 pour recenser environ 12.000 demandeurs d’emploi dans cette région, selon le Voka.

Le patronat flamand demande un plan régional

 L’organisation d’employeurs flamande Voka estime elle qu’un plan régional doit être mis sur pied pour faire face aux conséquences liées à la faillite.

“Nous demandons aux gouvernements fédéral et flamand de prolonger jusqu’en 2030 le dispositif des zones franches”, commente Tom Laveren, du Voka Malines-Campine. L’organisation patronale plaide même pour la mise en place d’une zone franche “Plus” pour la région de Lierre où est située l’usine Van Hool. “Cela permettrait à des entreprises de ne pas verser de précompte professionnel pendant non pas deux mais bien quatre ans. On encourage ainsi les investissements et les embauches. Il ne faut pas oublier que l’impact des licenciements risque d’être plus gros encore puisque de nombreux fournisseurs seront touchés”, ajoute M. Laveren. Les entreprises établies en zone franche bénéficient d’une exonération temporaire de 25% sur le versement du précompte professionnel. Un tel avantage représente une économie de 4 à 5% sur les coûts salariaux.

Les syndicats remontés contre la famille Van Hool

Les syndicats critiquaient l’attitude de la famille Van Hool qui, selon eux, n’a pas contribué à redresser la barre d’une entreprise en difficultés. La faillite du constructeur de bus anversois a été prononcée lundi. “La famille détenait la clé, mais ne l’a pas utilisée”, illustre le front commun. “Le différend familial n’a pas été résolu et le plan de reprise a donc fini à la poubelle.” Les syndicats y voient la preuve que la famille ne se mettait pas au service de l’entreprise. “Nous ne sommes pas psychologues de famille”, commente une représentante du syndicat chrétien ACV/CSC. “C’est principalement de la honte par procuration que l’on ressent aujourd’hui. La seule chose dont nous pouvons être fiers, c’est la manière dont le personnel a surmonté cette agonie.”

Le manager de crise de Van Hool, Marc Zwaaneveld, dont la mission se termine avec l’annonce de la faillite, confirme la version du conflit familial, qui durerait depuis des décennies. Comme l’entreprise n’avait plus d’argent dans les caisses dernièrement, il restait peu de temps pour parvenir à mettre tout le monde sur la même longueur d’onde et la faillite était donc inévitable.  “Nous avons travaillé dur sur un plan de relance. Nous avions le soutien du gouvernement et des banques. J’ai essayé de convaincre la famille Van Hool, mais cela n’a pas marché”, déplore M. Zwaaneveld.

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