Fabien Pinckaers (Odoo): “J’ai une société qui vaut beaucoup d’argent, mais je ne suis pas riche”

Fabien Pinckaers (Odoo)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

“Je n’ai pas des millions sur mon compte en banque, souligne le fondateur d’Odoo, un des fleurons de la Wallonie désormais valorisé à cinq milliards. Ce qui me motive, c’est le projet. Il y a énormément de gens qui souffrent au travail parce qu’ils ne sont pas efficaces ou qu’ils font des choses inutiles. Notre mission, c’est de changer ça. La valorisation, ce sont des chiffres dans un tableau Excell.” Dans notre Trends Talk, Fabien Pinckaerts explique les sources d’une croissance continue.

Fabien Pinckaers, fondateur et CEO d’Odoo, est l’invité de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. A la tête d’une des entreprises les plus inspirantes de Wallonie, il réalise une croissance continue et a annoncé fin 2024 une valorisation à 5 milliards.

Comment s’annonce 2025? “On continue, sourit-il. 50% de croissance, on grandit, on va recruter 2500 personnes cette année. Oui, on continue…” Business as usual, mais cela mérite bien une explication.

“Le produit fait tout”

Gérer une telle croissance, est-ce devenu simple? “Rien n’est facile dans ce monde, il faut beaucoup de travail, mais on s’y met et on va y arriver. Nous avons la chance d’avoir un produit tellement en avance sur son marché que tout ce qui est marketing, commercial et services devient plus simple. Mais il faut continuer à bosser parce que si l’on veut que ce produit reste en avance, il faut continuer à innover, à investir et à trouver les bonnes idées.”

Un exemple de cette marche en avant qui continue? Odoo va placer deux mille panneaux dans toute la Belgique pour inciter les entreprises à se préparer à une évolution importante: la facture électronique obligatoire en ligne à la fin de l’année. “Nous voulons les aider en ce sens.”

Le but, c’est bien de fidéliser davantage d’entreprises encore à se doter de ces services. Odoo représente aujourd’hui une part de marché d’un petit pourcent dans le monde, mais de 20% en Belgique! “Cela commence à devenir significatif, dit Fabien Pinckaers. Mais la majorité des PME ne sont pas encore équipées et font tout à la main. Il y a encore énormément à faire.”

Le but d’Odoo n’est pas d’accompagner le management, insiste le fondateur de l’entreprise, mais bien de libérer les employés de leurs tâches fastidieuses. “On veut que le comptable, le caissier ou la caissière, les ressources humaines… soient plus efficaces. En faisant en sorte que chaque poste soit plus productif, l’entreprise tourne mieux.” Dans les resssources humaines, illustre-t-il, 50% des mails concernent la planification de rendez-vous. “Quel boulot de merde! Evidemment, les gens veulent faire mieux.”

La clé de la croissance d’Odoo, c’est l’adaptation en permanence de l’outil au marché: “La facturation électronique, cela change tout, l’IA, cela change tout, les QR codes pour gérer les stocks, cela change tout… Combient de restaurants sont-ils équipés d’un serveur sur téléphone? Trop peu. Il y a beaucoup à faire.”

“Pas besoin d’aide”

La valorisation d’Odoo a marqué les esprits: 5 milliards d’euros! Cela ne fait pas de Fabien Pinckaers un homme riche. “J’ai une société qui vaut beaucoup d’argent, mais je ne suis pas riche au sens où les gens peuvent le comprendre. Je n’ai pas des millions sur mon compte en banque, je n’en ai même pas un, je n’ai pas une grosse maison, pas une grosse voiture… Ce qui me motive, c’est le projet. Il y a énormément de gens qui souffrent au travail parce qu’ils ne sont pas efficaces ou qu’ils font des choses inutiles. Notre mission, c’est de changer ça. La valorisation, ce sont des chiffres dans un tableau Excell.”

Le fondateur d’Odoo insiste sur l’importance de la Tech, insuffisamment reconnue en Europe: “Si tu prends le top 10 des entreprises les plus valorisées au monde, il y a quinze ans, c’était ExxonMobil, Goldman Sachs… Aujourd’hui, huit des entreprises du top 10 mondial ont été fondée par des développeurs: Google, Apple, Tencent, Amazon, Alibaba… C’est critique! En Belgique, nous sommes en retard, on ne forme pas nos enfants à l’informatique.”

Dernière saillie, son sentiment par rapport à la politique. Qu’attend-il des gouvernements? “Nous sommes des grands garçons, les entrepreneurs. Nous n’avons pas besoin d’un organisme qui nous dise ce que l’on doit faire. Ce que l’on a besoin aujourd’hui, c’est que le service public se concentre sur son core business, c’est-à-dire une administration efficace, en ligne, simple… Aujourd’hui, si vous voulez créer une entreprise, vous devez passer chez un notaire, ce qui va vous coûter 2000 à 3500 euros, ce qui est d’ailleurs illégal. Imaginez pour un entrepreneur qui démarre… Que le gouvernement travaille sur ses fondamentaux: rendre les services publics efficaces, peu chers, réduir la dette… Nous n’avons pas besoin de subsides.”

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