Ainsi moururent les entreprises zombies…
Retardés par les aides publiques accordées aux entreprises durant les crises sanitaire et énergétique, les grands plans de licenciement et les faillites arrivent en nombre.
L’annonce de la suppression de 1.100 emplois chez Van Hool, ce constructeur de bus qui n’a pas su innover, n’est que le dernier nom d’une longue liste d’entreprises aux abois, maintenues artificiellement en vie. Ces derniers mois, les plans de licenciements se sont multipliés en Belgique : Catalent, Match, Makro, Schneider, Wordline, Barry-Callebaut…
La nuit des morts-vivants
On était pourtant prévenus. Les “années crises” ont plongé les entreprises belges dans une bulle. Face à la crise sanitaire, l’État belge s’est endetté comme jamais, en accordant le chômage temporaire ou le droit passerelle, ou en déclarant un moratoire sur les faillites. Face à la crise énergétique, le pays a de nouveau sorti le chéquier pour les particuliers, les indépendants et les entreprises.
Ces aides ont été bien utiles, mais à l’époque, certains s’inquiétaient de maintien en vie des entreprises zombies, ces entreprises qui n’auraient pas survécu sans respirateur artificiel. Il y a aussi une définition plus technique : est considérée comme zombie, une société d’au moins 5 ans, tenue de publier ses résultats et qui, les trois derniers exercices, a publié des fonds propres négatifs. En 2021, le bureau d’informations commerciales Graydon évaluait leur nombre entre 36.000 et 40.000 en Belgique, soit 8 à 9% des 436.000 entreprises à l’époque. L’année suivante, Alianz Trade estimait même cette proportion d’entreprises zombies entre 10 et 15%.
Le nombre de faillites et de pertes d’emplois en forte hausse
En 2020 et 2021, le nombre de faillites a fortement chuté. Mais en 2022, avec la fin du moratoire, le nombre de faillites a explosé de 49%. En 2023, avec 10.771 faillites, c’était encore une augmentation de près de 10% par rapport à 2022. En 2024, les choses ne se présentent pas bien, avec un record absolu de faillites pour un mois de février.
Sur les 9 premières semaines de l’année, l’augmentation par rapport à 2022 est de 30,3% pour les faillites et de 38% pour la perte d’emplois, selon Statbel. Parmi les secteurs les plus touchés : la construction, le commerce et bien sûr l’horeca.
Aux chocs sanitaire et énergétique, il faut ajouter un choc des salaires, avec l’indexation automatique. Sans les aides, et dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale et de taux d’intérêt élevés, la nuit des morts-vivants est terminée.
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