Entreprise cherche travailleur pour métier en pénurie

© Belga

Electromécanicien, boucher, soudeur, menuisier, installateur de gaz, ascensoriste… autant de métiers techniques aujourd’hui en pénurie. De nombreuses entreprises qui souhaiteraient étendre leur activité se retrouvent bloquées par manque de main-d’oeuvre. Nombreuses sont celles qui ont choisi de former elles-mêmes leur personnel.

En Belgique, la liste des métiers en pénurie dans le secteur industriel ne fait que s’allonger d’année en année. Bien souvent, l’enseignement professionnel et technique est perçu comme une voie de garage. Les jeunes ne souhaitent dès lors plus se diriger vers ces filières s’ils ont le choix, et ce, même si le métier qu’ils voudraient exercer le demande. S’ils sont « bons à l’école », on les poussera vers des métiers plus intellectuels. Après cinq ans d’études supérieures, ils se retrouveront peut-être au chômage alors que s’ils avaient choisi de devenir électromécanicien, ils auraient déjà un emploi.

Parallèlement à cela, de nombreuses entreprises ne trouvent plus de personnel qualifié. Quelque 27 % des employeurs belges affirment devoir faire face à des pénuries de main-d’oeuvre, révélait la dernière enquête de ManpowerGroup en octobre dernier. Parmi les entreprises de l’industrie technologique, 63 % éprouvent des difficultés dans le recrutement de fonctions techniques. Agoria, la fédération du secteur technologique constate un problème de pénurie important dans trois profils surtout : les techniciens, les informaticiens et les ingénieurs civils et industriels.

Face à l’impression de passivité des pouvoirs publics par rapport aux difficultés de recrutement rencontrées par les entrepreneurs, ces derniers ont décidé de prendre les choses en main. C’est le cas par exemple de Viangro. Cette société située à Anderlecht et est l’un des plus importants fournisseurs de viande pour les collectivités _ comme les hôpitaux ou les écoles _ et pour les supermarchés. Viangro emploie aujourd’hui 650 personnes et est donc un moteur de l’emploi en Région bruxelloise. Parmi les profils, on trouve du personnel administratif, des opérateurs en logistique, des gestionnaires mais surtout des bouchers. Enfin, c’est en tout cas ce qu’aimerait trouver la famille Borremans, propriétaire de l’entreprise. « Nous avons de grandes difficultés à recruter un personnel qui est déjà formé, précise Brigitte Borremans, fille du fondateur. Ils sont peu nombreux à choisir cette filière et le métier de boucher est difficile. Vous travaillez dans le froid toute la journée avec des horaires variables. Lorsque nous connaissons une période de beau temps, par exemple, les supermarchés nous commandent plus de barquettes toutes prêtes pour les barbecues. Et comme nous travaillons en flux tendu, nous ne le savons que le matin même. »

Pour tenter s’adapter à cette contrainte, Viangro a décidé d’engager des personnes sans qualification dans le but de les former en interne. « Dans notre société, certains coupent les carcasses, d’autres portionnent la viande dans des barquettes, d’autres font les plats préparés. Une personne ne doit donc pas connaître le métier de boucher de A à Z comme s’il travaillait dans une petite boucherie. Du coup, nous tentons de trouver des candidats qui connaissent un peu la viande et nous les formons sur le tas. »

Dans l’atelier, il y a toujours un maître de référence qui va apprendre au nouveau à exécuter une tâche, découper le dos d’un boeuf par exemple, et ce dernier ne fera rien d’autre. Evidemment, si au bout de quelques années, celui-ci demande à changer de poste et que cela est possible, il sera formé pour sa nouvelle fonction. « Nous n’avons pas le choix. En même temps, nous employons des gens peu qualifiés, d’origine étrangère pour la plupart. Il faut savoir qu’une centaine de nationalités se croisent dans l’entreprise chaque jour, ce qui n’est pas toujours facile dans la gestion des ressources humaines. Mais c’est important pour nous car nous avons ainsi l’impression d’aider la région de Bruxelles. »

Des profils particulièrement recherchés

« Si vous me trouvez un électromécanicien, je l’engage toute de suite. » Johan Claes, responsable des ressources humaines à la Stib ne plaisante pas. Pour lui, certains profils sont tout simplement introuvables. La société de transports en commun bruxellois recherche activement des techniciens, des ingénieurs avec une expérience dans le domaine technique, des managers, etc. Et à la Stib comme chez Viangro, on préfère former en interne parce qu’il n’est pas possible de demander à une personne de connaître le fonctionnement des véhicules de tram ou de métro. « De toute façon nous devons expliquer les spécificités de nos machines. Mais pour cela, il faudrait déjà trouver un électromécanicien qui sache de quoi il parle. Nous avons également notre propre école technique, notre école de conduite et notre école de management, qui chacune offre des formations adéquates suivant les différents profils. »

Se servir des compétences des travailleurs plus âgés

Les artisans sont également en voie de disparition et certains n’hésitent pas à remettre au goût du jour la formule du compagnonnage. Chez Repamine, société spécialisée dans l’échafaudage et la ferronnerie d’art, il est difficile de trouver des artisans capables de souder le métal de manière esthétique tout en pensant rentabilité. « Depuis que j’ai racheté cette entreprise voici trois ans, nous avons triplé notre chiffre d’affaires dans la ferronnerie d’art mais nous sommes actuellement freinés dans notre expansion à cause d’un manque de personnel qualifié, explique Eric Viatour, directeur de Repamine. Nous avons rencontré beaucoup de difficultés pour engager des dessinateurs qui puissent imaginer un portail ou une devanture unique tout en pensant à sa faisabilité. C’est un travail complet qui malheureusement se perd. Idem pour les soudeurs. Je suis allé rencontrer des gens dans les centres de formation et les écoles mais peu veulent apprendre la ferronnerie, ou alors ils s’orientent vers l’art pur et simple. J’ai vu plus de 100 candidats et j’ai réussi à en embaucher 13. Mon chef d’atelier les forme mais cela ne suffit pas. Du coup, je suis obligé d’employer via une société d’intérim, des personnes venant de Pologne qui connaissent le métier. Je ne fais pas cela pour être plus rentable, je n’ai simplement pas le choix. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content