Electricité : “Si les prix doivent être vrais, ils doivent baisser !”

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La patronne d’Electrabel a prévenu : les prix de l’énergie doivent être “vrais”, donc augmenter dès cette année. Au grand énervement du PTB, qui exige l’instauration de prix maximaux sur l’énergie “comme en France” et une TVA revue à la baisse.

Invitée mercredi à discourir lors de la réception de nouvel an d’une fédération multisectorielle, Sophie Dutordoir, patronne d’Electrabel, a dénoncé l’échec de l’Europe de l’énergie. Regrettant l’absence d'”un cadre régulatoire commun, stable, stimulant les solutions les plus efficaces et les moins coûteuses”, Sophie Dutordoir a estimé que les autorités ont opté pour des “voies que les uns qualifieront de volontaristes et les autres de fuites en avant“, rapporte Le Soir dans son édition de jeudi.

“Si les prix de l’énergie doivent être des indicateurs, notamment de la rareté de l’énergie, et aussi des incitants à l’économie (après tout, tel est bien le rôle des prix dans une économie de marché), ils doivent être vrais, ne pas induire en erreur, même pour les particuliers, a encore affirmé la patronne de la filiale belge de GDF Suez. Ils seront donc à la hausse et il s’agit de définir les accompagnements nécessaires : fonds à objectifs sociaux, nouvelles indexations, etc.”

Sophie Dutordoir s’interroge au passage sur la manière “de réduire les subsides d’aubaine aux énergies renouvelables pour financer des économies d’énergie de masse par l’isolation de tous les bâtiments publics et privés”, de “pallier les insuffisances manifestes du marché et faire du droit de la concurrence un outil et non une fin”, écrit encore le quotidien.

“Madame Dutordoir, si les prix de l’électricité doivent être vrais, ils doivent baisser !”

“Si les consommateurs payaient le prix vrai de l’énergie, l’électricité ne devrait pas être plus chère mais précisément meilleur marché !, rétorque Tom De Meester, spécialiste énergie au PTB, sur le site Internet du Parti du travail de Belgique. Electrabel qui, dans notre pays, fournit toujours l’électricité à 61 % des ménages, maintient artificiellement élevé le prix pour les consommateurs.”

Et le spécialiste énergie d’enfoncer le clou : “Comment Electrabel explique-t-il que les familles en Belgique paient leur électricité 40 % plus cher qu’en France ? Cela n’a rien à voir avec les taxes ou les tarifs de distribution, mais avec les marges bénéficiaires extrêmes appliquées en Belgique. Selon les chiffres officiels de l’organisme public de contrôle, la Creg, Electrabel réalise en Belgique 1,3 milliard d’euros de bénéfices en trop en continuant à vendre très cher l’électricité ridiculement bon marché des centrales nucléaires amorties depuis longtemps.”

Energie : vers l’instauration de prix maximaux et une TVA revue à la baisse ?

Le PTB exige dès lors que l’on intervienne préventivement contre les hausses de prix. “Il doit y avoir des prix maximaux pour l’énergie, comme en France, qui s’appuient sur le coût réel et une marge raisonnable, plaide Tom De Meester. Aujourd’hui, c’est la soif de bénéfice de GDF Suez qui détermine le prix et c’est la vraie raison pour laquelle Sophie Dutordoir annonce de nouvelles hausses de prix. Pour nous, les consommateurs doivent passer en premier lieu et non les actionnaires de GDF Suez.”

L’Etat doit également nettoyer devant sa porte : il doit lui aussi appliquer le “vrai” tarif de TVA, estime l’expert du PTB. “Aujourd’hui, nous payons 21 % de TVA sur l’énergie, alors que le tarif réel pour les besoins de base n’est que de 6 %.” Les prix de l’énergie à la hausse accroissent, en outre, spectaculairement les rentrées de la TVA : “Si Electrabel augmente ses prix, les caisses de l’Etat en profitent. Ce n’est pas honnête. Ainsi, le consommateur paie deux fois.”

Pour compenser la chose, le PTB veut que la TVA sur le gaz et l’électricité soit ramenée de 21 % à 6 %.

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