Edmond de Rothschild cherche le repreneur de votre PME : “La succession est un problème majeur en raison du vieillissement de la population”
Le véhicule d’investissement français Trajan Capital, qui fait partie du groupe Edmond de Rothschild, débarque au Benelux. Trajan aide les entreprises à rechercher un acquéreur.
“Les problèmes de succession ne se posent pas seulement en France. Alors que le vieillissement de la population s’accélère dans toute l’Europe, de nombreuses PME perdent leur PDG-fondateur qui part à la retraite. Ces personnes n’ont pas nécessairement pensé à son successeur”, explique Arnaud de Cartier, cofondateur de Trajan Benelux. “Actuellement, une entreprise familiale sur deux ne sait pas encore si elle restera dans la famille ou non. Les PME étant le cœur battant de toute l’économie – et certainement de l’économie belge – c’est un véritable problème.”
Continuité
Trajan Capital fait valoir qu’elle a acquis en France l’expérience nécessaire pour faire face à ce problème belge. “Dans le cadre de notre stratégie Transmission & Croissance, nous nous concentrions exclusivement sur les PME françaises confrontées à un problème de succession”, explique le cofondateur Thomas Duteil. “Nous constituons un pool de candidats managers qui, selon nous, pourraient correspondre. Nous examinons la stratégie de l’entreprise avec le repreneur potentiel et commençons à analyser l’ensemble de l’entreprise. Nous présentons ensuite notre solution à l’entrepreneur qui souhaite transmettre son entreprise.”
Une fois que la direction sortante a donné son accord pour la succession, Trajan guide la nouvelle génération de dirigeants dans la prise en charge des responsabilités. “Très souvent, l’entrepreneur sortant possède 100 % des actions et est également PDG”, note De Cartier. “Nous introduisons le nouveau PDG, après quoi il y a une période de transition, qui peut varier de six mois à trois ans. Nous supervisons l’ensemble de la transaction, la documentation, l’administration, etc. Nous assurons la continuité.”
Il est également important que l’entreprise reste ancrée dans la région et que sa culture et son ADN soient préservés. En effet, “l’entreprise est souvent le dernier enfant d’une famille”, observe Duteil. “Et nous pensons que le capital humain est très important.”
Unique en Belgique
Quelles sont les PME éligibles ? “Nous ne nous intéressons qu’aux entreprises qui fonctionnent bien, et nous les développerons ensuite davantage”, précise Duteil. “Nous recherchons des entreprises qui ont un avenir. Et cela peut être dans à peu près tous les secteurs.”
L’acquisition de l’entreprise bretonne de robotique AB Process Engineering en 2020 en est un exemple. “Elle était en vente depuis un certain temps”, explique De Cartier. “Un banquier est venu nous voir par le biais du bouche-à-oreille et nous a demandé si nous n’avions pas un candidat acquéreur. En effet, nous avions dans notre pool un candidat qui avait de l’expérience dans le secteur des technologies. Nous avons immédiatement approché le propriétaire d’AB Process : au lieu de vendre l’entreprise à un grand groupe industriel qui risquait de tout engloutir et de remettre en question l’emploi, nous avons proposé de placer cette personne à la tête de l’entreprise. Le propriétaire nous a finalement vendu l’entreprise, tout en conservant 45 % des parts.”
Ce fonctionnement en tant que fonds de capital-investissement ou de private equity sera-t-il quelque chose d’unique en Belgique ? “Il n’existe aucun fonds qui se concentre sur la transmission d’entreprise de cette manière”, affirme De Cartier. “Avec Trajan, nous nous concentrons vraiment sur les propriétaires d’entreprises qui ne veulent pas continuer, sur les entreprises où il faut attirer une nouvelle direction. Notre solution globale comprend à la fois l’apport de capitaux et l’assurance que le propriétaire de l’entreprise reste actionnaire, ainsi que la continuité de l’œuvre de sa vie. Et cela n’existe pas encore de manière aussi structurée. Il y a des personnes qui font des recherches de candidats, mais elles travaillent généralement sur une base individuelle.”
Capital-investissement
Pour les injections de capitaux nécessaires, Trajan peut s’appuyer sur le fonds de private equity d’Edmond de Rothschild, qui gère plus de 4 milliards d’euros. Le fonds vise à réaliser trois à quatre investissements par an, avec des parts comprises entre 10 et 20 millions d’euros par investissement.
De moins en moins d’entreprises sont cotées à la Bourse de Bruxelles, de sorte que de plus en plus d’investisseurs se tournent vers les entreprises non cotées. Le capital-investissement n’est d’ailleurs pas réservé aux plus grandes fortunes. Mais Trajan Capital, qui exige un investissement minimum de 250.000 euros, n’est peut-être pas le meilleur exemple de cette tendance.
LAURENS BOUCKAERT
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