Echec des négociations pour des mesures de sécurité dans les supermarchés

Myriam Delmée, présidente du Setca © isopix

Les syndicats et la fédération du commerce Comeos n’ont pas réussi à se mettre d’accord, vendredi soir, sur un renforcement des mesures de sécurité sanitaire dans les magasins alimentaires, indique le front commun syndical.

“À 1h30 ce samedi matin, après plus de six heures de négociation, nous devons constater l’échec des négociations sectorielles dans le cadre des mesures Covid pour les magasins alimentaires”, regrettent les syndicats, qui pointent un manque de confiance autour de la table à l’origine de cette déroute.

Les discussions ont bloqué sur une clause de paix sociale qui prévoyait que, à la demande des entreprises, les syndicats ne puissent plus émettre de revendications relatives au coronavirus durant la durée de l’accord, soit jusqu’à l’été prochain, explique Myriam Delmée, présidente du Setca. Ce que les représentants des travailleurs ont refusé, ne voulant pas fermer la porte à des demandes du personnel et éteindre toute discussion, en particulier dans une période aussi incertaine.

“Cela risque d’entamer durablement la paix sociale dans les entreprises”, avertit le front, qui assure reprendre la semaine prochaine -dès lundi- les discussions au sein des entreprises “à la fois sur les mesures sanitaires mais aussi sur les compensations financières”.

Le personnel tombe comme des mouches

Les tensions semblent en tous cas être à leur comble dans les magasins. “Le personnel tombe comme des mouches. Certaines grandes surfaces ne travaillent qu’avec un quart de leur personnel”, illustre Delphine Latawiec, secrétaire nationale à la CNE Commerce. Or, avec le reconfinement annoncé vendredi, les consommateurs recommencent à faire leurs provisions et à faire preuve de comportements excessifs, déplore la syndicaliste. “Les travailleurs sont donc fatigués et on ne peut pas exclure que le personnel exprime cette colère”, met-elle en garde.

Même son de cloche chez Myriam Delmée. “La pression est de plus en plus forte, en particulier à l’approche des fêtes de fin d’année, une période importante de ventes. Vu la fermeture des restaurants et le confinement, les gens devront donc rester chez eux et cuisineront davantage. Ils auront donc encore plus besoin d’aller en magasin”, suppose la présidente du Setca, qui redoute que certaines personnes se transforment en “bête asociale”. Raison pour laquelle les syndicats demandent un encadrement et un environnement sécurisant pour le personnel.

Les discussions étaient pourtant allées assez loin, à entendre Myriam Delmée. D’après une communication du front commun syndical, outre un renforcement et une redéfinition claire des mesures de sécurité et sanitaires dans les magasins, était également sur la table une prime de 500 euros à titre de compensation financière “pour les efforts réalisés par les travailleurs à l’occasion de la seconde vague du Covid et dans le contexte des périodes de fortes ventes de fin d’année”.

Si Comeos et les syndicats ont pu s’entendre sur une compensation financière et des mesures sanitaires, comme au printemps dernier, cela n’a par contre pas été possible sur d’autres aspects qualitatifs, déplore Deplhine Latawiec, citant la possibilité de pouvoir fermer les magasins plus tôt ou des temps de repos plus importants, qui auraient permis au personnel de souffler.

Les discussions sectorielles ont donc finalement échoué car les syndicats voulaient pouvoir encore négocier des mesures de bien-être en fonction des entreprises alors que Comeos souhaitait une clause de paix sociale “absolue” avec aucune revendication possible jusque fin juin 2021, constatent les représentants des travailleurs dans un communiqué commun.

Un sentiment de “marche ou crève” que n’ont pas accepté Setca, CNE et CGSLB, qui ont un “goût bizarre en bouche”. “Les enseignes vont à nouveau afficher des chiffres records, elle commencent à se parer aux couleurs des fêtes, le client (et son portefeuille) seront choyés et les travailleurs continueront à tomber comme des mouches sous la pression au travail et la maladie”, fustigent ainsi les trois organisations, qui demandent davantage de respect pour les travailleurs.

Contactée, Comeos n’a pas voulu réagir à cet échec des discussions. “Les négociations n’ont pas abouti cette nuit. Pour l’instant, nous ne souhaitons pas faire de commentaires afin de donner toutes les chances à la concertation”, répond ainsi la fédération du commerce et des services.

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