Delhaize s’oriente vers des contrats de franchise de type “néerlandais”

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Stijn Fockedey Stijn Fockedey est rédacteur de Trends

Ce n’est un secret pour personne, Delhaize veut franchiser ses 128 magasins intégrés. Les négociations sont en cours et la finalisation de celles-ci pourrait arriver cet été.

Mais les repreneurs potentiels se verront proposer des contrats différents de ceux que Delhaize a conclus jusqu’à présent avec les opérateurs indépendants. Les biens immobiliers, par exemple, resteront en grande partie la propriété de Delhaize. Dans la pratique, les nouveaux acquéreurs auront donc un peu moins de pouvoir, comme c’est le cas aux Pays-Bas.

Delhaize est en pleine tourmente depuis que le groupe a annoncé au mois de mars qu’il voulait franchiser ses 128 supermarchés intégrés. Au cours des deux derniers mois, Delhaize n’est pas parvenu à un accord lors des négociations avec les syndicats. Ceux-ci craignent pour l’emploi et les conditions de travail des quelque 9.000 employés de ces supermarchés, même si Delhaize promet que tous conserveront leurs conditions salariales actuelles.

Les négociations avec les repreneurs potentiels semblent, elles, se dérouler plus calmement. Il s’agit d’opérateurs indépendants, qui exploitent déjà des Delhaize, de nouveaux entrepreneurs et d’actuels responsables de succursales.

Aux Pays-Bas

Selon le syndicat chrétien ACV, Delhaize souhaiterait aller loin dans le transfert de ces succursales à des exploitants indépendants tout en gardant un contrôle plus strict qu’auparavant.

Ainsi, selon les cas, Delhaize envisagerait de céder les magasins pour un euro symbolique, les locaux commerciaux, quant à eux, resteraient en grande partie la propriété de Delhaize, même si pour certains, le groupe renoncerait au loyer pendant environ six ans.

A première vue, ces conditions font sursauter le secteur de l’alimentation. Dans les supermarchés en Belgique, il est d’usage qu’un opérateur indépendant soit, soit propriétaire des locaux commerciaux, soit il les loue directement.

Cela s’explique en partie par des raisons historiques : de nombreux supermarchés exploités sous franchise ont été des épiceries. Cela confère ainsi aux franchisés une position plus forte vis-à-vis du franchiseur. Ce dernier ne peut tout simplement pas les remplacer au même endroit.

Aux Pays-Bas, la culture de la franchise est plus présente et la marque contrôle elle-même davantage les sites, ce qui enferme dans un carcan les franchisés, leur laissant moins de liberté. Ils ont également moins leur mot à dire quant à l’assortiment, l’agencement des magasins, l’organisation du personnel, etc.

Il semblerait donc que Delhaize veuille conclure des contrats plus stricts avec les nouveaux opérateurs, comme c’est déjà le cas chez Albert Heijn. Le fait de ne pas payer de loyer pendant un certain temps créera une forte relation de dépendance entre les nouveaux opérateurs et Delhaize. Dans les milieux syndicaux, on se demande s’il s’agit encore de magasins véritablement indépendants.

Incertitude quant à la rentabilité

“L’opérateur jouit toujours d’une autonomie suffisante”, déclare Luc Ardies de Buurtsuper.be. “Il s’agit d’une relation de franchise classique, et certainement pas d’un simulacre de travail indépendant. Toutefois, je peux confirmer que les propositions portent sur un type d’accord très différent de ce qui était courant chez Delhaize. C’est, bien sûr, une situation particulière puisqu’il s’agit d’une corporatisation de grands magasins sous leur propre direction, et donc cela implique un modèle d’entreprise complètement différent de ce que Delhaize a toujours offert aux franchisés par le passé. Il est très difficile pour les potentiels opérateurs de savoir si les supermarchés à reprendre seront suffisamment rentables. En effet, les opérateurs indépendants reprennent non seulement le magasin et le personnel, mais ils sont également responsables des investissements à réaliser en matière de rénovation, de décoration et d’équipement.

“Si Delhaize impose des règles plus strictes, le groupe doit également veiller à ce qu’un acheteur potentiel puisse récupérer son investissement dans un délai raisonnable. Il se peut, en effet, que Delhaize cède un magasin presque gratuitement, parce que le franchisé doit faire face à une série de frais supplémentaires. Il peut s’agir de magasins plus vieux dans lesquels il faut encore investir massivement dans l’isolation, le refroidissement et le chauffage à haut rendement énergétique, etc. Ou bien l’agencement du magasin doit être entièrement rénové. Pour un AD Delhaize (grand supermarché de quartier, etc.) en cours de rénovation, il faut compter 1.500 euros par mètre carré. Si l’on transpose ce chiffre à 2.000 mètres carrés, soit la surface moyenne des 128 supermarchés à franchiser, on arrive rapidement à plusieurs millions d’euros. Lorsque vous louez votre magasin à Delhaize en tant que franchisé indépendant, vous devez donc pouvoir récupérer ce montant pendant la durée de votre bail.

Nos collègues de Trends ont tenté de contacter Delhaize pour avoir l’avis du groupe, mais rien ne peut être divulgué actuellement sur les négociations, si ce n’est que Delhaize espère les finaliser au cours de l’été. Delhaize précise également que chaque supermarché doit être considéré comme un dossier distinct et qu’il pourrait donc bénéficier de conditions différentes.

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