En cas de canicule, quelles sont les mesures à prendre par les employeurs ? Quels sont vos droits en tant que travailleur ?
La législation impose aux entreprises de mettre en place certaines mesures afin de constater la température d’un environnement de travail. Pour ce faire, un simple thermomètre ne suffit pas mais un thermomètre-globe est requis, rappelle le SNI, le Syndicat Neutre pour Indépendants. Ce type spécifique de thermomètre tient également compte du rayonnement thermique, de la vitesse de l’air et de l’humidité de l’air. Les résultats qu’il donne sont facilement 5 degrés inférieurs à la température indiquée par un thermomètre classique. La température devra être prise dans le bureau même et pour les employés qui effectuent un travail à l’extérieur, il s’agira de la valeur mesurée au dehors.
La valeur maximale dont il faut tenir compte n’est pas la même pour tous les travailleurs. Pour les personnes exerçant un métier très lourd, la limite maximale est à 18 WBGT (‘wet-bulb globe temperature’). Les employés de bureau pourront, eux, faire appliquer les mesures anti-canicule à partir de 29 WBGT (mesuré par le thermomètre-globe). La limite pour les métiers dit “lourds” est de 22, et de 26 pour les activités qualifiées de “moyennement lourdes”.
A partir de 34 degrés
En tenant compte des relevés de ce thermomètre bien précis, la température doit donc facilement être de 34 degrés dans un bureau pour amener des employés à cesser leur travail, une température rarement atteinte dans des espaces la plupart du temps climatisés.
Si cette température est quand même dépassée, l’employeur devra prendre un certain nombre de mesures, comme la mise en place d’écrans solaires, individuels ou collectifs. De l’eau et des boissons fraîches doivent aussi être mises à disposition. Si aucune aération artificielle n’est installée, un ventilateur ou un système d’air conditionné devront être actionnés.
Ces mesures dépendent du type de travail effectué par le salarié. Pour les salariés qui exercent un travail très lourd, comme les ouvriers du bâtiment, les mesures s’appliquent plus rapidement que pour les autres. De plus, l’employeur doit, si la canicule se prolonge, prévoir des pauses, toujours en fonction de la nature et de la pénibilité du travail.
De nouvelles obligations à partir du 1er juillet 2025
Par ailleurs, en France, à partir du 1er juillet 2025, les employeurs devront renforcer leurs mesures face aux épisodes de forte chaleur. En plus des seuils existants basés sur l’indice WBGT (wet bulb globe temperature) — allant de 18 à 29 °C selon l’intensité du travail —, une nouvelle obligation entre en vigueur : le risque canicule devra désormais être formalisé dans le document d’évaluation des risques (DUERP). Les employeurs devront adapter l’organisation du travail lors d’alertes météo (horaires, pauses, ventilation, hydratation), et informer clairement les travailleurs. Contrairement à la France, la Belgique applique toujours les règles fédérales du Code du bien-être au travail du SPF Emploi. Aucun changement réglementaire majeur n’est annoncé à ce jour.
Dans le secteur de la construction, des arrêts de travail indemnisés pourront être déclenchés lors d’alertes orange ou rouge. Bien que le salarié ne puisse pas arrêter de travailler de sa propre initiative, le droit de retrait reste possible en cas de danger grave et imminent. Ces évolutions traduisent une volonté claire des autorités de mieux encadrer le travail en période de canicule, alors que les vagues de chaleur se multiplient.
Mesures préventives
La loi oblige les employeurs à prendre des mesures préventives lorsque les températures sont élevées. Dans la plupart des entreprises, ces mesures ont déjà été définies à l’avance. Il pourrait par exemple s’agir de:
• protéger les travailleurs contre la lumière directe du soleil ou une chaleur excessive (volets, stores, climatisation, ventilation, etc.),
• réduire l’exposition au soleil (p.ex. en travaillant à l’ombre et pas en plein soleil),
• modifier les horaires de travail et l’organisation du travail (p.ex. en commençant plus tôt ou en instaurant des pauses régulières),
• fournir une protection (p.ex. des vêtements de protection, de la crème solaire, …),
• fournir des boissons appropriées comme de l’eau fraiche.
Alerte travail à domicile
Les employeurs et les travailleurs peuvent également s’entendre sur la possibilité de travailler à domicile par temps extrêmement chaud, comme c’est possible en été.
Les entreprises peuvent ainsi éviter d’avoir à envoyer leurs travailleurs travailler dans cette chaleur. Lors de l’élaboration de la procédure au sein d’une entreprise, il faut bien sûr distinguer les fonctions qui sont éligibles au télétravail et celles qui ne le sont pas.