Brussels Airlines : une décision sur les cotisations sociales la semaine prochaine

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Le gouvernement devrait se prononcer sur les mesures de réduction de cotisation sociale pour les compagnies aériennes belge, qui pourrait faire économiser 20 millions d’euros par an à Brussels Airlines. Ce n’est pas la seule étape pour assurer le retour à la rentabilité, mais elle est importante. La fin de l’année sera très active à Zaventem…

Le chemin est encore long pour Brussels Airlines. La compagnie belge, qui perd de l’argent depuis 2007, cherche à réduire ses coûts et augmenter son volume d’affaires pour revenir à la rentabilité en 2014. Elle avait obtenu l’été dernier un accord de principe du gouvernement pour obtenir, avec tous les autres transporteurs aériens belges, une réduction des cotisations sociales pour le personnel navigant. La mesure devait faire l’objet d’une discussion avec la Commission européenne, pour éviter qu’elle soit considérée comme une aide illicite. Le cabinet du ministre de la Mobilité, Melchior Wathelet, indique qu’une décision précise sera annoncée la semaine prochaine.

Une note alarmante

L’impact de la mesure sur le coût des compagnies belges serait de 30 millions d’euros, dont 20 millions d’euros pour la seule Brussels Airlines. Notre confrère De Morgen évoque une note alarmante du gouvernement, qui parlait d’un risque de faillite au cas où cette réduction ne serait pas accordée. Avec un impact négatif pour l’aéroport de Bruxelles et celui de Charleroi au cas où ce dernier verrait Ryanair déménager à Zaventem. La porte-parole de Brussels Airlines, Wencke Lemmes, dément cette perspective. ” La réduction de cotisation, dont le dossier est encore en cours d’examen, est un élément d’un plan plus vaste ” indique-t-elle.

La situation de Brussels Airlines est effectivement difficile, la compagnie ayant perdu 80 millions d’euros l’an dernier. Le secteur aérien européen est du reste fortement affecté par la crise : Air France KLM est aussi en restructuration, Iberia et SAS ont annoncé des milliers de départs.

Brussels Airlines souffre de la concurrence des low cost, Ryanair principalement, mais aussi easyJet, Wizz Air sur l’Europe de l’Est, Vueling sur l’Espagne. A peu près toutes les lignes européennes sont mises sous pression. La mesure attendue sur les cotisations sociales vise à égaliser les conditions de concurrence. Ryanair opère depuis Charleroi en recourant (en toute légalité) à du personnel salarié en Irlande, aux coûts sociaux irlandais plus bas. Cela ne sera plus possible à partir de 2020. Brussels Airlines a fait un lobbying pour obtenir anticipativement une égalisation des conditions, applicable à l’ensemble du secteur pour éviter un recours pour aide publique illicite.

Le cabinet de Melchior Wathelet ne fait aucun commentaire sur la décision qui pourrait être annoncée, après discussion avec la Commission européenne. Il n’y a donc pas de confirmation sur l’ampleur de la mesure (les 30 millions d’euros).

Une stratégie de réduction de coût et de longs-courriers

Cette réduction de coût fait partie d’un plan plus vaste qui porte sur 110 millions d’euros de baisse de coût ou d’amélioration des ventes. Une partie de ces améliorations devraient être réalisé à travers la généralisation de temps partiels, des retraites anticipées, dans changement dans les prestations. Une importante négociation avec le personnel (3500 salariés) devrait, si tout va bien, aboutir d’ici la fin de l’année. L’objectif est d’aboutir sans licenciement sec.

La stratégie de la compagnie, qui est présidée par Etienne Davignon, et dirigée par Bernard Gustin, consiste à réduire ses coûts et à améliorer sa profitabilité par le développement du long courrier. La compagnie n’a jamais gagné d’argent sur le réseau européen, les bénéfices étant générés par les vols africains (sur les 7 années rentables sur les 11 de l’histoire de la compagnie). La compagnie maintient un vaste réseau européen, jugé indispensable pour alimenter les vols longs courriers. Les passagers des vols africains viennent majoritairement de pays hors du Benelux

Le plan de restructuration, appelé Beyond 2012 2013, est axé sur l’augmentation de la part du long-courrier. Il représente actuellement un petit 20% des ventes, et devrait passer à 30%. La compagnie espère ajouter un avion long-courrier A330 tous les ans. Elle a lancé l’été dernier un vol Bruxelles-New York qui affiche des résultats encourageants, avec plus de 30% de part de marché, et juillet et août rentables. La compagnie, qui possède 7 avions long-courriers, a continué à développer le marché africain malgré les années de pertes. Elle cherche à tirer parti du décollage économique de l’Afrique subsaharienne. Malgré la crise, le marché des vols longs-courriers, en Europe, reste en croissance.

Le soutien (conditionnel) de la Lufthansa

Le plan n’est pas gagné d’avance, en particulier dans le contexte morose du marché aérien en Europe. Le grand atout pour passer le cap difficile des prochains mois est le soutien de Lufthansa, premier actionnaire de la compagnie (à 45%), qui est l’un des groupes aériens européens les plus solides. Il est prêt à accorder une ligne de crédit à Brussels Airlines pour passer le cap pour lui permettre de conserver un niveau de cash d’au moins 100 millions d’euros. Et d’éviter de devoir prendre des décisions en panique. Ainsi la compagnie est en train de sortir les vieux moyens courriers de sa flotte, les Avro et les 737, trop coûteux à opérer, pour utiliser des Airbus 320 . L’opération représente un coût de 10 millions d’euros pour 2012 (coût de transfert, formations pilotes,…).

Le soutien de la Lufthansa ne se fera pas à n’importe quel prix : l’argent ne sera prêté que si un accord est signé avec le personnel. Les semaines à venir seront donc cruciales pour que les perspectives de la compagnie soient plus claires.

Robert van Apeldoorn

Lire aussi article dans magazine Trends Tendances paru le 29 novembre dernier, ” Les paris de Brussels Airlines “.

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