Belvas, le chocolat labellisé Demeter

© photos: Belvas

En février, Belvas, la chocolaterie wallonne et équitable, a officiellement lancé son chocolat issu de fèves cultivées en biodynamie. Si la biodynamie est déjà répandue, entre autres dans le monde du vin, elle est très rare dans le monde du chocolat.

Pour rappel, la biodynamie consiste à considérer l’exploitation agricole comme un organisme vivant autonome, à intégrer la faune et la flore et à prendre en compte l’influence du cosmos (soleil, lune, planètes). Il en résulte un calendrier précis avec des jours feuilles, fruits, racines et graines qui déterminent les travaux possibles. Pour être certifiée, une exploitation doit d’abord être labellisée bio avant ensuite de répondre aux cahiers des charges d’organismes certificateurs. Le plus important est Demeter qui impose l’utilisation de tisanes à base de plantes comme l’achillée millefeuille, la prêle, l’ortie, etc. Ces tisanes fonctionnent, comme l’homéopathie, à des doses infinitésimales. Elles ont pour but de renforcer la plante et lui permettre de mieux résister aux agressions.

Le cacao après le vin

On y croit ou on n’y croit pas mais force est de constater que la biodynamie donne, sur le terrain, des bons résultats. Dans le secteur du vin, auparavant grand consommateur de produits phytosanitaires, elle est aussi devenue un argument commercial. Comme le bio d’ailleurs. Les consommateurs, surtout les jeunes, sont attirés par des vins respectueux de l’environnement. Elle prend aussi de l’ampleur dans le secteur des fruits et légumes mais les surcoûts qu’elle engendre ne plaident pas forcément en sa faveur.

Et voilà qu’au début février, Belvas, la chocolaterie équitable installée dans le zoning de Ghislenghien, a annoncé se lancer dans la production industrielle de chocolat à base de fèves biodynamiques.

Cette initiative a été perçue à tort par certains comme unique au monde. Cela fait 10 ans que Pacari, une exploitation familiale équatorienne labellisée B Corp, a lancé des tablettes sur base de fèves d’Arriba Nacional cultivées en biodynamie. Santiago Peralta et Carla Barboto, les deux jeunes fondateurs, proposent désormais leurs produits dans 42 pays. Ils ne sont pas tous labellisés Demeter.

La version biodynamique demeure un produit de niche au prix assez élevé: environ 8 euros la tablette de 70 g. Cet été, Sul do Bahia, une coopérative brésilienne, s’est aussi lancée dans la biodynamie.

Le chocolat Demeter a été pensé pour le marché allemand. Il y a dans ce pays une très forte demande.

Créée en 2005 par Thierry Noesen, Belvas achète 600 tonnes de fèves chaque année pour produire environ 1.000 tonnes de chocolat. En 2022, la société a réalisé 11 millions d’euros de chiffre d’affaires. Tous les produits sont labellisés Fairtrade et bio.

Ils sont vendus, chez nous, dans les épiceries et supermarchés bios comme Färm ou Bioplanet. 85% de sa production est destinée à l’export. Le chocolat Demeter a été pensé pour le marché allemand. “Il y a dans ce pays une très forte demande, souligne Thierry Noesen. Lors du dernier salon Biofach à Nuremberg (le plus grand salon mondial de l’alimentation et de l’agriculture bio, Ndlr), j’ai été assailli par les acheteurs allemands. C’est de bon augure pour nos débuts. Les premières tablettes seront livrées à la fin du mois. On va rester bien en dessous du prix de Pacari.”

Production limitée

La première année, Belvas entend importer 30 tonnes de fèves biodynamiques et arriver à 5% de sa production totale. Les fèves (de l’espèce Trinitario Nativo) sont produites dans un seul village péruvien, Armayari, au sein d’une coopérative avec laquelle la chocolaterie travaille depuis des années. Belvas a financé la conversion en biodynamie et achètera la tonne de fèves 1.000 dollars plus cher, soit aux alentours de 4.500 dollars.

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