Belgique: le surprenant et juteux business des pigeons

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© Getty

Il y a les pigeons que l’on perçoit comme des nuisances. De ceux qu’il est interdit de nourrir et qui défèquent sur les voitures et les bâtiments de nos villes. Et puis il a ceux qui valent des millions. La colombophilie est un véritable business qui peut rapporter gros. Très gros. Un reportage plonge au cœur de ce milieu surprenant.

La colombophilie. Voici l’un des rares domaines ou les Belges sont les rois incontestés. C’est en Belgique, et plus spécifiquement en Flandre, que l’on trouve les meilleurs pigeons du monde. Nulle part ailleurs, il n’y a autant de colombophiles au kilomètre carré. Les pigeons « made in Belgium » bénéficient d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Le secret bien gardé d’un pigeon voyageur d’exception résiderait en un savant mélange de dressage, d’alimentation et d’élevage peut-on lire dans De Standaard.

Des pigeons qui peuvent se vendre à prix d’or

Depuis l’arrivée sur le marché d’acheteurs chinois et taïwanais, les prix des pigeons de compétition se sont littéralement envolés. En 2020, l’un d’eux, New Kim, s’est même vendu pour la somme folle de 1,6 million d’euros à un Chinois sur Pigeon Paradise (PIPA), une plateforme d’enchères pour colombophile. Le richissime “Kaier », dont le vrai nom est Xing Wei, possède le groupe industriel Kaier, avait déjà acheté Armando pour 1,2 million d’euros un an plus tôt.

Le reportage Une course, des pigeons et des millions est à voir sur Auvio en cliquant ici

Derrière le site de vente aux enchères belge PIPA, on retrouve Nikolaas Gyselbrecht. Ce qui n’était, à ses débuts en 2000, qu’un site pour amateurs de pigeons s’est transformé en un ” Sotheby’s de la colombophilie”. Il doit beaucoup son succès à la vente des pigeons du « Messi » de la colombophilie, Ludo Claessens. C’est lorsque ce dernier décide de se séparer de sa colonie en 2009 que la vente en ligne sur PIPA fera sa véritable percée. Au point que, ces dernières années, c’est la Chine et Taiwan qui assurent 60 % du chiffre d’affaires annuel de PIPA. Un chiffre d’affaires qui dépassait les 30 millions d’euros en 2020. Le site ne souffrira d’ailleurs que peu du Covid puisque les pigeons peuvent aussi être jugés, achetés et vendus simplement à distance.

Mais l’Asie n’est pas le seul continent ou la passion pour la colombophilie connaît un essor sans précédent. Au Moyen-Orient et en Europe de l’Est aussi les pigeons ont la cote. La Roumanie et l’Irak figurent ainsi parmi les dix premiers pays où Pipa vend le plus de pigeons.

Loin de ces champions toutes catégories vendus en 2020, un « bon pigeon » peut déjà se vendre plusieurs milliers d’euros. Ainsi, en 2020, deux éleveurs flamands bien connus dans le milieu, un père et son fils ont mis fin à leur activité et ont vendu leurs 444 pigeons. Après deux semaines, le compteur affichait plus de 4 millions euros. De quoi faire naître des vocations pour ce sport qui pour certain sentait un peu trop la naphtaline.

Un milieu fermé et des oiseaux qui doivent être bichonnés jour et nuit

La réalité peut cependant faire rapidement déchanter. S’occuper de pigeons demande autant de sacrifices que de passion. Les contraintes sont en effet nombreuses. Il faut se lever tous les jours à l’aube, compter sur peu ou pas de vacances et dispenser des soins jour et nuit à ces oiseaux.

Des oiseaux traités avec amour qui sont ensuite littéralement lâchés dans la nature et qui courent le risque de ne jamais revenir. Il y a les lignes à haute tension. Il y a aussi les prédateurs comme les faucons ou les éperviers qui sont à nouveau plus nombreux. Les réseaux de télécommunication et la 5G qui peuvent également perturber leur boussole interne et leur faire perdre leur chemin.

Et puis il a le milieu des colombophiles. Un milieu discret, pour ne pas dire secret. Malgré une gloire qui peut atteindre l’internationale, les éleveurs les plus recherchés fuient l’attention comme la peste. Un milieu qui se professionnalise et qui, par la force des choses, se durcit aussi. Au point, diront certains, de faire perdre à ce sport jusque-là sans prétention beaucoup de son charme. Ainsi, si à la fin des années 1950, il y avait encore 200.000 éleveurs en Belgique, il ne serait aujourd’hui plus que 20.000 membres Fédération royale de colombophilie belge, dont 80% seraient flamand. Beaucoup des pigeons les plus chers viennent d’ailleurs d’éleveurs de la région de Berlaar, au sud-est d’Anvers précise un reportage de les Echos.

Principe d’une course de pigeon

Le principe d’une course de pigeon est assez simple. Un pigeon est lâché à un endroit par un « convoyeur » et doit ensuite revenir le plus rapidement possible à son pigeonnier. Les pigeonniers n’étant pas tous au même endroit, ce n’est donc pas forcément le premier arrivé qui gagne la course. La vitesse moyenne est enregistrée via une bague électronique et calculée via un ordinateur. Certains des pigeons sont capables de voler à plus de 100 kms/h.

Les nombreuses classiques européennes – au premier rang desquelles la fameuse Barcelone – constituent toujours la “Ligue des champions” de la colombophilie internationale. Cependant, depuis quelques années déjà, des courses d’un genre nouveau ont fait leur apparition. Les courses dites “à un colombier” vont transformer les courses de pigeons en une réelle industrie dans de nombreux pays.

Immense succès en Asie

Ces super courses destinées à l’industrie du jeu réunissent des pigeons dans un immense colombier central pendant quelques mois. A la fin de la course, ils reviennent tous au même endroit, soit à ce colombier géant. Ce qui permet une arrivée unique et plus « spectaculaire ». L’événement est régulièrement diffusé en live. Surtout en Asie, des centaines de milliers de gens parient sur quel pigeon arrivera en premier.

Interdites après la révolution culturelle de Mao, les courses de pigeons de compétition ont depuis séduit en masse la classe moyenne chinoise. Il y aurait plus d’un million de colombophiles chinois et des millions d’autres qui vibrent pour les courses de pigeons. Dans l’une des plus importantes courses chinoises, baptisée l’Iron Eagle (Aigle de fer), la cagnotte pour un pigeon gagnant s’élevait à des dizaines de millions d’euros. De quoi attirer les parieurs et les éleveurs. De quoi aussi éveiller l’intérêt mondial pour les pigeons belges et plus particulièrement flamands particulièrement performants.

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