Banque Nationale : « Il n’y a pas de greedflation en Belgique »

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Les entreprises belges profiteraient d’une inflation élevée pour augmenter fortement leurs prix et réaliser ainsi des bénéfices supplémentaires. Ce n’est pourtant pas le cas, selon une étude de la Banque Nationale.  

Les entreprises belges augmenteraient leurs prix parce que les consommateurs sont prêts à mettre la main au portefeuille à cause de l’inflation élevée. En d’autres termes, les entreprises profiteraient de l’occasion pour faire plus de bénéfices. Elles profiteraient de la hausse des prix et, grâce à des marges excessivement élevées, pousseraient l’inflation encore plus haut. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui, la greedflation, un mot-valise formé par la contraction des mots « greed » (cupide) et « inflation » importé des États-Unis et du Royaume-Uni. En français, le terme « cupideflation » est moins utilisé.

Le Fonds monétaire international (FMI) va aussi dans ce sens. Il avançait la semaine dernière que “l’augmentation des bénéfices des entreprises est responsable de près de la moitié de la hausse de l’inflation en Europe au cours des deux dernières années, les entreprises ayant augmenté leurs prix davantage que le coût croissant de l’énergie importée”.

Dans les faits, ce ne serait pourtant pas le cas, selon nos collègues du Knack qui cite un rapport détaillé de trois économistes de la Banque Nationale.

Des marges qui se réduisent

Les économistes de la Banque Nationale Gert Bijnens, Cédric Duprez et Jana Jonckheere ont analysé les chiffres de 105.000 entreprises pour l’année 2022. Le taux d’inflation était alors légèrement supérieur à 10 %.

Il s’avère que la plupart des entreprises n’ont pas été en mesure de répercuter intégralement les hausses de coûts sur leurs prix. Les auteurs en concluent qu’il n’y a pas eu de greedflation généralisée dans notre pays l’année dernière. La grande majorité des entreprises n’a pas gonflé artificiellement leurs bénéfices. Au contraire, les marges se sont réduites pour un grand nombre d’entre elles.

Hausse des salaires

Quelles sont alors les raisons de la flambée des prix l’année dernière ? Pourquoi l’inflation a-t-elle autant augmenté ? Est-ce parce que les entreprises ont dû payer davantage pour acheter des biens, des services et de l’énergie ? Ou parce qu’elles ont dû payer davantage de salaires aux travailleurs ?

L’étude de la Banque Nationale montre que la hausse des coûts d’achat a été la principale cause de l’augmentation des prix. La hausse des coûts salariaux a eu beaucoup moins d’impact en 2022.

Les économistes notent encore dans leur rapport que plus de 500 000 personnes, essentiellement des cols blancs, n’ont reçu leur adaptation indiciaire qu’au début de l’année 2023 et ont alors immédiatement vu leur salaire brut augmenter de 11 %. Pour cette année, l’impact des augmentations salariales sur les prix pourrait donc être différent.

En outre, il est aussi utile de faire une distinction pour l’année dernière, commente le Knack. Dans le secteur des services, la hausse des coûts salariaux a effectivement été un facteur plus important, parce que le travail, l’emploi de personnel, y joue un rôle plus prédominant que dans les usines, les industries manufacturières.

Secteurs bénéficiaires

Si l’on examine les chiffres ventilés par industrie, on constate qu’un petit nombre de secteurs sont parvenus à afficher des marges bénéficiaires plus élevées, malgré l’augmentation des coûts d’achat et de main-d’œuvre. Il s’agit notamment du secteur sidérurgique, du transport maritime, de la gestion des déchets et des secteurs de l’hébergement (hôtels, campings) et de l’électricité.

Mais la hausse des prix des denrées alimentaires n’a généralement pas été causée par une augmentation des marges des entreprises alimentaires, mais plutôt par des prix d’achat plus élevés.

Un système unique d’indexation automatique des salaires

Selon la Banque Nationale, le fait que la Belgique ne souffre pas de ce phénomène de greedflation vient en partie de son système unique d’indexation automatique des salaires. Les salaires et avantages des travailleurs belges sont adaptés rapidement et automatiquement à l’inflation. Il est donc difficile pour les entreprises belges d’augmenter leurs marges, car leurs prix sont déjà influencés par l’augmentation des coûts salariaux.

Un autre élément qui peut entrer en ligne de compte est le fait que notre pays compte principalement des PME qui ont très peu de pouvoir sur le marché. Résultat: elles ne dominent pas leur secteur et ne peuvent donc pas fixer les prix.

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