Autoroute française: importante hausse du prix des péages

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Emprunter les autoroutes françaises va coûter beaucoup plus cher à partir de ce mercredi.

Avec une hausse nationale moyenne du prix de 4,75 %, cette majoration historique risque de se faire particulièrement sentir pour les gros rouleurs et les longs trajets. Elle avait été annoncée le 2 décembre, mais est effective à partir du 1er février.

Retrouvez tous les tarifs en cliquant ici, Waze et Michelin indique aussi le prix des péages pour un trajet donné

Si l’augmentation tarifaire de février est importante, ce n’est que la dernière hausse en date. Depuis la privatisation des autoroutes en 2006, les tarifs des péages augmentent tous les ans à la même date. Les sociétés d’autoroutes ont contractuellement une indexation de leurs tarifs basée sur l’inflation (hors tabac) relevée en octobre, à hauteur de 70 %. À cela s’ajoutent de potentielles hausses complémentaires qui dépendent de travaux éventuels demandés par l’Etat (par exemple le contournement d’une ville ou l’installation de péages sans barrière). C’est aussi pour cela que sur certains tronçons, la hausse du prix des péages peut même être supérieure au 4,75% nationaux.

Quoi qu’il en soit tout cela est réglé par contrat et donc automatique. Les accords étant verrouillés, l’État ne peut pas imposer de baisse de prix, même s’il le souhaitait. Et ce sera le cas pour encore quelques années puisque la durée de ces contrats va de 40 ans à … 87 ans. Pour pouvoir modifier la situation actuelle, il faudra attendre au minimum la fin des contrats de concession, mais cela n’aura lieu au minimum qu’en 2031.

Une hausse paradoxale face à une rentabilité exceptionnelle

Si celui qui emprunte les autoroutes françaises va devoir payer plus, ce n’est certainement pas une mauvaise affaire pour les sociétés concessionnaires qui engrangeait déjà de beaux profits avec un bénéfice net de 3.9 milliards d’euros en 2021 pour l’ensemble des 25 sociétés d’autoroutes (SCA). Une hausse de 47%, qui est venu contrebalancer une année 2020 “plus difficile” (-25% à cause de la pandémie et des confinements). En 2021, leur chiffre d’affaires global de 10,6 milliards était tout de même revenu quasiment au niveau de 2019.

Concrètement en dix ans, le trajet Paris-Lyon est passé de 32,90 euros à 36,50 euros, Paris-Bordeaux de 54,40 euros à 57,20 euros et Paris-Lille de 15,70 euros à 17,30 euros.

De quoi réveiller le traumatisme d’une part des Français qui n’ont jamais digéré la privatisation des concessions autoroutières. Beaucoup vont alors qualifier de racket le transfert en 2005 de 9 000 kilomètres d’autoroutes au secteur privé “au moment où ils allaient commencer à afficher des profits très importants”, précise Le Monde. “Les groupes Vinci, Eiffage et Abertis se partagent le réseau français en rachetant les parts de l’État pour 15 milliards d’euros, qui s’ajoutent à plus de 7 milliards d’euros de participations minoritaires acquises depuis 2002, et débarrassent l’État des 20 milliards d’euros de dettes que portaient ces sociétés d’autoroute.”

Un juste prix pour le gouvernement français d’alors, un très beau cadeau pour beaucoup. Car depuis, les sociétés affichent des résultats florissants puisqu’entre 2006 et 2019 elles vont verser 27 milliards d’euros de dividendes à leur actionnaire. Pour leur défense les concessionnaires arguent que leur profit ne peut se mesurer que sur toute la durée de la concession puisqu’elles perdront tout au terme du contrat, “en restituant à l’État des autoroutes en parfait état et libérées de toute dette”, précise encore Le Monde.

Peut-être, mais, en attendant, nulle raison de se plaindre puisque les affaires continuent d’aller bon train au vu du contexte inflationniste. Il faut s’attendre à une nouvelle hausse importante dans les deux prochaines années. Une hausse qui sera forcément bénéfique aux concessionnaires puisque leurs charges augmentent moins vite que leurs recettes précise le gendarme des transports dans un rapport. Les investissements des sociétés ne sont en effet pas financés par des bénéfices, mais sont “compensés” soit par des hausses de péages, soit par des allongements des concessions.

On notera enfin que si quelques adaptations sont promises à cette hausse mécanique des prix, elle ne concerne que les utilisateurs réguliers ou pour encourager la transition écologique. Par exemple pour les déplacements domicile-travail ou ceux qui roulent en voiture électrique.

Bon à savoir: certaines portions d’autoroutes sont gratuites puisque “non-concédées”: l’A20 (de Vierzon à Gignac), l’A75 (entre Clermont-Ferrand et Béziers), l’A34 (de Reims à la Belgique) mais aussi l’A84 (de Rennes à Caen). Certains tronçons autour des grandes villes comme Paris, Lyon, Bordeaux ou Toulouse sont aussi gratuits.

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