Arnaud Feist (CEO Brussels Airport) : “Je ne suis pas pessimiste pour l’avenir de l’aviation, il existe des alternatives au kérosène”
Dans notre Trends Talk, nous accueillons cette semaine Arnaud Feist, CEO de Brussels Airport depuis près de 15 ans. Il nous explique les secrets de cette longévité au sein d’une entreprise qui subit son lot de pression. Nous revenons également sur les chiffres de l’été et de l’emploi, l’inévitable problématique des vols de nuit, mais aussi le futur de l’aviation et du tourisme de masse.
Trends Talk sera diffusé en boucle ce week-end sur Canal Z, à partir de ce samedi 11 heures. Nous avons mené une discussion passionnante avec Arnaud Feist, le CEO de Brussels Airport. En abordant d’abord les chiffres de l’été, qui sont à la hauteur des espoirs, avec 4,9 millions de passagers sur les mois de juillet et août, soit une hausse de 6% par rapport à 2023. La parenthèse Covid semble quasiment terminée, puisque peu à peu, les chiffres se rapprochent de ceux de 2019. Les aéroports et compagnies aériennes font toutefois face à une baisse des voyages d’affaires intraeuropéens, qui ne récupèrent pas leurs niveaux.
Pour le reste, les destinations préférées des Belges étaient encore une fois l’Espagne, la Turquie et la Grèce, comment en 2023. L’Italie et le Maroc ont progressé en complétant le top 5, suivies par l’Allemagne, les États-Unis, le Portugal, la France et le Royaume-Uni.
Pourvoyeur d’emplois
Si l’activité d’un aéroport est parfois décriée, elle n’en reste pas moins un solide vecteur d’emplois. Brussels Airport est même la deuxième zone d’activité du pays, après le port d’Anvers. Une toute récente étude réalisée par HIVA, l’institut de recherche sur le travail et la société affilié à la KU Leuven, montre que Brussels Airport rassemblait en 2022 pas moins de 29.835 emplois directs et de 54.897 emplois indirects, soit environ 85.000 emplois en tout. “En 2017, on était à 64.000, ajoute Arnaud Feist. Et encore, 2022, l’année sur laquelle porte l’étude, était encore une année Covid, donc on s’attend à ce que ces chiffres soient encore supérieurs dans les études à venir”, se réjouit le CEO de Brussels Airport.
Il s’agit également d’employés issus des trois Régions. À cet égard, la Région bruxelloise performe particulièrement bien, puisque la proportion de travailleurs issus de la capitale est passée de 16 à 20% en 5 ans. Le taux d’emploi dans la capitale ne s’en plaindra pas.
Une pluie de recours
Au printemps dernier, le gouvernement flamand a accordé un permis environnement à durée indéterminée qui satisfait, globalement, Arnaud Feist. Il limite toutefois le nombre de vols et les nuisances sonores à l’horizon 2032. Cela n’a pas empêché une pluie de recours contre le permis de la Région bruxelloise, de la Région wallonne, de communes bruxelloises et même brabançonnes. Pas de quoi inquiéter particulièrement Arnaud Feist : “On s’y attendait. Il n’y en a pas beaucoup plus qu’il y a 20 ans, lors le permis précédent. C’est leur droit. Les recours vont être analysés. La procédure suivra son cours et nous collaborerons.”
Les changements de majorités suscitent-ils un motif d’espoir pour Brussels Airport ? “Je suis en place depuis 15 ans. J’ai vu défiler pas mal de ministres de différentes couleurs politiques. Avec la plupart, cela s’est bien passé. Je n’ai pas de préférence politique à exprimer. La seule chose que je peux dire, c’est que c’est intéressant de voir le même alignement entre les différents niveaux de pouvoir. Pas comme par le passé. Cela ralentissait la coopération. Maintenant, l’avantage, c’est que les dossiers pourront peut-être avancer plus vite.”
L’avenir ? “Le biocarburant”
Certains spécialistes de l’énergie, comme Jean-Marc Jancovici, annoncent la fin de l’aviation et du tourisme masse avec la disparition du pétrole. Arnaud Feist n’est pas de cet avis et voit un avenir pour l’aviation grâce à plusieurs technologies. Notamment les biocarburants : “Je ne suis pas du tout pessimiste quant à l’avenir de l’aviation. Pour le court terme, et c’est déjà disponible, il y a ce qu’on appelle les SAF, les biocarburants. Ils permettent d’éliminer les émissions de CO2 de 80% par rapport au kérosène (…). L’Europe impose que 5% du kérosène devront être remplacés par du biocarburant dès 2030. Et puis progressivement davantage avec le temps.”
L’hydrogène peut être une piste, mais pas avant 2050, selon Arnaud Feist. Et l’électrique ? “Je suis plus dubitatif. Les conducteurs de voitures électriques qui transportent plusieurs centaines de kilos de batteries le savent. Imaginez ce que ça peut représenter à l’échelle d’un avion.”
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