Alstom Charleroi plaide pour une politique énergétique claire

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Les dirigeants de l’entreprise Alstom Thermal Power Belgium à Marchienne-au-Pont (Charleroi), spécialisée dans la maintenance de machines électriques, notamment dans le secteur nucléaire pour lequel elle joue un rôle-clef en Belgique, ont plaidé jeudi pour l’adoption d’une politique énergétique claire et stable, tant au niveau belge qu’européen.

Née sur les cendres des Ateliers de constructions électriques de Charleroi (ACEC), Alstom Thermal Power Belgium compte 160 travailleurs et fait partie du groupe Alstom, acteur mondial dans l’énergie et les transports. Le site carolorégien fait figure de centre d’expertise pour les machines tournantes électriques (alternateurs, moteurs, etc.) et de centre de compétence pour les machines tournantes mécaniques (turbines à vapeur, pompes, compresseurs, etc.). A ce titre, l’entreprise réalise 80% de son chiffre d’affaires dans le secteur des centrales électriques et le solde dans l’industrie en général.

C’est notamment le site de Charleroi qui a été sollicité pour les réparations en urgence de la turbine vapeur haute pression du réacteur nucléaire de Doel 4, endommagée à la suite d’un acte de sabotage commis le 5 août 2014. Au prix d’une mobilisation 24 heures sur 24, sept jours sur sept et avec le concours d’autres usines du groupe Alstom, les équipes d’Alstom Charleroi sont parvenues à réparer la turbine en trois mois. “Il faut se rappeler que l’on parlait de black-out, la pression était grande. Doel 4 a finalement pu être couplé au réseau Elia le 19 décembre. C’est une performance”, a souligné Yves Bareel, directeur commercial d’Alstom Thermal Power, lors d’une rencontre avec la presse.

Actuellement, l’usine carolorégienne est occupée par la réhabilitation du rotor de l’alternateur de 1.000 MW du réacteur nucléaire de Tihange 3. L’opération, qui représente quatre mois de travail, vise à prolonger le fonctionnement de l’alternateur de la centrale tout en garantissant sa performance et la sécurité. Alstom Charleroi termine parallèlement un programme de longue haleine -plusieurs années- de réhabilitation de rotor d’alternateurs d’une douzaine de centrales nucléaires d’EDF en France.

Malgré ce savoir-faire de pointe, qui s’exprime aussi dans la maintenance de centrales au gaz, hydrauliques ou d’éoliennes, Alstom Charleroi ne voit pas d’un bon oeil la crise actuellement traversée par l’ensemble du secteur énergétique, en Belgique mais également dans toute l’Europe.

“Il n’y a pas de politique énergétique en Belgique et en Europe. Nous souffrons de ce manque de direction et de stratégie. Si on n’a pas une vue sur le moyen et le long terme, nous aurons du mal à garantir une activité ici pour les 5-10 années à venir”, avertit Yves Bareel. “Si nous voulons continuer à nous développer, nous avons besoin d’une vision claire et stable pour savoir dans quelle direction investir”, confirme Anne-Lise Tuyttens, la directrice du site de Marchienne-au-Pont.

Un autre défi pour le site carolo est de conserver son savoir-faire et ses compétences au moins jusqu’en 2023-2024, la Belgique devant en principe être totalement sortie du nucléaire à partir de 2025.

Le groupe Alstom emploie 93.000 personnes dans une centaine de pays pour un chiffre d’affaires 2013-2014 de 21,5 milliards d’euros. En Belgique, le groupe est présent dans les trois Régions du pays, et notamment à Charleroi (Marchienne-au-Pont) et Verviers (Lambermont). Alstom emploie 1.210 collaborateurs en Belgique pour un chiffre d’affaires d’environ 260 millions d’euros.

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