Airbus fête les 50 ans de son aventure européenne

/

Du “petit nouveau” A220 au gros porteur Beluga XL, six Airbus escortés par la Patrouille de France vont survoler Toulouse mercredi pour marquer les 50 ans du constructeur, une vraie réussite industrielle européenne qui doit toutefois relever le défi de l’aviation plus durable.

“Aujourd’hui, Airbus produit la moitié des grands avions commerciaux dans le monde et poursuit des activités florissantes dans les domaines des hélicoptères, de la défense et de l’espace”, a rappelé Guillaume Faury, le nouveau patron du géant aéronautique. “Nous employons 130.000 personnes hautement qualifiées dans le monde et nous sommes un puissant moteur de productivité, d’exportations et d’innovation pour l’Europe.”

Né de la décision il y a un demi-siècle de la France et l’Allemagne de lancer le programme A300B, Airbus forme avec son rival américain Boeing un duopole qui règne sans partage sur l’aéronautique civile mondiale.

Le géant des airs, issu de la réunion de constructeurs aéronautiques européens, a livré son premier avion, un A300B2, à Air France en 1974. Il y a quelques jours, il a passé le cap des 12.000 livraisons.

Alors qu’il lui aura fallu près de 20 ans pour livrer son millième appareil, les mille derniers auront été remis à leurs clients en 30 mois seulement. Aujourd’hui, un Airbus décolle ou atterrit dans le monde toutes les 2 secondes, et le carnet de commandes représente un peu moins de dix ans de production.

Ce succès s’est bâti sur des innovations technologiques comme les commandes de vol électriques, la protection du domaine de vol et le cockpit à deux pilotes, en dépit des résistances suscitées à l’époque.

L’avionneur européen a surtout vite compris que pour s’imposer, il lui fallait percer aux Etats-Unis. Deux ingrédients suffiront: un avion, l’A300, et une compagnie, Eastern Air Lines, dont le patron Frank Borman perçoit l’intérêt de voler avec des avions plus rentables économiquement.

L’A320 comme colonne vertébrale

Deux programmes et quelques années plus tard, Airbus lançait l’A320, encore aujourd’hui sa colonne vertébrale. Destiné au moyen-courrier jusque-là dominé par le 737 de Boeing, l’A320, qui a effectué son vol d’essai en février 1987, a été vendu à plus de 15.000 exemplaires dans le monde.

Le mono-couloir a depuis été décliné dans une version re-motorisée dite “neo”, offrant une réduction de 15% de la consommation de carburant, qui a accentué encore son avance sur le segment face au 737 MAX, au coeur de la crise qui secoue actuellement Boeing.

Les 50 ans d’Airbus ont représenté une aventure industrielle européenne, en dépit des rivalités entre Français et Allemands que son ex-patron, Tom Enders, lui-même allemand, s’est évertué à effacer.

Et malgré certains échecs, c’est devenu un exemple que les Européens essaient de transposer dans d’autres secteurs.

La tentative ratée de rapprochement avec le britannique BAE Systems en 2012 a paradoxalement permis à Airbus de se défaire de l’influence des Etats. L’avionneur européen a aussi réussi à racheter en 2018 le programme CSeries du québécois Bombardier, qui renforce sa stature mondiale.

Sur le plan militaire, Airbus a été affecté par les retards et surcoûts de l’avion de transport A400M, mais le programme est désormais sur des rails.

Principale ombre au tableau, l’échec commercial de l’avion géant A380: Airbus a annoncé en janvier qu’il mettrait fin à sa production d’ici 2021 faute de nouvelles commandes.

L’autre concerne les enquêtes dont il fait l’objet en France et en Grande-Bretagne, mais également aux Etats-Unis. Airbus s’est auto-dénoncé en 2016 pour des irrégularités présumées sur des transactions, ce qui doit lui permettre de se mettre à l’abri d’éventuelles poursuites pénales.

Aujourd’hui aux commandes, Guillaume Faury a rappelé que “l’industrie aéronautique est à la veille d’une révolution technologique sans précédent”, en citant le numérique, le vol autonome, l’intelligence artificielle et l’électrification des avions. “L’aérospatiale européenne devrait aspirer à diriger cette prochaine révolution en termes d’innovation et la transition vers un secteur de l’aviation plus durable.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content