Air Belgium : un échec financier supporté, en partie, par le contribuable
La compagnie Air Belgium cesse son activité passagers et introduit une procédure de réorganisation judiciaire. Retour sur le passé turbulent de la compagnie qui a dû être renflouée à plusieurs reprises.
La compagnie aérienne Air Belgium annonce lundi cesser son activité passagers, « chroniquement non rentable » en raison notamment de la concurrence sur le marché. La compagnie axera désormais son développement exclusivement sur le fret (cargo) et l’ACMI (l’affrètement d’avions pour d’autres compagnies aériennes, NDLR) qui lui offrent des perspectives de croissance.
Le conseil d’administration de la compagnie née en 2016 a également introduit une procédure de réorganisation judiciaire par accord amiable, afin d’assurer sa pérennité et de lui permettre de se réorganiser.
Pas une surprise
L’annonce ne surprend pas. Air Belgium a connu de nombreuses turbulences depuis sa création en 2016. Ses soucis financiers sont d’ailleurs régulièrement épinglés par la presse, comme lors de la publication des résultats (2019 était le seul exercice dans le vert) ou des annonces de recherche de capital.
Air Belgium a présenté ses résultats début du mois d’août : une perte de 45 millions d’euros au compteur en 2022. Son chiffre d’affaires est en hausse de 75% (pour atteindre 229 millions d’euros) certes, mais la compagnie doit faire face à une explosion des coûts (un peu plus de 300 millions d’euros, soit le double de 2021), en raison de la hausse du prix du carburant, des salaires et de destinations non rentables.
La perte cumulée de 92 millions d’euros en partie supportée par le contribuable wallon et belge
L’actionnariat d’Air Belgium est composé comme suit : Niky Terzakis (CEO et fondateur), Sabena Aerospace, Wallonie Entreprendre et la Société fédérale de participations et d’investissements (SFPI). Ces deux derniers sont des sociétés publiques. En d’autres mots : la perte cumulée de 92 millions d’euros, sur cinq ans d’existence, est en partie supportée par le contribuable wallon et belge.
Il ressort aussi des chiffres qu’Air Belgium avait reçu un prêt d’une valeur total de sept millions d’euros de la part d’investisseurs (dont l’identité n’est pas divulguée). Une injection d’argent de plus, une de moins… les levées de fonds font partie de l’histoire de la compagnie.
Cargo et recherche de rentabilité
Le transport de marchandises, débuté en 2021, a connu une plus forte progression (chiffre en hausse de 63%) que le transport de passagers (+40%), l’année passée. Air Belgium affrète aussi ses avions pour d’autres compagnies, pour transporter des marchandises pour elles.
Au niveau des vols passagers, des projets de nouvelles routes ont été suspendus et des destinations ont été discontinuées l’année dernière, pour cause de non-rentabilité (et de « concurrence extrême », selon le groupe). Il s’agit de la Guadeloupe, de la Martinique, de la République dominicaine et de Curaçao.
Lors de son lancement en 2018, le groupe proposait des vols long-courriers directs vers la Chine, depuis Charleroi. Une nouveauté. Les vols au départ de Brussels South étaient d’ailleurs la raison de la présence des deniers publics wallons dans le capital. Mais la sauce n’a pas vraiment pris, les vols n’étaient pas rentables. En 2019, la compagni annonçait alors un virage à 180 degrés avec une nouvelle destination : les Antilles françaises. Mais la rentabilité n’était visiblement toujours pas au rendez-vous, même après la réouverture post-covid et dans un contexte de boom des voyages.
Un changement de cap
Les destinations qui étaient toujours desservies (Afrique du Sud et l’Ile Maurice) n’ont donc pas aidé l’entreprise à atteindre la rentabilité. Se concentrer sur le cargo est un changement de cap qui remet en cause toute l’idée de la création d’Air Belgium, qui ne voulait proposer que des vols long-courriers au départ de la Belgique.
On pourrait alors se demander si le vers n’était pas dans la pomme : la Belgique est-elle un trop petit pays pour ce marché, ne pouvant pas faire la concurrence aux mastodontes, très proches qui plus est, comme Roissy – Charles de Gaulle à Paris et Schipol à Amsterdam ? Au final, y-a-t-il encore quelqu’un qui veut investir dans une compagnie aérienne en Belgique ?
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