Agfa-Gevaert, Balta, Casa : 6.000 entreprises “zombies” en Belgique

Casa, une entreprise zombie pour les économiste de l'UGent.
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Une étude réalisée par l’Université de Gand et de la Banque nationale pointe le rôle des banques dans le maintien en vie de 6.000 entreprises non viables.

Pas moins de 120.000 personnes travailleraient en Belgique pour des entreprises qui ne sont pas saines. Si elles semblent fonctionner normalement à première vue, ces entreprises ne génèrent toutefois pas suffisamment de revenus pour couvrir les charges de remboursement de leurs emprunts. Donnant l’impression d’être en vie, elles sont, en réalité, mortes. Selon une étude réalisée par de l’Université de Gand (UGent) et de la Banque nationale de Belgique (BNB), publiée dans la revue scientifique Management Science, la Belgique compterait six mille de ces entreprises qualifiées de «zombies», rapporte le quotidien De Standaard.

Parmi ces entreprises maintenues artificiellement en vie, les auteurs de l’étude citent notamment le groupe chimique anversois Agfa-Gevaert dont les résultats sont dans le rouge depuis cinq ans et qui a perdu les trois quarts de sa valeur en Bourse durant cette période. Le fabricant de tapis Balta Industries et la chaîne de magasins Casa sont également considérés comme des zombies par les économistes de l’Université de Gand et de la BNB, tandis que certaines d’entre-elles, comme les chaînes de magasins Fun et Makro, ont récemment fini par disparaître après une longue agonie, spécifie le quotidien flamand.


Le rôle des banques

Au rayon des explications, l’étude pointe le rôle des banques. Selon Klaas Mulier, professeur de finance à l’UGent et auteur de l’étude, elles continueraient souvent de financer les zombies avec des crédits, dans l’espoir d’un retournement de situation. “Mais cela se produit rarement”, dit-il.

Par ailleurs, certaines banques réussiraient mieux que d’autres à distinguer les entreprises «zombies» des entreprises saines. “Notre étude montre que les banques spécialisées dans le secteur où l’entreprise zombie est active sont beaucoup moins enclines à lui accorder des prêts, situe Klaas Mulier. Les banques spécialisées font de meilleurs choix dans ce domaine. Elles sont mieux à même de juger si les faibles performances sont dues à une baisse conjoncturelle dans le secteur ou à l’entreprise elle-même.” Parce que les institutions bancaires qui accordent également des crédits à des entreprises saines dans le même secteur sont plus prudentes et sélectives, ajoute De Standaard.

Les banques devraient peut-être redevenir un peu plus spécialisées

Klaas Mulier

Professeur de finance à l’UGent

Le professeur de l’UGent ajoute que beaucoup de grandes banques, en raison des nombreuses fusions et d’acquisitions intervenues au cours des vingt dernières années sur le marché belge, sont devenues si importantes qu’elles proposent une large gamme de services bancaires sans être suffisamment spécialisées dans certains domaines. Et donc, “peut-être que les banques devraient redevenir un peu plus spécialisées”, suggère-t-il, tout en reconnaissant que le fait d’être une grande banque universelle déployant plusieurs types d’activités (banque de détail, services aux entreprises, gestion de fortune, etc.) peut aussi être un atout : plus une banque est diversifiée, plus le risque est réparti.

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