320 métiers menacés par la révolution numérique

La première révolution industrielle a détruit des emplois dans l’agriculture. La mécanisation a démoli des postes de travail dans l’industrie. Aujourd’hui, la numérisation des tâches s’attaque violemment au secteur des services. Des centaines de métiers – dont le vôtre ? – sont condamnés à disparaître à brève échéance.

Vous êtes expert-comptable ? Assistant juridique ? Trader ? Représentant de commerce ? Agent immobilier ? Courtier en assurances ? Votre métier, comme des centaines d’autres, est en danger d’extinction. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés deux chercheurs de l’Université d’Oxford dans une étude ironiquement baptisée Le futur du marché de l’emploi (2013). D’après eux, pas moins de 47 % des métiers actuellement exercés aux Etats-Unis courent un risque “élevé” de disparition “dans un certain nombre d’années, peut-être une ou deux décennies”.

Quelle menace plane sur ces métiers ? Internet. D’après les chercheurs d’Oxford, les progrès inouïs réalisés ces dernières années dans l’industrie numérique ont un impact significatif sur le marché de l’emploi, impact qui aurait été auparavant largement sous-estimé. Les logiciels et les algorithmes sont prêts à remplacer de nombreux métiers. A peu près personne n’est à l’abri.

Le remplacement des humains par les machines a surtout touché, jusqu’à présent, les tâches manuelles les plus “simples”. L’agriculture intensive est devenue largement mécanisée, et nécessite une main-d’oeuvre limitée. Dans l’industrie aussi, les effectifs sont largement en baisse sous l’effet tant des délocalisations vers les pays à bas coûts, que sous l’impulsion de l’automatisation. Les chaînes de production industrielles, que ce soit dans le secteur automobile ou celui de la haute technologie, sont désormais peuplées de robots effectuant des opérations répétitives en lieu et place d’une main-d’oeuvre devenue plus chère que son équivalent mécanique, du moins dans nos contrées.

La révolution numérique en cours menace encore un peu plus les métiers occupés par les travailleurs à faible qualification. Ceux-ci représentent un cinquième de l’emploi en Belgique (voir tableau “La Belgique : de plus en plus de travailleurs qualifiés”) et sont les plus touchés par le chômage. Le taux d’emploi des travailleurs faiblement qualifiés atteint 38 % à peine, contre 64 % pour l’ensemble de la population active. La numérisation de certains secteurs clés risque de porter un coup supplémentaire à ces publics déjà fragiles.

Prenez l’automatisation de l’automobile. Les premiers prototypes de voitures connectées ont déjà passé de nombreux tests de façon concluante. Tous les constructeurs planchent actuellement sur des voitures sans conducteur. Le patron de Renault, Carlos Ghosn, vient d’en faire la démonstration à bord de la Next Two, qu’il a pu “piloter” tout en lisant son journal. Volvo, de son côté, s’est fixé un délai de 10 ans pour commercialiser ses voitures sans conducteur. Ces projets nécessitent certains investissements pour connecter au Web l’infrastructure routière. S’ils se réalisent, ils impacteront durablement le secteur du transport. Ce n’est pas un hasard si les chercheurs d’Oxford pointent dans les métiers “à forte probabilité d’automatisation” les chauffeurs, taximen, conducteurs de poids lourds et autres conducteurs de trains.

Selon l’étude américaine, des métiers manuels qui requièrent une qualification “faible” ou “moyenne” comme réparateur de montres, technicien dentaire, boucher, manucure, maçon, boulanger, etc. sont aussi dans l’oeil du cyclone.

Mais tous les métiers ne sont cependant pas automatisables.

Gilles Quoistiaux

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