Quelle place pour le plastique dans l’économie circulaire?

Lors du deuxième Belgian Plastics Day, organisé à Bruxelles début novembre, Agoria et essenscia Polymatters ont présenté – chiffres à l’appui – une analyse objective et un état des lieux clair de l’industrie belge du plastique en terme de recyclage.

Il suffit de regarder cinq minutes autour de soi pour comprendre que nous ne pourrions pas nous passer des plastiques. Personne ne peut nier qu’ils rendent une multitude de services, parfois cruciaux et qui peuvent avoir une valeur ajoutée durable pour notre société. D’un autre côté, nous sommes tous conscients du grave problème de pollution – notamment des océans – posé par certains plastiques en fin de vie…

Face à cette contradiction, que faire? quelle attitude adopter? Les fédérations Agoria et essenscia Polymatters ont décidé d’apporter leur pierre en proposant une analyse objective et chiffrée de l’industrie belge en matière d’économie circulaire et plus spécifiquement de recyclage.

Première question: qu’entend-on par plastique? Il s’agit en réalité d’une large de gamme de matériaux servant à produire une très grande variété de produits ayant des caractéristiques différentes. Ces matériaux permettent donc de répondre à une foule de besoins en terme de solidité, de sécurité, d’isolation, de légèreté, de souplesse, de protection,… C’est justement cette variété de composants qui rend le recyclage difficile. Difficile, mais pas impossible!

Que devez-vous savoir sur l’industrie belge du plastique? Où en est-on en termes de recyclage et d’économie circulaire? Pour tout savoir, téléchargez le livre blanc “Plastique et économie circulaire: où en est-on?” publié par Agoria et essenscia Polymatters.

“The future is circular”

Deuxième question: pourquoi une étude sur l’économie circulaire dans l’industrie du plastique? Tout simplement parce que la réponse au problème environnemental posé par le plastique se trouve indéniablement dans l’économie circulaire.

Quels sont, selon Agoria et essenscia Polymatters, les 4 piliers sur lesquels il est urgent de travailler afin de développer une économie circulaire du plastique réellement performante?

1/ La collecte. Comme dit plus haut, cet élément est crucial mais aussi très complexe à gérer, à cause de la durée de vie très variable des produits – 50% ont une durée de vie entre 2 et 50 ans – mais aussi à cause de la multiplicité des polymères utilisés, parfois dans un seul et même produit.

2/ Le design. Le choix de la conception d’un produit a un impact majeur sur la fin de vie, son recyclage et/ou sa réutilisation.

3/ La coopération. “Aucun acteur ne pourra résoudre seul la question du recyclage des plastiques. Transformateurs, industriels, organismes de R&D doivent à tout prix échanger et travailler ensemble. Ce point est absolument crucial aux yeux d’Agoria,” explique Julie Leroy, business group leader, Agoria.

4/ La législation et la normalisation. Sans cadre législatif clair et pragmatique, on ne pourra pas avancer sur les trois points mentionnés ci-dessus.

Quelle place pour le plastique dans l'économie circulaire?

Des exemples positifs

À côté des images – certes calamiteuses – des plages de Bali envahies de déchets, le deuxième Belgian Plastics Day d’Agoria et essenscia Polymatters était également l’occasion de s’attarder sur les exemples positifs et encourageants d’entreprises et d’organisations actives dans le recyclage du plastique.

Les fenêtres en PVC recyclé de Deceuninck

Deceuninck est le N°2 mondial dans la conception et la fabrication de portes et fenêtres en PVC. L’entreprise se démarque par son innovation et son attention constante à l’écologie. Par exemple, tout ce que Deceuninck produit est intégralement recyclable. Le design de leurs fenêtres est pensé, dès le départ, pour être facilement démontable et recyclable, de plus, depuis 2012, Deceuninck recycle aussi celles des autres fabricants. L’objectif étant que les fenêtres recyclées soient d’un niveau de qualité absolument équivalent à celles produites à partir de matériaux ‘vierges’.

Recylage chimique et ‘décontaminant’ chez JBF

Même si le recyclage mécanique produit 99% des plastiques recyclés, le recyclage chimique aura dans le futur un rôle clef à jouer. Le site de Laakdal (Anvers) de JBF Global Europe -spécialisé dans la production de PET recyclés – produit pas moins de 10% de la capacité totale de PET en Europe. L’usine mise sur un Process ultra-innovant de ‘flakes to resin’ (FTR) qui assure notamment la décontamination des PET, par exemple en bisphenol A. Un processus approuvé par la FDA (Food and Drug Administration) et l’EFSA (European Food Safety Authority).

Le business model circulaire de Serviplast

En plus de son objectif social – intégrer professionnellement des personnes porteuses de handicap – cette PME spécialisée, entre autre, dans l’injection plastique, s’attache à réduire l’impact environnemental de ses produits et process. Elle dispose pour cela d’un bureau d’études d’une douzaine de personnes qui travaillent à développer des solutions sur mesure.

R&D constante chez Comet Traitement

Une des activités de Comet Traitement est le recyclage de véhicules en fin de vie et de déchets électriques et électroniques. Démontage, tri, dépollution et broyage sont des étapes complexes dont ressortent de nombreux déchets de tous types, dont du plastique. Comet ne cesse d’investir dans la R&D afin de trouver de nouvelles applications pour ces résidus de broyage. “Mais nous allons faire face à un volume de plus en plus important de plastiques recyclés. Il faut à présent promouvoir leur utilisation,” précise Hervé Demoulin de Comet Traitement.

C’est également le message de Martin Wiesweg (IHS Markit) qui est venu présenter un état des lieux détaillé du marché mondial des polymères: “Les exigences de l’UE en matière de recyclage sont très élevées alors que la demande de plastiques recyclés n’est pas suffisante. À l’heure actuelle, le marché n’est pas en mesure d’absorber les volumes produits.”

Comment réhabiliter le plastique?

Ce deuxième Belgian Plastic Day s’est clôturé par une présentation très inspirante du Prof. Kim Ragaert de l’université de Gand. Elle dirige un groupe de 15 experts, de différentes disciplines, qui travaillent sur le recyclage mécanique des plastiques.

Le premier problème, c’est que les gens détestent le plastique. Il y a autour de ce matériau des croyances contre lesquelles il est difficile de lutter.

Kim Ragaert

Elle prend l’exemple du plastique qui emballe notre concombre au supermarché… Il est vu comme une hérésie par la plupart des gens, alors qu’il permet en réalité d’éviter un gaspillage alimentaire en protégeant l’aliment et en allongeant sa durée de conservation. Idem pour les alternatives aux sacs en plastique: “pour qu’un sac en tissu ait une empreinte carbone identique à celle du sac en plastique, il faudrait l’utiliser 173 fois!”

Elle rejoint la plupart des experts sur le rôle essentiel de l’innovation et l’écoconception. “Nous pouvons améliorer la recyclabilité du plastique notamment en limitant drastiquement le nombre de plastiques différents autorisés dans les emballages. Et là c’est au législateur de jouer son rôle. Mais aussi aux entreprises, en développant des solutions pour créer des produits en plastiques plus simples à recycler mais qui gardent les mêmes fonctionnalités.”

Quelle quantité de matériaux recyclés est réutilisée en Belgique pour fabriquer de nouveaux produits? Quelles sont les recommandations concrètes pour augmenter encore la circularité des plastiques à l’avenir?

Quelle place pour le plastique dans l'économie circulaire?

Téléchargez ici la brochure: “Industrie belge du plastique et économie circulaire: où en est-on?”

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