Travailler moins pour consommer moins

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Antoine Denis Journaliste

Pour le bien-être de la planète et le nôtre, il serait peut-être bénéfique de travailler moins.

C’est évident, depuis le début de la pandémie, notre façon de travailler a changé. Certains ont eu une double charge de travail, d’autres ont vu cette charge s’alléger. Résultat : pendant les confinements, un peu partout dans le monde, les émissions de carbone et de particules fines ont fortement diminué. Cela est dû notamment à l’arrêt des entreprises, mais aussi à la réduction de nos déplacements.

Travailler plus pour consommer plus

Plus nous travaillons, plus nous consommons : énergie, biens de consommation, services… Et ce peu importe notre revenu. De plus, les travailleurs, ayant moins de temps libre, sont plus susceptibles d’utiliser leurs véhicules que les transports publics et d’acheter des produits leur faisant gagner du temps même si c’est au détriment de la planète. Ils sont aussi plus susceptibles de choisir des aliments prêts à l’emploi plutôt que de s’approvisionner en produits locaux et de favoriser les dépenses excessives et les modes de vie non durables.

Toujours plus de croissance dans un monde à ressources limitées

Dans un système axé sur le profit et la croissance, nous récompensons le travail qui transforme les ressources en produits et en déchets, et nous négligeons le fait que la planète a des ressources limitées.

Aujourd’hui, nous sommes déjà dans les prémices du schéma d’effondrement de notre système. L’économie d’aujourd’hui, dépendante de pétrole, de main-d’oeuvre et de ressources bon marché doit produire de plus en plus pour que les gens puissent avoir une vie décente.

Lorsque l’on parle de ralentissement de la production ou de fermeture d’industries nocives pour des raisons environnementales, ces objectifs sont toujours mis en regard de l’impératif de préserver les emplois. Mais peut-être pourrions-nous nous demander quel genre d’emplois devrions nous défendre et trouver des alternatives pour ces personnes qui travaillent dans des domaines nocifs pour l’environnement et pour eux.

Un revenu de base universel ?

Les partisans du revenu de base universel affirment que cela donnerait aux travailleurs un plus grand pouvoir pour rejeter les emplois qui sont mauvais pour leur propre bien-être ou celui de la planète. Il accorderait également une indépendance financière à ceux qui effectuent un travail vital non rémunéré et donnerait à un plus grand nombre d’entre nous la possibilité de s’engager dans des activités comme le bénévolat, le jardinage communautaire et l’organisation de ressources à la base en dehors de l’économie de marché.

Avec plus de temps pour investir dans le bien-être de la population et dans notre environnement, nous pourrions aussi être moins attirés par la consommation compensatoire, c’est-à-dire acheter des choses potentiellement inutiles juste pour nous sentir mieux.

Pour certains travailleurs à bas salaires en Inde une alternative possible a déjà été testée et porte ses fruits. L’idée a suscité un vif intérêt depuis la pandémie, l’Espagne prévoyant des versements mensuels sans condition pour les citoyens les plus pauvres et la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a déclaré que l’heure du revenu de base universel était venue.

Des heures optimales pour la santé humaine et planétaire

Philipp Frey du Centre allemand d’études technologiques émancipatoires remet en question notre manière de consommer et pense que nous devrions “nous devrions sérieusement nous demander à quoi sert toute cette consommation”. Aussi, il se demande “quel est notre principal objectif ? Est-ce de satisfaire les besoins humains en utilisant le moins possible de ressources écologiques ? Ou de maximiser le chiffre d’affaires et les profits des entreprises ?”

Cependant, Philipp Frey considère également qu’il ne faut pas réduire drastiquement nos heures de travail. Cela pourrait être bon pour le climat, mais cela ne serait pas économiquement viable. Il préconise plutôt une redistribution du type de travail, parallèlement à une réduction contrôlée de la semaine de travail vers 20 ou 24 heures.

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