“Tous les demandeurs d’emploi en Wallonie ne sont pas mobilisables sur le marché du travail”

Marie-Kristine Vanbockestal, administratrice générale du Forem.
Camille Delannois Journaliste Trends-Tendances  

Pour Marie-Kristine Vanbockestal, administratrice générale du Forem, les incitants financiers sont utiles mais insuffisants pour attirer durablement les personnes à s’orienter vers une fonction critique.

La nouvelle liste des professions en pénurie en Wallonie contient 141 professions, soit 15 de plus qu’il y a un an.

Le phénomène des tensions ne se réduit pas, que du contraire, cela continue d’augmenter. La méthode d’élaboration s’affine d’année en année, la liste est donc de plus en plus qualitative. On constate que certains métiers entrent et sortent de cette liste mais une bonne centaine de ces métiers sont présents structurellement.

Notamment la construction…

Marie-Kristine Vanbockestal: Oui c’est d’ailleurs le secteur le plus représenté avec l’horeca et le transport, il est dans le top 3 avec 41 de ses métiers. Pour le transport, on a constaté qu’un tiers des travailleurs avaient plus de 50 ans, ce qui est assez problématique. 8 des 10 métiers de la liste appartenant au secteur du transport et de la logistique ont une main-d’oeuvre vieillissante (chauffeur de poids lourd, d’autocar, responsable d’entrepôt, …).

Comment expliquer que cette liste s’agrandisse alors que le taux de chômage en Wallonie est important ?

Avec 192.000 demandeurs d’emploi, on pourrait considérer que nous avons une réserve de main d’oeuvre mais toute cette réserve n’est pas mobilisable. En Wallonie, 45% de la demande d’emploi n’est pas suffisamment employable parce qu’elle est caractérisée par un chômage de longue durée et/ou une sous qualification et/ou un cumul de facteur comme la santé qui ne leur permet pas de travailler.

Quelles sont les causes de ce phénomène ?

Il n’y a pas qu’un problème de qualification de la main d’oeuvre en Wallonie, s’il n’y avait que ça nos formations suffiraient. Il faut aussi travailler sur l’attractivité des métiers. On se rends compte que notre société véhicule beaucoup d’idées reçues sur certains métiers. Les employeurs doivent mieux communiquer pour sensibiliser et attirer les personnes dans leur secteur.

Le rapport au travail évolue également, les employeurs doivent le prendre en compte et offrir des conditions de travail satisfaisante. Aujourd’hui, il faut que l’emploi ait un sens, que l’employeur partage des valeurs et puisse réorganiser le travail.

Que pensez-vous des mesures gouvernementales et notamment de la prime de 25% qui permet à un demandeur d’emploi de conserver une partie de son allocation, s’il occupe un emploi en pénurie ou trouve un poste dans une autre région ?

Avoir des incitants pour attirer les futurs travailleurs est évidemment utile. Le premier incitant est le salaire, c’est un facteur déterminant pour certaines personnes.

La prime de 25% va être mise en application en septembre, on verra si c’est suffisamment attractif. L’incitant financier est nécessaire mais pas suffisant.

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