“Si le gouvernement De Croo n’agit pas, il y aura des licenciements et des faillites”

Le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), entre Pierre-Yves Dermagne (PS) et David Clarinval (MR). © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Dernière ligne droite pour la négociation de nouvelles mesures d’aide, notamment aux entreprises. Bras de fer entre PS-Ecolo et MR. Pierre-Frédéric Nyst (UCM) insiste sur deux grandes demandes.

Le gouvernement De Croo se penche cette semaine sur les nouvelles mesures qui pourraient être prises pour aider les ménages et les entreprises face à la crise énergétique, mais aussi pour prévenir l’impact de l’indexation automatique des salaires, avec une progression de 10% attendue début 2023. Les organisations patronales ont été reçues au 16 rue de la Loi, voici une semaine. Une série de mesures sont désormais sur la table, il reste à trancher.

C’est loin d’être évident : là où le MR plaide pour un soutien fort aux acteurs de l’économie en général, le PS et Ecolo rétorquent qu’il ne faut envisager que des mesures ciblées pour les secteurs les plus impactés. Pas question de reproduire le parapluie généralisé de la période Covid. Les exemples de ce bras de fer politique en cours sont déjà publics: le vice-Premier MR David Clarinval plaide pour une défiscalisation de l’indexation automatique des salaires, mais la proposition a été reçue timidement par le PS et Ecolo. La suggestion patronale de réduire l’enveloppe bien-être a été balayée du revers de la main par les deux mêmes partis.

“C’est compliqué, en effet, tant au sein du gouvernement qu’entre partenaires sociaux, reconnaît Pierre-Frédéric Nyst, président de l’Union des classes moyennes (UCM). Mais nous devrons être créatifs. On ne peut pas rester sans réponses !

Deux demandes principales

Le président de l’UCM insiste sur deux demandes principales.

Premièrement, nous réclamons un moratoire sur les prix de l’énergie. L’envol des prix est tel que de nombreuses entreprises ne pourront pas y faire face. On parle de factures triplées ou quadruplées ! Même la suppression de la TVA et des bas de facture ne suffiront pas.”

L’autre préoccupation des petites entreprises et indépendants concerne les coûts salariaux. “Nous tirons la sonnette d’alarme, dit Pierre-Frédéric Nyst. Avec une inflation à 9,94%, nous aurons deux indexations automatiques au début de 20232, avec une augmentation des salaires de 10%. Il faut avoir le courage d’aborder ce sujet, que le gouvernement s’en empare et que les syndicats acceptent d’en parler.”

L’UCM défend l’idée de plafonner l’indexation jusqu’à 4000 euros bruts. “C’est vrai que cette idée est étonnante de notre part, reconnaît son président, mais o part du principe qu’avec des revenus plus élevés, on en a naturellement moins besoin. Mais nous pouvons aussi envisager d’autres pistes comme l’étalement dans le temps de cette indexation. Nous soutenons aussi l’idée défendue par le MR d’une indexation nette, avec une défiscalisation.”

Mais ce sera difficile, reconnaît-il, au vu de la position des ministres socialistes Pierre-Yves Dermagne (PS) et Frank Vandenbroucke (Vooruit) qui détiennent les clés de la décision. “Si on n’agit pas, il y aura des licenciements, met en garde Pierre-Frédéric Nyst. Et comme un certain nombre d’entreprises ne pourront même pas payer les indemnités de licenciement, ce sera la faillite.” Il souligne notamment la fragilité de certains secteurs, comme l’Horeca, qui ont subi de plein fouet tant la crise du Covid que celle de l’énergie. “Une double crise comme ça, cela ne pardonne pas !”

A L’AVenir, Pierre-Yves Dermagne, ministre fédéral de l’Economie, insiste: “On doit absolument faire en sorte qu’il n’y ait pas de faillite provoquée par la crise énergétique. Au fédéral, la consigne aux administrations sera de ne pas citer en justice les entreprises en difficulté par l’explosion des coûts de l’énergie.” Il plaide également pour un chômage économique renforcé pour traversera la tempête.

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