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Quelles sont les véritables motivations derrière les privatisations ?

Les privatisations sont à nouveau à la mode, on le voit ces jours-ci en France et en Belgique. Visiblement le manque d’argent ou le départ du PS en Région wallonne libère certains esprits… Avec quelles véritables motivations ?

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Côté français, c’est Emmanuel Macron qui le premier a ouvert le bal des privatisations. L’objectif du nouveau président français est de trouver de l’argent pour renflouer le fonds de 10 milliards d’euros qu’il compte mettre sur pied pour développer l’innovation et la transformation numérique de la France. Ce plan vient de démarrer avec la cession par l’État français de 5% du capital d’Engie, le nouveau nom de l’ancienne société Suez. Mais d’autres grandes sociétés sont également dans le collimateur de l’Élysée pour cette ronde des privatisations: le constructeur automobile Renault, l’opérateur télécom Orange, la société qui gère les aéroports de Paris, etc.

Et en Belgique, dire-vous ? Là encore, c’est d’abord un souci d’argent qui guide cette volonté de privatiser quelques sociétés. L’État fédéral ne croule pas sous l’or et a un besoin pressant d’argent pour mener à bien ses projets.

La privatisation partielle de Belfius est en soi une bonne chose. S’il est important de garder le contrôle d’une banque belge, dont le centre de décision reste à Bruxelles et non pas à Paris ou à Amsterdam, il n’est pas nécessaire d’avoir 100% des actions. Avec 51% de celles-ci, l’État garde un contrôle suffisant. Et puis, cette privatisation partielle est nécessaire, car l’histoire a montré qu’une banque contrôlée à 100% par l’État finit par succomber aux pressions amicales, mais néanmoins pressantes, de son actionnaire étatique. Par conséquent, avoir des actionnaires privés à côté de l’État est un gage pour éviter ce genre de pression. Et de son côté, l’État évitera également que les actionnaires privés ne soient plus motivés ou dirigés que par la soif de profits à court terme. Bref, c’est l’équilibre idéal.

Aurait-on enfin compris que la vérité n’était pas dans le tout à l’État, ni dans le laissez-faire absolu?

En revanche, ce qui est étonnant, c’est que la privatisation de la SNCB soit autant d’actualité en Belgique. Elle étonne les experts, car de l’avis unanime, les finances de la SNCB ne la rendent pas attractive actuellement pour un quelconque acheteur. Il y a mieux comme future mariée…

Mais il est plus étonnant encore de voir qu’en Wallonie aussi, on parle de privatisations, partielles certes, mais de privatisations quand même, que ce soit pour la Sonaca, l’un des joyaux de la Région wallonne, ou même pour la FN Herstal. À croire que depuis que le PS n’est plus au pouvoir en Région wallonne, ce genre d’initiatives ne semble plus tabou, même si dans la foulée les ministres en charge de ces dossiers ont dit qu’il était trop tôt ou que ce n’était pas encore à l’ordre du jour.

À la différence des années 80, que ce soit pour la France ou la Belgique, la plupart de ces privatisations sont moins guidées par des idéologies que par la nécessité de trouver l’argent là où il est. C’est une grosse différence: la famine a pris le pas sur le dogme. Et puis, l’autre différence, c’est que ces privatisations sont souvent partielles et non pas totales. À croire qu’aujourd’hui, après la crise financière de 2008, on a enfin compris que la vérité n’était pas dans le tout à l’Etat, ni dans le laissez-faire absolu, mais dans un mix bien compris. Si c’est bien le cas, ces privatisations – si elles sont effectivement menées et dans l’intérêt de tous – seront plutôt une bonne nouvelle.

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