Quand le PS met le frein à main

Thomas Dermine, secrétaire d'Etat PS à la Relance. © Belgaimage
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les réformes ambitieuses du gouvernement De Croo sont ralenties par l’autosatisfaction du parti socialiste, qui renvoie à un débat fiscal rendu compliqué par les tensions avec le MR et le CD&V.

Le PS est satisfait de son bilan socioéconomique au sein de la Vivaldi. Il ne voit donc pas de raison de développer des réformes ambitieuses – et potentiellement antisociales – dans le cadre des compétences dont il a la charge: l’emploi et les pensions. “Le PS a engrangé tout ce qu’il souhaitait en début de législature, il n’a plus aucun intérêt à développer ces réformes”, soulignait, en ce début d’année 2023, un ténor libéral du gouvernement fédéral.

De la hausse de la pension minimale aux mesures en faveur du bien-être au travail ou à la formation en passant par le bonus pension dont le principe a été acquis, le PS a effectivement accumulé les gains, tout en se félicitant des interventions massives de l’Etat pour préserver l’économie, l’emploi et le pouvoir d’achat durant les crises. “Quand je regarde objectivement l’état de l’économie belge et que je la compare à d’autres pays européens, en fait, ce n’est pas si mal”, se félicitait début janvier Thomas Dermine, secrétaire d’Etat à la Relance et wonder boy montant du parti, dans notre émission Trends Talk, sur Canal Z.

Pas de réforme “à la dure”

La Commission européenne demande que la Belgique réforme davantage en matière de pensions? “Elle n’exige pas une réforme à la dure”, tempère le socialiste. La volonté est toujours d’aboutir au sujet de l’octroi d’un “bonus pension” sur lequel la majorité s’est accordée l’été dernier, en garantissant sa soutenabilité financière. Et tant pis si la soutenabilité du système, à terme, est compromise selon les experts.

Il y a, à l’heure où je vous parle, cinq millions de Belges qui sont sur le marché du travail, ce n’est jamais arrivé.”

“Une réforme brutale qui ne tient pas compte des réalités du marché de l’emploi et de celles des travailleurs, ça ne fonctionne pas”, plaide la ministre PS des Pensions, Karine Lalieux. Le Premier ministre, Alexander De Croo (Open Vld), a bien tenté de reprendre la main en proposant de toucher aux régimes spéciaux des fonctionnaires. “Il s’est pris un mur au PS”, résume un libéral.

Taux d’emploi de 64 % en Wallonie

En matière d’emploi, pas question non plus, pour le PS, d’envisager une activation plus musclée des chômeurs. “On a un taux d’emploi à 72,1%, il n’a jamais été aussi haut de toute l’histoire de la Belgique, dit Thomas Dermine. Il y a, à l’heure où je vous parle, cinq millions de Belges qui sont sur le marché du travail, ce n’est jamais arrivé. Le gouvernement Vivaldi a créé 100.000 emplois par an depuis sa création.” Alexander De Croo a salué la nouvelle, mais souhaite “aller plus loin”. Le MR souligne que le taux d’emploi n’est que de 64% en Wallonie. Qu’importe: le PS insiste, lui, sur la concrétisation des mesures déjà décidées ainsi que sur la lutte contre les malades de longue durée. Point.

Le PS renvoie à la seule réforme ambitieuse qui resterait à faire, en matière de fiscalité. Mais si tout le monde s’accorde sur la nécessité de baisser les charges sur les bas et moyens revenus, le désaccord est absolu sur le financement: PS et Ecolo veulent une taxation des fortunes, là où les libéraux réclament une baisse de la fiscalité. Qui plus est, les tensions sont fortes avec le CD&V qui est à la manoeuvre dans ce dossier.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content