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Quand cela s’arrêtera-t-il?

Chaque semaine amène une nouvelle statuette au musée des horreurs de la mauvaise gestion des deniers publics.

On voudrait parler d’autre chose. Par exemple des défis passionnants qui nous attendent pour construire le monde de demain. Mais nous voilà obligés de nous engluer une fois de plus dans les problèmes de gouvernance qui règnent au sud du pays. Chaque semaine ou presque amène une nouvelle statuette au musée des horreurs de la mauvaise gestion des deniers publics. Ces derniers jours, il s’agissait des salaires des hauts fonctionnaires bruxellois et de ceux des employés de la Cwape, le régulateur wallon de l’énergie. Mais quand ce feuilleton, qui pourrait s’intituler Plus belle la vie de certains fonctionnaires, s’arrêtera-t-il?

La Cour des comptes a épinglé la différence très substantielle de salaires en fin de carrière entre un fonctionnaire de la Vreg (le gendarme flamand de l’énergie) et son homologue de la Cwape (le gendarme wallon de l’énergie) alors que les deux remplissent une mission identique. Comme le note une consoeur de L’Echo, cette différence “en fin de carrière, atteindrait 30.218 euros par an pour un agent de niveau A, et 62.191 euros pour un niveau B”. La Cwape se défend en estimant que les augmentations barémiques sont, dans la réalité, bien moindres que celles prises en considération par la Cour des comptes. Il reste que les frais de la Cwape sont supérieurs à ceux de la Vreg alors que l’organisme wallon compte moins de personnel. Pourquoi?

A Bruxelles, nos confrères du “Soir” ont révélé les conséquences hallucinantes d’un décret pris voici une dizaine d’années qui garantit aux hauts fonctionnaires régionaux (ceux dont les salaires dépassent les 120.000 euros annuels) le maintien à vie de leur rémunération après 10 années passées dans la fonction. L’objectif est d’attirer les personnels de l’administration, permanents ou contractuels, à postuler à ces fonctions de cinq années renouvelables qui demandent de passer un concours puis une évaluation à chaque fin de cycle. Deux hauts fonctionnaires arrivés à 10 ans de carrière se sont donc vus attribuer une fonction quasiment factice pour continuer à percevoir leur salaire: l’un est devenu “coordinateur Ukraine”, l’autre “directrice chef de service pour le pilier de Bruxelles Synergie gérant les directions ayant un rôle de coordination régionale”. On cherche encore ce que cet intitulé signifie dans la vraie vie.

On est sidéré de voir avec quelle légèreté les élus usent parfois des deniers publics.

A ceux qui demandent: “pourquoi ce traitement de faveur?”, il leur a été laborieusement répondu que, primo, il fallait bien attirer les gens et rémunérer le risque pris (ah bon? ceux qui postulent dans le privé ne prennent-ils pas de risques? ). Et, secundo, que finalement, sur une masse salariale dans la fonction publique bruxelloise de 1,4 milliard d’euros, ce “Win for Life” était une goutte dans la mer (ah bon? et à partir de quel montant peut-on alors commencer à parler d’indécence? ).

Tout comme dans les affaires précédentes (la saga Nethys/Publifin ou les frasques du greffier du Parlement wallon), on est sidéré de voir avec quelle légèreté les élus usent parfois des deniers publics. On est tout autant interloqué d’entendre les responsables se justifier en se référant à ce qui se passe dans le privé ou plutôt dans ce qu’ils imaginent s’y passer.

Certes, il y a quelques grandes entreprises qui, en effet, ont licencié des cadres en trouvant des solutions pour maintenir quasiment leur rémunération au même niveau jusqu’à la pension. Certes, on connaît des CEO qui ont pu bénéficier de parachutes dorés avec poignées serties de diamants. Mais ils sont une infime minorité. Dans quasiment toutes les PME du Royaume, on compte ses sous et l’on essaie de faire en sorte que chaque dépense soit la plus efficace possible, pour le bien de l’entreprise. S’il y a une référence à prendre au monde privé, c’est bien celle-là.

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