Carte blanche

Prix du gaz et de l’électricité : quand notre gouvernement prendra-t-il une mesure pour bloquer les prix ?

Nous sommes un groupe de citoyens informés et bénévoles, très inquiets de l’approche énergétique de la Belgique. Notre expertise est robuste et variée dans le domaine de l’énergie.

Nous avons étudié depuis près d’un an avec attention les différents documents fournis par Elia et l’UGent ainsi que le rapport final de la ministre de l’Énergie sur l’approvisionnement en électricité fourni lors des différents Kern.

En décembre 2021, bien avant la Guerre en Ukraine nous écrivions “Nos conclusions sont claires, les conditions de l’accord de gouvernement ne sont pas rencontrées : la sécurité d’approvisionnement est à risque, et les prix vont exploser pour les citoyens, comme les émissions de gaz à effet de serre. Il est donc indispensable de prolonger 4GW soit quatre ou cinq réacteurs nucléaires.”

Aujourd’hui la situation est pire, car Nord Stream 1 a été arrêté, Nord Stream 2 n’a jamais été mis en service et la Russie menace de couper le solde des autres approvisionnements en énergie (gaz, pétrole, charbon et fioul domestiques) si l’Union européenne plafonne le prix du gaz. Comment croire dans ce contexte, que la Belgique pourra compter cet hiver sur les importations d’électricité allemandes et hollandaises nécessaires (produites via gaz et charbon) pour compenser la fermeture de 2GW de capacités nucléaires ?

L’impact sur les prix d’une pénurie de gaz et d’électricité multipliera davantage les prix qui sont déjà extrêmement hauts !

Que fait notre gouvernement sur le court , moyen et long terme pour résoudre ces problèmes d’explosion des prix et de sécurité d’approvisionnement ? Rien ou pas grand-chose de structurel.

A court terme, le système de fixation des prix de l’électricité devrait être découplé urgemment de celui du gaz. Pour les clients résidentiels et les petits commerçants, la Belgique n’a pas besoin de demander à l’Europe pour repasser immédiatement à un système de prix régulés. Pour cela, il faudrait mandater urgemment la CREG pour qu’elle vérifie auprès des opérateurs actifs en Belgique quels sont les coûts de l’électricité vendue à leurs clients résidentiels et petits commerçants Il faudrait refixer les prix avec une marge raisonnable et les appliquer immédiatement sur toutes les factures de régularisation , en particulier celles relatives aux contrats variables depuis mars 2022.

Quant au tarif social, celui-ci a augmenté aussi de manière inconsidérée jusqu’à 16c/kWh HTVA pour la composante énergie soit 160€/MWh !

Ceci est interpellant sachant qu’ un contrat fixe de 3 ans pris en décembre 2021 coûtait à peine plus que le tarif social soit 185€/MWh pour la composante énergie.

Si le Gouvernement avait pris des mesures en mai-juin 2022 en particulier pour tous les contrats variables, victimes immédiates de l’augmentation de leurs provisions, on en serait pas là ! À part jouer les Caliméros en prétendant avoir demandé à l’Europe d’en discuter éventuellement, la ministre de l’Énergie Tinne Van Den Straeten n’a strictement rien fait.

À moyen et long terme, il faudrait se libérer de notre dépendance aux énergies fossiles où les objectifs de sécurité d’approvisionnement en électricité et de lutte contre le réchauffement climatique se rencontrent.

Il faudrait prendre des décisions qui empêchent que les prix atteignent des niveaux découplés de la réalité économique. Pour se faire, TOUTES les capacités non décarbonées doivent être maintenues en fonctionnement et/ou prolongées, en particulier TOUTES nos centrales nucléaires en supprimant la loi Deleuze de 2003, mieux un grand plan de construction de nouvelles centrales nucléaires doit être lancé de concert avec les Pays-Bas, la France et la Grande-Bretagne, 3 pays limitrophes qui comptent sur le nucléaire. Plutôt que d’investir des subsides à fonds perdu dans des capacités gaz nouvelles ou existantes qui coûteront au contribuable belge entre 3 et 7 milliards d’euros en 15 ans, l’Etat pourrait investir cette somme avec un retour sur investissement et une garantie de sécurité d’approvisionnement sous son contrôle dans la prolongation des unités nucléaires existantes et la construction de nouvelles capacités disponibles à l’horizon 2035-2040.

Comme les gouvernements des années 60 et 70 qui ont anticipé les chocs pétroliers de 1973 et 1981 en permettant à la Belgique de se libérer d’une production d’électricité à partir de fuel, il faudrait en faire de même pour se libérer d’une production ou d’importations d’électricité à partir de gaz , de charbon ou tout autre énergie fossile.

Le renouvelable solaire et éolien devrait continuer à être développé, mais il ne suffira pas seul, puisque des pénuries de matériaux de construction, d’acier, d’aluminium, de cuivre, etc. …. se profilent à l’horizon.

La quantité d’électricité nécessaire à la Belgique pour être décarbonée en 2050 sera de 150TWh par an soit 10 fois plus que la production renouvelable en 2021 et seulement 3 fois plus que la production nucléaire en 2021. Le mix raisonnable et atteignable en électricité produite (TWh) c’est 40 à 50% de nucléaire, mais modulable, 30 à 40 % d’éolien et de photovoltaïque, et le solde en hydraulique et gaz vert.

L’État belge a l’opportunité de reprendre le contrôle sur la sécurité d’approvisionnement et de ne plus dépendre d’entreprises étrangères, voire nationales, qui ont parfois des intérêts contradictoires de ceux des citoyens et entreprises de notre pays : un prix supportable pour notre économie.

Citizen Energy taskforce

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