Pour Pierre Wunsch, décarboner notre économie ne nous coûtera pas plus que la crise de 2008

Pierre Wunsch (BNB). © BELGAIMAGE

Si l’on captait le carbone émis en Belgique, cela coûterait 16 à 17 milliards par an. Un coût supportable pour l’économie, selon, Pierre Wunsch, le gouverneur de la BNB qui indique qu’affronter le défi climatique ne nous coûtera pas plus que les chocs pétroliers ou la crise financière de 2008.

Combien va coûter à notre pays le passage à une économie “net zéro carbone” ? Le gouverneur de la Banque nationale Pierre Wunsch s’est essayé à une estimation mercredi, lors de la remise du “Trends CFO Award”, et son message est que nous en avons les moyens. Selon lui, le coût annuel serait de 16 ou 17 milliards d’euros, soit 3,5% du PIB. Des chiffres à prendre avec une pincée de sel, ajoute toutefois Pierre Wunsch. “Le coût précis pour l’économie fait l’objet d’un débat animé et les estimations diffèrent considérablement. Mais le coût total pourrait bien ne pas être trop élevé”, dit-il.

Voilà son raisonnement. “La Belgique émet chaque année quelque 110 millions de tonnes de CO2. Qu’en est-il du coût moyen de réduction des émissions ? Il n’est pas facile à déterminer. Certaines technologies vertes sont déjà compétitives. D’autres sont encore coûteuses. Les coûts devraient également baisser au fur et à mesure des progrès technologiques”.

Pour fixer le cout de décarbonation de notre économie, Pierre Wunsh prend l’hypothèse que nous captions toutes les émissions de CO2. “Dans le secteur industriel, le captage du carbone nous fournit une certaine limite supérieure pour les coûts. Les estimations du coût varient entre 100 et 200 euros par tonne. Je suppose que 150 euros par tonne est donc un chiffre que nous pouvons utiliser ici comme “limite supérieure” pour le coût moyen de la réduction dans l’ensemble de l’économie. Cela impliquerait un coût de quelque 16-17 milliards d’euros par an pour atteindre le “zéro net” en Belgique”. Bien sûr, pour décarboner notre économie, nous n’allons pas avoir recourt à une captation massive de CO2, mais plutôt à des technologies non émettrices de CO2, d’autres comportements de consommation, etc… Mais le prix de captation du carbone permet de faire une estimation.

Nous avons besoin d’un message réaliste

Or, 16 à 17 milliards par an est un montant que nous pouvons supporter. “En pourcentage du PIB actuel, cela représente environ 3,5 %. Mais, ajoute le gouverneur de la BNB, nous avons jusqu’en 2050 pour atteindre le zéro net. Par conséquent, à partir d’aujourd’hui, le coût annuel augmentera progressivement pour atteindre le chiffre de 16-17 milliards en 2050. Mais d’ici là, avec une économie dont la taille sera plus importante, il sera probablement plus proche de 2 que de 3 % du PIB. Ces chiffres sont inférieurs à la chute du PIB lors de la grande crise financière de 2008-2009 et seront beaucoup plus progressifs.”

“Je sais, ajoute Pierre Wunsch, que je prends un risque en mentionnant un chiffre. Nous ne connaîtrons la vérité que dans trente ans. Personne ne peut donc me donner tort ! Mais, et c’est le plus important, je crois fermement que nous avons besoin d’un message réaliste sur l’impact économique du changement climatique. Ce ne sera ni “party time with free money” (faire la fête avec de l’argent gratuit), ni “doom and gloom” (l’apocalypse). Selon nos estimation, l’impact ne sera pas plus élevé que celui des chocs économiques précédents – comme les chocs pétroliers ou la crise financière – il s’étendra sur une période beaucoup plus longue. Je peux me tromper, mais il s’agit là de ma meilleure compréhension de la question à partir des nombreuses lectures que j’ai faites sur le sujet.”

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