Pénurie de paracétamol: en Belgique, les enfants recevront bien leur traitement, même si “le stock n’est pas garanti”

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Le gouvernement français a interdit la vente en ligne de paracétamol pédiatrique dans un contexte persistant de pénurie. En Belgique, la situation est moins alarmante, rassure l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS). Pourtant, 327 médicaments sont indisponibles…

En France, cela fait déjà plusieurs semaines que l’on parle de pénurie de médicaments… Aujourd’hui, c’est le paracétamol pédiatrique qui semble poser problème, au point que toute vente en ligne de ce traitement est désormais interdite dans l’Hexagone, et ce jusqu’à la fin du mois. Du côté des entreprises pharmaceutiques, les usines poussent la cadence au maximum pour tenter de remplir les stocks.

Et en Belgique alors, faut-il s’inquiéter de potentielles pénuries de médicaments à l’heure où les maladies hivernales se multiplient? La situation n’est pas préoccupante, rassure Ann Eeckhout, porte parole de l’AFMPS.

Peut-on parler de pénurie de paracétamol en Belgique?

“Nous nous sommes renseignés hier pour connaître la situation en Belgique, on a recontacté les firmes concernées qui sont donc titulaires d’autorisations de mise sur le marché du paracétamol. En ce qui concerne les médicaments pour les adultes, il n’y a pas de problème. Pour les médicaments pédiatriques, la situation est plus précaire, dans le sens où le stock n’est aujourd’hui pas garanti pour toutes les différentes présentations (NDLR: suppositoires, cachets à avaler, poudre effervescente…). Mais il n’y a pas de problèmes pour traiter les enfants. Premièrement parce que les présentations pédiatriques peuvent être échangées entre elles. Ensuite, on peut aussi traiter ces enfants avec des médicaments à base d’Ibuprofen. Et enfin, le pharmacien peut préparer lui-même des suppositoires à base de paracétamol parce qu’il n’y a pas de problème avec le principe actif.”

Quelles sont les causes de cette indisponibilité?

“Pour le paracétamol pédiatrique par exemple, la raison de la pénurie de stock est la demande accrue. Il y a beaucoup plus de demandes à cause de la vague de RSV (virus respiratoire syncytial) et de grippe. Sans oublier que le Covid est toujours là aussi.”

Mis à part le paracétamol, d’autres médicaments manquent-ils aujourd’hui?

“Nous avons une application qui reprend une liste de tous les médicaments autorisés et commercialisés en Belgique. Il y a énormément de transparence car cette liste est actualisée tous les jours ouvrables. Grâce à elle, on peut voir si la présentation d’un médicament est disponible ou non. Des informations reprises sur base des notifications des firmes. Il y a une obligation légale de notifier certains types d’indisponibilité. Toutes les informations sont disponibles sur l’application: quand est prévue la fin de l’indisponibilité, les raisons de cette indisponibilité…”

À l’heure actuelle, le nombre de médicaments indisponibles monte à 327, est-ce que cela vous paraît énorme comme chiffre ?

“Cela ne veut rien dire. Il faut d’abord regarder combien de médicaments au total sont autorisés en Belgique. Et pour le patient, il faut aussi vérifier quel est l’élément-clé de son traitement. Des médicaments manquants, il y en aura toujours et surtout, il y a différents types d’indisponibilité. Il est important d’en tenir compte. Une indisponibilité n’est pas l’autre. Ca peut être limité dans le temps, ca peut être un problème de production, ca peut être un principe actif qui manque au niveau mondial… La différence est tellement grande. Au niveau des notifications, au final, ca ne bouge pas trop. Mes collègues estiment même que le taux de médicaments indisponibles a diminué. La situation est loin d’être inquiétante.”

En cas de médicaments manquants, peut-on facilement les remplacer?

“Cela dépend. Il faut consulter la rubrique “impact” de l’application, qui vous renseignera si les stocks pourront répondre à la demande et s’il y a des alternatives disponibles. Mais le plus important pour interpréter ces données, c’est de vérifier “l’impact critique”, qui montre la situation la plus précaire, car on n’a pas d’alternatives identiques à notre disposition. Dans ces cas-là, on réunit les experts en la matière pour voir comment on peut garantir que tous nos patients belges sont traités. Parfois on doit changer le type de traitement, parfois même non médicamenteux dans certains cas.

Et si on regarde aujourd’hui la catégorie “impact critique”, il n’y a qu’une seule présentation qui est vraiment indisponible, c’est le médicament Actosolv 600 000 UI (NDLR: utilisé notamment pour le traitement des occlusions artérielles et veineuses). Pour les 19 autres présentations qui sont catégorisées comme “impact critique”, il y a quand même une disponibilité limitée.

Quand on a un stock limité disponible, les experts élaborent des recommandations qui disent “le stock qui nous reste est réservé pour des patients atteints de…, pour les traitements déjà instaurés…”. Bref, l’objectif est d’aider les patients prioritaires. Pour le reste, on a souvent des alternatives, ou le médicament en question peut être importé d’un pays étranger, ou le pharmacien peut faire des préparations magistrales.”

Finalement, à quel moment doit-on s’inquiéter?

“Il y a une situation qu’on veut éviter: vous êtes patient et vous vous retrouvez dans la situation où votre médicament n’est pas disponible temporairement et pour lequel on n’a plus de stock.”

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