Optimisme sur le marché de l’emploi: un employeur sur deux compte engager d’ici la fin de l’année
Si le succès de la campagne de vaccination et les assouplissements des mesures sanitaires ont renforcé la confiance des employeurs belges, 20% d’entre eux envisagent néanmoins des licenciements. Le marché du travail est aussi marqué par une pénurie de talents et la nécessité pour les entreprises d’investir dans la formation continai.
De bonnes nouvelles sont annoncées pour les candidats à l’emploi au cours des trois derniers mois de cette année. Le marché devrait en effet connaître une nette accélération à travers le monde pendant cette période, mais aussi dans notre pays. Pour son traditionnel baromètre des perspectives d’emploi, ManpowerGroup a sondé 520 employeurs belges à la fin du mois de juillet. Et voici ce qu’il en ressort.
Premièrement, la tendance est à l’embauche puisque 50% des répondants déclarent vouloir augmenter leurs effectifs d’ici la fin de l’année. Ils sont 28% à préférer les maintenir en l’état alors que 20% envisagent plutôt de les réduire. Ces chiffres permettent de déterminer la Prévision Nette d’Emploi qui est la différence entre le pourcentage de ceux qui envisagent d’embaucher et celui de ceux qui pensent licencier du personnel. On obtient donc une différence de 30%, ce qui constitue une augmentation de 16 points par rapport au dernier trimestre et de 29 par rapport aux chiffres du même trimestre de l’année 2020. La Prévision Nette d’Emploi est aussi en augmentation pour le cinquième trimestre consécutif. Le groupe Manpower précise que le chiffre de 30% est le plus haut qu’il a enregistré depuis le début de son baromètre en 2003.
“La Prévision Nette d’Emploi affiche un niveau jamais atteint en Belgique, comme dans onze autres pays sondés.”, explique Philippe Lacroix, Managing Director de Manpower Group BeLux. Comment expliquer ces chiffres ? “Le succès de la campagne de vaccination et les assouplissements des mesures sanitaires ont renforcé la confiance des employeurs en Belgique et dans le monde ,” estime Philippe Lacroix.
Intentions de recrutement à la hausse dans les trois régions et dans pratiquement tous les secteurs
Les résultats du baromètre de Manpower montrent aussi que les employeurs anticipent des marchés de l’emploi dynamiques et des créations nettes d’emploi dans les trois régions lors du prochain trimestre : +33% en Wallonie, +32% en Flandre et +27% à Bruxelles. Les intentions de recrutement sont dans en forte progression de manière plus ou moins égale dans toutes les régions tant par rapport à la même période de 2020 que lors du trimestre estival écoulé.
Le constat régional s’applique aussi aux 7 secteurs d’activité pour lesquels Manpower a pû collecter des données. Les secteurs de la Finance, de l’assurance, de l’immobilier et des services aux entreprises sont les plus optimistes puisqu’on y attend + de 38 % de créations d’emplois. Ils sont suivis de près par les employeurs du secteur du commerce de gros et de détail (+36% ) et ceux de l’Industrie manufacturière (+35%). On atteint aussi un bon pourcentage (+ 31%) pour les Services publics, de la santé, de l’éducation et des services collectifs. En revanche, en-dessous de la moyenne de 30%, on retrouve les secteurs de la Construction (+28%), des Transport et de la logistique (+23%). Parmi les employeurs des “autres productions” (agriculture et pêche, industries extractives, gaz, électricité et eau), les prévisions sont beaucoup plus prudentes avec des intentions de +12% d’engagements. ManPower n’a pas sû collecter suffisamment de données pour le secteur de l’horeca.
La confiance des employeurs s’accroît avec la taille des entreprises
La taille de l’entreprise jouerait aussi selon ManpowerGroup sur la Prévision Nette d’emploi. Dans les grandes entreprises de plus de 250 travailleurs, on envisage + 39% de créations d’emplois alors qu’on tombe à 8% dans les structures comptant moins de 10 travailleurs.
Des formations pour faire face à l’absence de talents
Malgré ce souffle d’optimisme tout n’est pas rose pour autant sur le marché de l’emploi. On constate aussi que les employeurs ne parviennent pas à remplir suffisamment rapidement leurs postes vacants en raison d’une pénurie de talents.Si les pénuries permanentes de main-d’oeuvre sont en baisse de 6 points par rapport au trimestre écoulé, elles n’en demeurent pas moins à un des taux les plus importants de ces 15 dernières années, et ce phénomène touche les trois régions. “Elles atteignent des niveaux record depuis quinze ans pour le deuxième trimestre consécutif, tant au niveau national (77%) que dans les trois régions du pays : 83% des employeurs à Bruxelles et 75% des employeurs en Flandre et en Wallonie éprouvent des difficultés à remplir leurs postes vacants.”, explique Philippe Lacroix.“Les résultats de notre enquête indiquent clairement que nous sommes plongés dans un ‘marché de candidats’, ce qui signifie que les entreprises se disputent les meilleurs talents en mettant en place des stratégies concrètes d’attraction et de rétention. Un nouvel ‘ordre du travail’ est en train d’émerger, axé sur les choix individuels des travailleurs qui ont repris la main et qui s’attendent à ce que l’on s’adapte à leurs attentes, surtout les plus qualifiés.”, précise Philippe Lacroix.
Pour remplir les postes vacants, les entreprises doivent donc rivaliser de créativité. La formation reste l’investissement qu’elles choisissent le plus souvent. Elles sont 37% à l’utiliser. Le développement des compétences ou le coaching entrent aussi dans cette catégorie. 72% des sociétés ont préféré utiliser la flexibilité comme argument. Celle-ci peut concerner aussi bien les horaires que les lieux de travail (télétravail ou lieux de travail satellites). 30% des employeurs se déclarent prêts à améliorer le package salarial des candidats tandis que 23% préfèrent offrir des avantages non-financiers comme des congés. Les employeurs ne veulent en tout cas pas engager des candidats moins compétents. Seuls 19% des recruteurs se déclarent prêts à accepeter des candidats avec des compétences et une expérience moins importantes que celles requises par la fonction. Ils ne sont que 10% à être prêts à renoncer à une évaluation des compétences dans le cadre d’un engagement.
La formation reste donc une priorité à court terme et beaucoup d’entreprises se préparent à lancer de nouvelles initiatives au cours des six prochains mois. 30% d’entre elles lanceront de nouveaux programmes de formation technique alors que 26% vont essayer de renforcer les compétences de leurs managers. Un quart des employeurs prévoit de proposer de nouvelles formation destinées à améliorer des soft skills comme la communication ou le time management. Enfin, 22% des employeurs vont initier des coachings de carrière individualisés.
Il ressort de l’enquête de ManpowerGroup que toutes les catégories de travailleurs au sein des entreprises, aussi bien les jeunes diplômés que le personnel hautement ou moins qualifié ainsi que les travailleurs de plus de 50 ans, doivent être ciblées en vue des programmes d’amélioration des compétences ou de recyclage.
Le coût financier, le manque de temps, de connaissance ou de stratégies concernant les formations à initier sont cités comme principaux obstacles des entreprises face aux défis de la formation continue.
“Dans un monde qui change toujours plus vite, qui s’automatise, se digitalise et devient virtuel, les compétences sont plus que jamais sous pression et sont rapidement menacées d’obsolescence. Dès lors, après le ‘jobs, jobs, jobs’, c’est ‘formations, formation, formations’ qui est le slogan d’actualité sur le marché de l’emploi” ajoute Philippe Lacroix en guise de conclusion.
F.Chl.
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