Carte blanche

Non, le citoyen belge n’est pas un être naïf et inconscient qui est prêt à subir tout pour peu qu’on “lui foute la paix”

Il se dit que le Belge en a marre de la politique, qu’il ne s’intéresse plus aux enjeux politiques du pays et de l’Europe. Je pense qu’il est temps de pondérer cette hypothèse qui signifierait donc que le citoyen belge que nous sommes n’a plus d’intérêt à comprendre et suivre l’évolution des courants politiques.

Pour ma part, et après avoir échangé à ce sujet avec nombre d’amis, connaissances, clients, fournisseurs et autres personnes avec lesquelles j’ai pu échanger sur le sujet, je m’inscris totalement en faux avec cette affirmation ! Non, le citoyen belge n’est pas un être naïf et inconscient qui est prêt à subir tout pour peu qu’on “lui foute la paix” avec ces politiques omniprésents dans tous les média … pas plus qu’il n’est disposé à accepter n’importe quelle gouvernance politique par désintérêt dans le futur de sa région, de son pays … de ses enfants et de ses petits-enfants !

Nous n’en avons pas marre de la politique … comment le pourrait-on d’ailleurs : ne dit-on pas que si tu ne t’intéresses pas à la politique, c’est elle qui s’intéressera à toi ? Oui, et c’est la principale raison pour laquelle nous sommes, en grande majorité, bien conscients de l’importance de notre rôle dans l’avenir de notre pays … Je n’aborde pas ici le bien ou le mal-fondé de voter bleu, rouge, orange ou vert ; en dehors du brun ou du noir, tout choix politique est respectable, en démocratie. Non, je parle de l’acte citoyen qui consiste à continuer à croire que les mandataires élus ne sont rien moins que ceux que NOUS choisissons … à qui nous, citoyens, donnons un mandat pour gouverner notre pays, nos régions, nos communes.

Ce qui est plus que contestable, et ce qui fatigue une bonne partie d’entre nous, c’est la manière dont les mandataires élus font de la politique, à l’heure actuelle ! N’oublions pas que nous décernons à ces élus des mandats qui sont censés être des ordres de mission . La mission étant de gouverner nos communes, nos régions, notre pays, dans un cadre et un but très stricts : une gouvernance éthique, dans l’intérêt des citoyens ! Citoyens qui leur ont confié le mandat par lequel ils sont élus et pour lequel ils sont rémunérés aussi rémunérés !

Que constatons-nous, et soyons objectifs ; ce n’est pas propre à un courant politique ou à un autre courant d’idées, cela s’apparente désormais à de nouveaux principes de gouvernance … ceux-ci étant pour le moins éthiquement discutables et de toute évidence peu profitables aux citoyens que nous sommes ?

  • Le buzz politique est la norme … Un accident grave, un dysfonctionnement majeur, une affaire en cours ?
  • Les élus les plus médiatiques de chaque parti se bousculent, sur toutes les TV, toutes les radios, tous les média sociaux, et pour les meilleurs sur les plateaux du jeudi soir ou du dimanche. Leurs messages ?
  • C’est incompréhensible, si nous avions été aux manettes, cela ne serait jamais arrivé …” ou pire “ Nous avons décidé, suite à ce qui vient de se passer, de proposer l’adoption urgente de mesures qui doivent éviter ce qui s’est passé
  • Ils oublient (un oubli ou une volonté de buzzer plus et mieux ?) que dans 75% des cas ils sont co-responsables de ce qui s’est passé … soit ils sont aux manettes eux-mêmes (au niveau fédéral), soit ils y ont été il y a moins de 10 ans ! Alors, soyons clairs ; quel est le but recherché ? Corriger le tir en améliorant les choses ou faire évoluer le baromètre politique de leur parti en tirant à boulets rouges sur “les autres” ? Perso, j’ai mon avis …
  • Le protectionnisme politique ne fait que s’accroître … Il est même devenu affirmable, sans honte et sans gêne, dans la presse !
  • Une faute de gestion est à déplorer, en terme de gouvernance ? D’abord et avant tout, identifier les fautifs (personne et parti politique) et ensuite, s’il s’agit d’un ministre de son propre courant politique ou d’un courant politique “frère”, on prépare une communication justificative, explicative … argumentant que avant nous, c’était pire … nous redressons la barre, mais ceux d’avant sont les responsables ! Si on parle de la même faute, mais d’un parti/courant politique ennemi , on en revient à la stratégie du “buzz politique” ; on sort les boulets rouges, les armes de communication lourdes et on prend rendez-vous sur tous les plateaux TV et radios !
  • Pour finir, on en arrive à dire l’impensable, dans la presse : “Je demande formellement que mes partenaires du sud du pays ne dénoncent plus les fautes des ministres de mon parti, au nord du pays … Ah bon, au moins le message est clair : On peut attaquer les autres … mais on ne touche pas aux nôtres ; mêmes égarements de gouvernance, traitements différents en fonction des accointances politiques ! Quelle est la plus-value pour le citoyen ? Pour le policier qui attend un semblant de respect ou pour le commerçant qui en a marre du racket, des débordements ou des émeutes dans sa ville, son quartier ?
  • Le sens du mot cohérence en politique Rapport étroit d’idées qui s’accordent entre elles ; absence de contradiction est la définition donnée par le dictionnaire @Robert. Il faut reconnaître que cette définition ne s’applique pas à la gouvernance politique … A force de tout dire et son contraire, ou de confondre le dynamisme de gestion avec l’incohérence de gestion, nombreux sont les citoyens qui ne s’y retrouvent plus.
  • Prolongation des centrales nucléaires ; oui ou non et à quelles conditions ? Une crise énergétique et, comme par enchantement, ils sont tous d’accord qu’il est essentiel de poursuivre … la sécurité des centrales ? Elle est assurée … on n’en parle même plus !
  • Certains politiques souhaitent s’attaquer à la corruption et au respect des droits humains (et donnent d’ailleurs clairement un carton rouge à la FIFA …) … C’est plus que louable de combattre la corruption, l’obscurantisme dans les affaires et les droits humain ; sans le moindre conteste possible. Cela devient incohérent quand ces mêmes chevaliers blancs refusent de répondre aux questions de la Cour des comptes quant aux égarements de gestion” liés à la construction d’une gare en Wallonie qui coûtera 10 fois plus que le budget initialement prévu. Cela devient incompréhensible et obscur même, pour celle qui estime ne pas avoir de comptes à rendre quant aux contrats européens passés avec les sociétés pharmaceutiques, tout en se donnant l’image d’une défenderesse de la démocratie et de l’éthique de gouvernance ! On frôle le paroxysme de l’incohérence politique, là.
  • Il y a encore bien d’autres raisons d’être fatigué des principes de gouvernance qui sont d’application, de nos jours. Bien d’autres évidences qui mettent en avant les causes de cette lassitude des citoyens, tenant compte de la manière dont ceux qu’ils ont élus, ceux à qui ils ont donné un mandat politique, font de la politique. Fatigués oui … désintéressés, certainement pas !
  • Bien au contraire … Nous sommes de plus en plus nombreux à concrètement nous intéresser de très près à la politique et surtout à la manière dont ceux que nous avons élus se comportent. Il y a fort à parier que les élections 2024 seront une étape douloureuse pour certains partis et/ou politiciens … Mais on ne récolte jamais que ce qu’on sème, n’est-il pas ?
  • Il vous reste peu de temps, Messieurs les élus du pays, pour enfin gouverner d’abord et avant tout dans l’intérêt de ceux qui vous ont élus : les citoyens belges … Si tel n’est pas votre engagement, vous risquez de générer un véritable cataclysme électoral, dans 18 mois ; et vous en serez les premiers responsables.

Une carte blanche signée Christophe Samyn

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