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Moteurs hybrides, définitivement enterrés par l’Europe ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

La fin annoncée des moteurs thermiques pour 2035 a suscité pas mal de réactions. Normal, la voiture reste un sujet de discussion important.

Finalement, les ministres de l’Environnement des 27 pays européens ont été plus raisonnables que les eurodéputés. Les ministres et les députés européens sont d’accord sur l’interdiction des moteurs thermiques pour 2035, mais la nuance, c’est que les ministres de l’Environnement ont fini par accepter de reconsidérer la question des hybrides rechargeables en 2026. En clair, la Commission européenne estime que les voitures hybrides actuelles ne permettent pas d’atteindre les objectifs de neutralité carbone, mais la commission estime qu’elle ne doit pas fermer la porte définitivement à cette technologie si l’industrie automobile peut prouver le contraire”. D’où cette clause de revoyure fixée à 2026 sous l’influence d’un pays comme l’Allemagne soutenu par l’Italie.

J’ai un ami homme d’affaires bien connu qui doit être ravi de ce revirement, car il m’avait expliqué en long et en large les bienfaits des voitures hybrides comparées au tout à l’électrique. Il n’est pas le seul à avoir des doutes, des ingénieurs se posent aussi les mêmes questions. Selon cet homme d’affaires, l’Europe en misant sans nuance sur le tout électrique, se met en situation de nouvelle dépendance à l’égard de pays non démocratiques. Notamment les pays disposant des minerais nécessaires à la fabrication des batteries des voitures électriques. Ces minerais sont en Chine, en Russie et quelques pays africains. Que ferons-nous demain s’ils nous disent qu’ils n’ont plus assez de lithium ou qu’ils facturent ce dernier à un prix exorbitant ? N’oublions pas également que les voitures hybrides ne sont pas tributaires du réseau de bornes, puisque le moteur à essence peut prendre le relais quand la batterie est à plat. Ce qui signifie plus de liberté et d’autonomie. Bien entendu, cet homme d’affaires a évoqué d’autres arguments en faveur des voitures hybrides que je n’ai pas le temps de développer durant cette chronique.

Mais le drame, c’est que cette technologie qui a séduit les consommateurs (il n’y a qu’à regarder le succès de voitures comme la Toyota Prius) n’a pas le vent en poupe auprès des députés européens. Comme l’industrie automobile ne dispose pas de finances illimitées, elle en a pris conscience et s’est focalisée sur le tout électrique en matière de R&D. Au détriment de l’hybride, hélas. Ce qui veut dire finalement que la clause de revoyure en 2026 est purement théorique car les constructeurs automobiles ne vont pas courir deux lièvres à la fois.

Luc Chatel, le président de la plateforme automobile considère que la récente décision de l’Europe revient à faire “un saut dans le vide, sans oublier que selon lui, c’est un sabordage industriel”. Mais depuis le “dieselgate”, l’industrie automobile n’est plus écoutée au Parlement européen. Expliquer qu’une voiture électrique à zéro émission de CO2 n’existe pas reste aujourd’hui un message inaudible auprès des politiques. Les eurodéputés s’entêtent à mesurer la pollution uniquement sur la base de ce qui sort du pot d’échappement et non pas sur tout le cycle de vie de la voiture électrique. Il reste à espérer que cette myopie ne sera pas éternelle ni mortelle.

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