Marie-Hélène Ska (CSC), avant la grève: “La crise actuelle est un danger pour notre démocratie”

Marie-Hélène Sla, secrétaire générale de la CSC. © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

“C’est la première fois que nous menons une mobilisation qui n’est pas contre les entreprises ou contre une décision gouvernementale inacceptable”, nous dit la secrétaire générale du syndicat chrétien. Qui craint une société fragmentée.

Les syndicats mobilisent leurs troupes ce jeudi 9 novembre, ave une grève générale et de nombreuses perturbations à la clé. Dans un climat social de plus en plus tendu en raison d’une crise multiforme difficile à appréhender. “C’est la première fois que nous menons une mobilisation qui n’est pas contre les entreprises ou contre une décision gouvernementale inacceptable. Nous exprimons notre inquiétude face à une situation difficile et extrêmement inégalitaire. Notre rôle est de ne pas hurler à tort et à travers. Nous sommes les premiers à dire que les réponses à apporter à la crise actuelle ne sont pas simples. Et nous savons qu’il est faux de dire que rien n’a été fait.”

La secrétaire générale de la CSC reconnaît que les syndicats canalisent la colère actuelle. Mais leur mission est plus profonde: “Notre grand défi consiste à faire en sorte que tout le monde reste à bord dans la situation actuelle, ce qui est loin d’être évident. Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que les épreuves de la vie touchent les gens différemment. Ce n’est plus qu’une question de revenu moyen. Je peux travailler dans la même entreprise, gagner la même chose, mais avoir une situation familiale différente, des personnes à charge, être propriétaire ou pas, avoir bénéficié d’un soutien pour isoler la maison ou placer des panneaux photovoltaïques… Ce qui crée beaucoup d’angoisse dans la population, c’est que plus personne ne se sent réellement protégé.”

“Un danger majeur”

Cela rejoint une de ses préoccupations de longue date : “Il y a des milliers de personnes qui sont en décrochage complet, souvent des jeunes, dit Marie-Hélène Ska. Le grand risque de périodes comme celles-ci, c’est que ces personnes sortent tout simplement des radars. On les regarde parfois avec indifférence, parfois avec dégoût. C’est quelque chose que nous n’accepterons jamais.”

Alors, oui, il faut davantage de justice fiscale? “Il faut un changement profond, c’est évident, insiste la secrétaire générale de la CSC. Tout le monde a pris conscience avec l’épidémie de Covid et la crise actuelle que le rôle de l’Etat est plus important que jamais. La mythologie du ‘stop fiscal’ est une impasse parce qu’elle réduit la capacité d’action de l’Etat. Oui, il faut plus d’Etat, mieux d’Etat.”

L’idée d’une allocation universelle rencontre moins d’enthousiasme: ” Nous sommes davantage prudents à ce sujet. Parce que quand bien même tout le monde recevrait 500 ou 600 euros de base, il faudrait le financer et certains avantages sociaux pourraient être menacés. Nous sommes davantage dans une logique de redistribution.”

Le grand risque, c’est qu’il n’y ait plus de collectif, mais un ensemble d’individualités, conclut Marie-Hélène Ska. La conséquence pourrait être que chacun se crée un monde fantasmé comme on le voit déjà dans un grand nombre de pays européens. C’est un danger majeur pour nos démocraties. Et il faut reconnaître que le gouvernement actuel, malgré les difficultés qui sont les siennes, n’est pas dans le déni. Je n’ose pas imaginer ce que cela aurait été avec le gouvernement de 2014.”

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